USA : 2 centrales nucléaires à l’épreuve des crues

Le 6 juin 2011, l’exploitant de la centrale nucléaire de Fort Calhoun au Missouri (Etats-Unis) a déclaré à la Nuclear Regulatory Commission (NRC – autorité de sûreté nucléaire américaine) « un évènement inhabituel », suite à une montée des eaux du Missouri.

Implantée sur la rive ouest du Missouri, à 30 km au nord de la ville d’Omaha, la centrale de Fort Calhoun a été mise en exploitation en 1973.

Elle comprend un seul réacteur électronucléaire de 512 MWe. Le réacteur à eau sous pression à deux boucles et quatre groupes motopompes primaires (PWR/2 boucles/4 GMPP).

Enerzine relate ci dessous des informations provenant en grande partie du travail de suivi réalisé par l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), dont la mise à jour s’arrête au 21 juillet 2011. Des compléments sont indiqués en rouge.


Chronologie des faits :

Le 6 juin 2011, l’exploitant de Fort Calhoun a déclaré à la NRC « un évènement inhabituel » à la suite d’une montée des eaux du Missouri. Selon les prévisions de l’USACE (the US Army Corps of Engineers), le niveau élevé des eaux du Missouri devrait persister durant le mois de juillet et peut-être au-delà. La centrale était à l’arrêt pour rechargement du combustible au moment de la montée des eaux et n’a pas été redémarrée.

l’IRSN note également qu’une autre centrale (Cooper, réacteur à eau bouillante « BWR » d’environ 800 MWe) située dans le Nebraska est menacée par les inondations compte tenu de la montée des eaux du Missouri. Selon les prévisions, les niveaux élevés du Missouri devraient, comme pour la centrale de Fort Calhoun, persister durant le mois de juillet, voire au-delà. "Pour le moment, la centrale est en production". L’exploitant a réalisé les actions demandées par les procédures afin de protéger le site contre les inondations externes, comme la mise en place de sacs de sable devant l’entrée des bâtiments importants.

Mais revenons à la centrale nucléaire de Fort Calhoun.

L’une des actions a consisté à mettre en place une digue tubulaire en caoutchouc remplie d’eau d’environ 8 pieds de haut (soit environ 2,40  mètres) et de 16 pieds de large (soit environ 4,90 mètres). Cette digue entoure notamment  le bâtiment du réacteur et retient l’eau à l’extérieur de façon à protéger les matériels importants pour la sûreté ; du fait de son endommagement, elle a dû être remplacée le 26 juin (voir ci-dessous)

USA : 2 centrales nucléaires à l'épreuve des crues

Selon les informations disponibles, bien que le site soit entouré d’eau, le niveau atteint ou prévu du Missouri est toujours inférieur à celui pris en compte dans les études de sûreté réalisées dans le cadre du dimensionnement de la centrale.

Le 7 juin
, un départ de feu dans les locaux électriques a été enregistré vers 9h40. Les systèmes automatiques d’extinction d’incendie ont fonctionné comme prévu et les brigades de feu du site ainsi que les brigades locales sont intervenues. L’extinction du feu a été confirmée vers 10h20.

Le départ de feu a entraîné la perte temporaire du système de refroidissement de la piscine dans laquelle est entreposé le combustible usé. A 13h15, l’exploitant a confirmé le rétablissement du refroidissement de la piscine du combustible, ce qui a conduit à l’abaissement de sa température. Malgré la perte temporaire du système de refroidissement de la piscine, la température de l’eau de celle-ci n’a pas atteint la limite associée aux critères de sûreté. Selon la NRC, aucun lien n’a été établi entre ce départ de feu et l’inondation.

Le 8 juin 2011, l’accident est classé niveau 4, c’est-à-dire le 4e et plus faible niveau de l’échelle américaine des accidents nucléaires, et non pas de l’échelle INES

Le 16 juin 2011, l’exploitant a identifié un risque d’inondation de la station de pompage du fait de possibles défaillances de certains matériels. L’inondation qui en résulterait aurait pour conséquence d’empêcher les pompes d’assurer leur fonction de sûreté en cas d’accident. Aucune autre information concernant ce sujet n’est disponible à ce jour.

