Une anomalie détectée sur certains réacteurs nucléaires

Une anomalie de faible gravité a été relevée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) sur certains réacteurs de centrales EDF. Elles peuvent être à l’origine de fissures dans les tubes des générateurs de vapeur.


Un phénomène de colmatage concernant les générateurs de vapeur (GV) ont été observés dans les centrales incriminées.

Un générateur de vapeur est un échangeur thermique entre l’eau du circuit primaire, portée à haute température (320°C) et pression élevée (155 bar) dans le cœur du réacteur, et l’eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine.

Il comporte environ 3300 tubes en forme de U renversé, maintenus par des structures internes, parmi lesquelles les plaques entretoises. C’est dans les passages aménagés entre les tubes et les plaques entretoises pour la circulation de l’eau que se forme le colmatage.

EDF considère que c e phénomène est à l’origine d’un incident survenu en février 2006, provoquant l’apparition d’une fissure sur un tube d’un générateur de vapeur du réacteur Cruas 4.

Les contrôles de l’ASN ont révélé des taux de colmatage importants sur plusieurs réacteurs, pouvant atteindre 80 % de la surface des espaces aménagés pour laisser passer l’eau. EDF estime en outre que le colmatage progresse d’environ 5 % par an.

A ce jour, parmi les centrales du palier 900 MWe, celles de Cruas et Chinon ont été identifiées par EDF comme présentant les taux de colmatage les plus élevés. Pour le palier 1300 MWE, le réacteur Saint-Alban 1 est le plus affecté.

Le colmatage des GV a plusieurs conséquences pour la sûreté :


Il constitue probablement le paramètre déterminant entraînant l’apparition de vibrations excessives des tubes dans certaines zones des générateurs de vapeur, vibrations qui peuvent conduire au développement rapide de fissures, comme cela s’est produit à Cruas 4.

Il peut également induire des efforts mécaniques importants sur les structures internes des générateurs de vapeur, notamment dans certaines situations incidentelles.

Il entraîne enfin une diminution du taux de circulation de l’eau dans les générateurs de vapeur et donc, pour un même niveau d’eau mesuré, une réduction de la quantité d’eau disponible à l’intérieur du générateur de vapeur. Des phénomènes d’oscillations du niveau d’eau peuvent également apparaître dans les générateurs de vapeur dans certaines situations de fonctionnement si le taux de colmatage est élevé.

Pour EDF, sur la base de premières études, le colmatage des générateurs de vapeur des réacteurs de 900 MWe et 1300 MWe jusqu’aux niveaux observés permet un fonctionnement des réacteurs dans des conditions de sûreté acceptables.

L’ASN estime néanmoins qu’EDF doit approfondir ses études pour affiner l’évaluation des taux de colmatage, identifier plus précisément les conséquences de ce phénomène pour les réacteurs et de lui faire parvenir une première série de réponses courant juillet 2007.


Les mesures envisagées pour remédier au problème

A l’heure actuelle, EDF propose de dissoudre les dépôts d’oxydes par l’injection d’une solution chimique à haute température. Cette solution, qui s’est révélée efficace, comporterait néanmoins des risques potentiels sur les équipements.

EDF envisage également de modifier les conditions d’exploitation des réacteurs afin de limiter l’apparition du phénomène de colmatage.

L’ASN évaluera, en lien avec l’IRSN, les justifications apportées par EDF sur la compréhension du phénomène et sur la sûreté du fonctionnement de l’ensemble des réacteurs sur le long terme.

