Les innovations dans le domaine du transport urbain continuent de se développer, offrant de nouvelles perspectives pour améliorer l’efficacité des services de covoiturage. Des chercheurs américains ont mis en lumière les avantages potentiels du télépilotage, une technologie qui pourrait transformer le paysage des services de transport à la demande.
Le télépilotage se présente comme une alternative intéressante aux véhicules autonomes, dont l’acceptation par le grand public reste mitigée. Cette technologie permet à un conducteur de piloter un véhicule à distance, assis devant un ensemble d’écrans affichant les flux vidéo des caméras du véhicule, ainsi que des informations provenant de capteurs et de technologies de réalité augmentée.
L’un des avantages majeurs du télépilotage réside dans la possibilité pour les conducteurs d’opérer depuis n’importe quel endroit, indépendamment de la localisation des véhicules. Cette flexibilité permet d’optimiser la répartition des ressources en fonction de la demande, éliminant ainsi les trajets à vide souvent observés dans les services de covoiturage traditionnels.
Optimisation des ressources et amélioration du service
Selon Saif Benjaafar, professeur d’ingénierie industrielle et opérationnelle à l’Université du Michigan, le télépilotage offre la possibilité de réduire considérablement le nombre de conducteurs nécessaires sans compromettre la qualité du service. Les résultats de l’étude indiquent qu’une réduction de 30% à 40% du nombre de conducteurs peut être envisagée dans certains scénarios testés.
Cette optimisation des ressources se traduit par une augmentation significative de l’efficacité des conducteurs. Le système de télépilotage permet de réduire les temps d’inactivité, un défi récurrent pour les services de covoiturage. De plus, le transfert de la propriété des véhicules aux entreprises de covoiturage allège la charge financière et les risques associés pour les conducteurs.
Impacts potentiels sur la sécurité et l’accessibilité
Les chercheurs soulignent que la séparation physique entre conducteurs et passagers pourrait améliorer la sécurité, notamment pour les femmes qui sont souvent victimes d’agressions dans les véhicules. Cependant, des mesures de sécurité appropriées devront être mises en place pour prévenir les comportements de conduite imprudents dans un environnement de travail qui pourrait s’apparenter à un jeu vidéo.
Xiaotang Yang, chercheur postdoctoral à l’École de gestion Rotman de l’Université de Toronto, souligne les bénéfices potentiels du télépilotage : «Cette recherche peut être appliquée au monde réel en améliorant l’efficacité et la rentabilité des services de covoiturage et de transport à la demande. Les plateformes peuvent potentiellement fonctionner avec moins de conducteurs tout en maintenant ou même en améliorant la qualité du service, ce qui peut réduire les coûts opérationnels et rendre ces services plus accessibles.»
Une transition vers l’autonomie complète
Alors que les efforts pour introduire des services de transport autonome dans le grand public ont rencontré des obstacles, notamment en termes de sécurité, le télépilotage se positionne comme une solution intermédiaire viable. Saif Benjaafar conclut : «L’autonomie complète pourrait prendre plus de temps à devenir une réalité. Entre-temps, des technologies comme le télépilotage peuvent servir de pont vers l’autonomie totale, en réintégrant le conducteur humain dans la boucle.»
Le développement du télépilotage ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour l’industrie du transport urbain, promettant d’améliorer l’efficacité des services tout en répondant aux préoccupations actuelles en matière de sécurité et d’acceptation par le public.
Étude : Human in the Loop Automation: Ride Hailing with Remote (Tele-) Drivers (DOI: 10.1287/mnsc.2022.01687)