Il est à noter qu’en février 2011, des infiltrations d’eau à travers les murs de la station de pompage avaient fait l’objet de remarques de la NRC. Ces fissurations ont été rebouchées temporairement puis un rebouchage permanent a été réalisé. Une réflexion a été menée pour comprendre les causes de l’évènement et mettre en place un programme d’actions correctives.

Le 26 juin 2011, la digue de protection en caoutchouc s’effondre. L’origine du percement n’a pas été précisée (« on site activities » ou, selon les déclarations d’un media local, conséquences du passage d’un engin de manutention sur la digue). D’après la NRC et la société OPPD, cette digue tubulaire n’est toutefois qu’un dispositif supplémentaire pour retenir l’eau et la protection de la centrale contre l’inondation est d’abord assurée par d’autres moyens. Le niveau d’eau est resté inférieur de 8 pieds (environ 2,40 mètres) à la valeur retenue pour le dimensionnement de la centrale de Fort Calhoun et ne devrait pas augmenter de plus de 2 pieds (environ 0,60 mètre), selon les prévisions de l’USACE.

De façon préventive, la société OPPD a temporairement basculé l’alimentation électrique des équipements de sûreté de la centrale sur les groupes électrogènes de secours car, après la perte de la digue tubulaire, le niveau de l’eau atteignait la protection en béton des transformateurs. La société OPPD a ensuite rebasculé l’alimentation électrique sur les sources électriques externes.

Le 30 juin, une pompe destinée à pomper l’eau de l’inondation de la centrale prend feu lorsqu’un employé remplissait son réservoir d’essence. Ce dernier a réussi à maitriser l’incendie à l’aide d’un extincteur mais a été brûlé aux bras et au visage (1).

Le 11 juillet 2011, la société OPPD a mis en place une nouvelle digue en caoutchouc pour remplacer celle qui avait été crevée le 26 juin.

Le 13 juillet 2011, l’exploitant a commencé à réaliser les opérations nécessaires au futur redémarrage de la centrale.

Le 27 juillet 2011, les autorités indiquent qu’aucun délai n’est prévu pour un redémarrage. La remise en service de la centrale pourrait se faire aussi bien cet automne, qu’au printemps 2012. Ils précisent que la décision de redémarrage sera fonction "des réparations, des inspections et de la météo."

Pour que l’exploitant puisse redémarrer la centrale, la NRC a statué que les conditions suivantes devront être réunies :

• Le niveau du Missouri devra être redescendu à une valeur inférieure de 10 pieds (environ 3 mètres) à la valeur de dimensionnement et rester de manière pérenne en dessous de cette valeur. Ce niveau ne pourra pas être atteint avant plusieurs semaines.

• La société OPPD devra avoir nettoyé et réparé les équipements détériorés ;

• L’exploitant devra avoir effectué les opérations prévues lors de l’arrêt pour rechargement du combustible interrompues par l’inondation ;

• La NRC devra avoir autorisé le redémarrage, après inspection.

Un rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire américaine publié en 2010 indiquait pourtant que la centrale nucléaire de Fort Calhoun « n’a pas les procédures adéquates pour protéger la centrale contre les inondations » (2)

[ La photo ci dessus a été prise le 14 juillet ]

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Steph

Si vous faites partie de ces decerebres qui adorent le veau d’or nucleaire, grand bien vous fasse. Le nucleaire est attaqueble aussi bien sur sa gestion et fonctionnement que sur ses dechets et chaque argument se suffit a lui-meme. En l’occurence si cette centrale devait etre inondee et son systeme de refroidissement rendu inoperant (comme ca a failli l’etre au Blayais et peut l’etre a Fessenheim), c’est tout le bassin du Mississipi qui sera contamine par fusion du coeur, un risque inacceptable. La realite c’est que nous jouons aux apprenti-sorcier en matiere de nucleaire, ET QUE NOUS AURONS TOUJOURS UN ACCIDENT NUCLEAIRE DE RETARD.

Heuu

Il n’est pas indispensable d’insulter les gens qui ne partagent pas votre point de vue… Pour votre information, les déchets nucléaires ont une durée de vie limitée alors que les déchets de l’industrie en général sont éternels et tout aussi nocifs (pour l’informatique ou les mines, par exemple : mercure, arsenic, etc). C’est un peu la corde ou le couteau mais cette industrie n’est pas plus détestable qu’une autre.

ccsiaix

De toute façon, en ce qui concerne les déchets, ils sont là. Le nucléaire militaire en a produit, nous en avons produits. Ce n’est pas en arrétant le nucléaire qu’on réglera le problème. Les allemands devront gérer pendant des centaines de milliers d’années leur Plutonium et actinides mineurs (ha, ha ,ha ;-). Alors, AUTANT CONTINUER, un peu plus ou un peu moins de Plutonium, vous ne pensez pas ?