Articles connexes

13 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
lasynthese

de contrôle non, puisque ces histoires de colmatages sont suivi depuis 15 ans maintenant. Au niveau du contrôle, le problème est le débit : la quantité d’eau renouvellée du circuit secondaire est énorme en nucléaire, ça n’a rien à voir avec des échangeurs qui trouenraient en circuit fermé par ex. Donc même un filtrage poussé n’évitera pas la possibilité de dépôt AMHO – au mieux on repousse simplement l’échéance. C’est plutôt au niveau du design des entretoises des GV, ou par des cycles de “détartrage” 😉 des GV qu’on arrivera a quelquechose

lantithese

Ancien thermicien ; si colmatage il y a des entretoises fixant les tubes des échangeurs ,il s’agit de dépots provenant d’impuretés en suspension dans l’eau . La question à se poser immédiatement est de savoir d’ou elles viennent : traitement de l’eau , dissolution des constituants internes des différents composants le circuit et autres .Bien évidemment il s’agit d’une surveillance insuffisante ou non systématique des analyses de l’eau de circulation quelque soit la difficulté de celle ci .Il Peut être même soupconné une intercommunication du circuit secondaire avec le primaire dont les traitements sont différents .En tous cas si l’incident paraît il n’a pas de conséquence immédiate , il montre une insuffisance de controle évidente .

Marc

Vous parlez d’une nouvelle : on parlait déjà de ce problème de fissures dans mon édidition du quid de 1996…

Miaou

La nouvelle ne concerne pas les fissures, dont on en parle depuis bien avant 1996 d’ailleurs, mais le colmatage des GV.

eric

Le violent tremblement de terre survenu le 16 juillet au Japon a provoqué une fuite d’eau radioactive et un incendie dans la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, l’une des plus grandes du monde. Greenpeace rappelle à quel point le nucléaire constitue une technologie vulnérable et dangereuse, qui menace l’homme et l’environnement.

jpierre

voir la pollution que l’on fabrique sur terre tous les jours voir www:icis.com et si on avait trouvé des bacteries sur okawango pour detruire la radioactivité la radioactivité : par contre rien ne l’a detruit , qu’en pensez vous ?

z'atonik

Voici des nouvelles plus que de fraiches. Les GV des réacteurs 1 et 4 de Cruas sont opérationnels suite à un lessivage (Merci Mr Propre!!), les réacteurs 2 et 3, c’est pour l’année prochaine. No panik, all is ok!!

Patrick

Le problème des GV n’est pas vraiment nouveau. En 1989 lors de l’arret de tranche décennal à la centrale de Fessenheim il avait déjà été constaté et a fait l’objet d’interventions. J’y étais.

phebus

Oui , les contrôles sont la condition du bon fonctionnement , les avancées technologiques sont innombrables , à l’image des navettes dans l’espace .La pollution se trouve surtout dans les idées fausses des citoyens mal informés sur les technologies du nucléaire qui font partie intégrante de la nature . Les problèmes permettent de trouver des solutions nouvelles pour évoluer , et toujours perfectionner nos technologies .

Laurent

T’as raison Phebus! Le nucléaire fait parti de la nature!!! Elle est pas mal celle là! Un exemple, peut etre, de centrale nucléaire naturelle? Tu as raison, les citoyens sont tres mal informés,surtout les pro-nucléaire apparemment!

charlotte

Bonjour. Etudiante en CPGE maths sup (prépa scientifique), je serais intéressée par des renseignements supplémentaires à propos des colmatages de GV (conditions chimiques, constitution du milieu, réactions chimiques qui se produisent avec quelles molécules…) afin de réaliser notre TIPE sur ce thème.   Merci

christian

Contactez-moi hors liste. C’est pour quand votre TIPE ?

bmd

Vous êtes vous même extrêmement  mal informé: il a existé des centrales nucléaires naturelles à Oklo au Gabon; le phénomène a été découvert en 1975 à la suite d’analyses isotopique du minerai d’uranium, qui était anormalement pauvre en uranium 235. Le minerai très riche en uranium, une concentration initiale en uranium 235 bien plus élevée que maintenant, la modération des neutrons par l’eau, ont permis il y a des centaines de millions d’années le démarrage de réaction de fission qui ont duré des centaines de milliers d’années! Il existe une littérature abondante sur ce sujet, que visiblement vous ne connaissez pas!