Ce mardi 21 octobre 2025, un événement inhabituel va se produire dans notre système solaire. Un objet venu de l’espace interstellaire, baptisé 3I/ATLAS, va se positionner exactement à l’opposé du Soleil par rapport à la Terre. Ainsi, pendant plusieurs jours, il sera impossible de l’observer depuis notre planète, caché par l’éclat de notre étoile. Dans un article publié dimanche, Avi Loeb, astrophysicien à l’Université Harvard, s’interroge sur cette coïncidence pour le moins inhabituelle.
Pourquoi ce moment d’invisibilité intrigue-t-il les scientifiques ? Parce qu’il correspond précisément à la période où 3I/ATLAS passera au plus près du Soleil, le 29 octobre prochain. Dans son billet, Avi Loeb explique qu’en astronautique, c’est justement à ce moment-là qu’un vaisseau spatial active ses moteurs pour changer de trajectoire avec un minimum d’énergie, une configuration parfaite pour une manœuvre d’Oberth, afin de gagner en vitesse. C’est comme une fronde, plus vous tournez vite, plus vous pouvez lancer loin. Ici, c’est le même principe avec la gravité du Soleil.
Le chercheur ne prétend pas que 3I/ATLAS soit un vaisseau extraterrestre, mais il précise que si c’était le cas, le moment choisi serait exactement celui préconisé par les lois de la physique pour effectuer une manœuvre efficace. Et pendant ces huit jours importants, personne ne pourra voir ce qui se passe.
Une quantité d’énergie colossale
Au moment de son passage le plus proche du Soleil, 3I/ATLAS recevra une quantité phénoménale d’énergie lumineuse. Avi Loeb a fait le calcul : plus de 33 gigawatts de puissance, soit l’équivalent d’au moins un tiers de tous les réacteurs nucléaires en fonctionnement aux États-Unis réunis. De quoi alimenter des millions de foyers pendant des années. Une aubaine pour recharger des batteries, si l’objet en possédait.
Des anomalies troublantes
Pourquoi 3I/ATLAS attire-t-il autant l’attention ? Parce qu’il présente huit anomalies qui le distinguent des comètes ordinaires, comme le détaille Avi Loeb dans son article. D’abord, sa trajectoire suit presque parfaitement le plan de l’écliptique – le plan où orbitent les planètes – alors que les comètes arrivent généralement de n’importe quelle direction. Ensuite, il a exhibé un jet de matière orienté vers le Soleil, un comportement inhabituel pour une comète classique. (Lire : 3I/ATLAS : sept révélations sur l’objet interstellaire qui défie la science)
Sa taille impressionne également. Avec au moins 5 kilomètres de diamètre, il est un million de fois plus massif que ‘Oumuamua, le premier objet interstellaire découvert en 2017, tout en se déplaçant plus rapidement. Son arrivée dans le système solaire lui permet de passer à proximité de Mars, Vénus et Jupiter, une synchronisation rare.
La composition chimique de 3I/ATLAS sort également de l’ordinaire. L’analyse de ses émissions gazeuses révèle beaucoup plus de nickel que de fer, un élément qu’on retrouve dans les alliages métalliques fabriqués industriellement. Le ratio nickel-cyanure dépasse de loin tout ce qu’on a pu observer sur les autres comètes. L’eau, habituellement le composant principal des comètes, ne représente que 4% de sa masse. Enfin, sa direction d’origine coïncide presque avec celle du fameux signal Wow!, cette émission radio mystérieuse captée en 1977 dont personne n’a jamais pu expliquer la nature. (Lire : Et si le Wow! Signal venait de 3I/ATLAS ?)
Les prochaines semaines seront décisives
Avi Loeb insiste également sur le fait que 3I/ATLAS ressemble très probablement à une comète naturelle. Mais il rappelle qu’en science, il faut rester ouvert à toutes les hypothèses tant qu’on n’a pas de preuves définitives. Les observations prévues en novembre et décembre 2025 permettront d’y voir plus clair.
Plusieurs rendez-vous sont programmés. Le 4 novembre, une sonde européenne en route vers Jupiter passera à 64 millions de kilomètres de l’objet. Le 19 décembre, 3I/ATLAS sera au plus près de la Terre, à 269 millions de kilomètres. En mars 2026, la sonde Juno pourra l’observer avec ses instruments ultraviolets et infrarouges lors de son passage près de Jupiter.
Et le scientifique de conclure : « Dans un rendez-vous à l’aveugle aux proportions interstellaires, il vaut mieux observer l’autre côté autant que possible avant d’avoir une opinion ou de susciter des attentes pour un engagement. »
Source : Avi Loeb