Dan1

“Le nucleaire est attaqueble aussi bien sur sa gestion et fonctionnement que sur ses dechets et chaque argument se suffit a lui-meme.” Bien sûr, le nucléaire est attaquable, d’ailleurs… il est copieusement attaqué. Mais les déchets du nucléaire sont extrèmement contrôlés et l’industrie paye ses externalités. Par contre, pour d’autres déchets toxiques à vie très très longue, rien de tout cela. Il suffit de les rejetter dans l’atmosphère (grande poubelle commune) : J’ai pris l’exemple du mercure (vous pouvez essayer avec les autres polluants disponibles). Les centrales électriques en rejettent à peu près 12 tonnes chaque année. Quelle est la demi-vie du mercure. J’ai l’impression que ça attaque mollement de ce côté là. On en revient toujours aux externalités de chaque filière d’où l’intérêt d’une étude comme EXTERNE qui permet d’y voir un peu plus clair en matière de bilan bénéfice-risque. EXTERNE se justifie d’autant plus actuellement que le charbon fait une progression très remarquée au niveau mondial. KING COAL et son terrible cortège est bien entré dans le 21ième siècle où il y progresse plus vite que les EnR ! Pour ceux qui sont en mal de combat, il y a du boulot.

Momo1

Sacre Dan1 ! …. Toujours aussi combattif et revelateur de verites volontairement cachees et / ou tres peu publiees ! Et que dire des enormes quantites de dechets en tous genres rejetes directement sur les sols , sans AUCUNE protections , ds. tous les Pays et surtout ds. ceux du Tiers-Monde ! Qui finissent ds. les fleuves et sur les cotes maritimes …. il n’y a pas que l’atmosphere qui sert de receptacle a tous nos rejets polluants ! Et effectivement tout cela est bien cache ou bien peu combattu alors que le nombre de morts ou d’invalidites que cela entraine est infiniment + eleve …. et certainement durable encore des decades !

Bachoubouzouc

“…comme au Niger par exemple…” Ok, toujours pour le principe : avez vous quoi que ce soit pour appuyer vos sous-entendus ou bien est-ce une autre de vos accusations gratuites et totalement infondées ?

Bachoubouzouc

Autant je me doute bien que l’extraction d’uranium engendre des pollutions (comme toutes les activités minières d’ailleurs), autant vous émettiez des accusations spécifiques en direction du Niger, et donc d’Areva. Votre document est assez vague, aucun chiffres sur les volumes de déchets rejettés dans les sols (mise à part un exemple en Russie), les débits de dose aux alentours de ces mines, etc. D’ailleurs la photo d’une maison avec la légende “A town affected by radiation from uranium mining” en est un bel exemple : Quelle ville ? Dans quelle mesure est-elle affectée ? Combien y a t’il d’habitants ? A t’elle été évacuée ? Parce que tout ce que la photo représente c’est une maison, avec des gravas devant et rien derrière… De plus votre document précise que “Some countries have well-regulated industries and manage radioactive waste appropriately. In particular, there are government regulations in place, both nationally and internationally, for managing high-level radioactive wastes.” Est ce le cas des mines françaises au Niger ou non ? En bref, vous n’avez pas répondu à ma question, et aucun des éléments que vous donnez ne permet d’étayer vos accusations, qui était je le rappèle “…comme au Niger par exemple…”. La mauvaise foi anti-nucléaire habituelle, donc.

Teredral

Certains habitués de ce forum ne vont pas manquer de nous expliquer qu’on est passé tout près de plusieurs catastrophes nucléaires en juin dernier aux Etats- Unis. Or il s’agit d’incidents techniques auxquels il faut faire face comme sur toute installation industrielle. On doit certes admettre que le niveau atteint par certains fleuves n’a pas été suffisamment anticipé lors de la conception des centrales, mais le dérèglement climatique est désormais à l’oeuvre et si le nucléaire en est victime, il n’en est en tous cas pas la cause.