Bois énergie : l’Ademe fait le point (4)

Le bois énergie est considéré comme l’une des filières les plus prometteuses en matière de production de chaleur. Alors que les équipements installés en milieu collectif et industriel sont très contrôlés et affichent aujourd’hui de bons niveaux de performance, le secteur résidentiel nécessite une attention particulière en raison de la vétusté des équipements et de la mauvaise qualité du combustible utilisé.

Le développement du chauffage au bois domestique doit s’effectuer dans des conditions de haute qualité environnementale, préconise l’Ademe.

Impacts environnementaux

Le bois est une ressource énergétique qui se renouvelle environ un million de fois plus vite que les énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole. En France, l’utilisation du bois-énergie participe à l’entretien de la forêt. Gérée convenablement, la forêt peut se renouveler et satisfaire le besoin des hommes : chaque année, en France, la récolte annuelle de bois (52 millions de m3 en 2003) est inférieure à la production biologique de la forêt (103 millions de m3 hors peupleraie (16)).

Le bois énergie est l’une des énergies les moins émettrices de CO2, indique l’Ademe. Les émissions rejetées lors de la combustion du bois résultent de l’accumulation de CO2, utilisé par les arbres lors de leur croissance.

En comptabilisant l’énergie consommée du « puits » à la chaleur produite, y compris les étapes de transport et raffinage, le chauffage au bois émet 40 kg de CO2 par MWh de chaleur utile alors que les chaufferies au gaz, au fioul et à l’électricité émettent respectivement 222 kg, 466 kg et 180 kg de CO2 par MWh. Ainsi, l’utilisation du bois permet de diviser les émissions de CO2 par 12 par rapport au fioul et par 6 par rapport au gaz.

La combustion de bois libère toutefois des polluants qu’il convient d’évaluer : oxydes d’azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), composés organiques volatils (COV) et hydrocarbures imbrûlés, particules, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

[DEVIS|8]

Emissions de polluants

Sur la base des données utilisées par le CITEPA (17) dans ses inventaires, il apparaît notamment que :

  • le bois énergie contribue pour une très faible part (2% environ) aux émissions nationales de dioxyde de soufre (SO2) et d’oxydes d’azote (NOx) et contribue à hauteur de 10% environ aux émissions de dioxines et de poussières totales ;
  • le secteur industriel, agricole et collectif est notablement plus performant sur le plan environnemental que le secteur domestique. A l’exception des émissions de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote qui représentent respectivement 18 et 31% des émissions totales du bois énergie, il émet moins de 10% des émissions totales du bois énergie (9% des dioxines, 3% des poussières totales et fines, et moins de 2% du monoxyde de carbone, du carbone organique volatile non méthanique, et des hydrocarbures aromatiques polycycliques) ;
  • le bois énergie contribue de manière plus significative aux émissions nationales de composés organiques volatils non méthanique (COVNM, 22%), de monoxyde de carbone (CO, 31%) et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (77% pour la somme des 4 HAP) ; ces niveaux d’émission proviennent à plus de 95% du secteur domestique.

Le secteur domestique, qui représente 85% du bois consommé, contribue plus significativement que le secteur collectif et industriel aux émissions atmosphériques nationales.

Il se caractérise, en effet, par un important parc d’appareils anciens (supérieur à 5 ans) et peu performants. Les foyers ouverts et les appareils anciens contribuent significativement aux émissions atmosphériques du secteur domestique, pour une production d’énergie très limitée (rendement énergétique inférieur à 40%, voire 10% pour les cheminées) comparée aux appareils mis aujourd’hui sur le marché.

Depuis 2000, la qualité des équipements a fortement progressé, note toutefois l’Ademe, sous l’effet notamment de la création du label « Flamme Verte ». Un poêle « Flamme Verte » émet 3 fois moins de poussières et de COV qu’un poêle ancien et 10 fois moins de HAP.

En 2006, 89% des poêles et 58% des chaudières mis sur le marché étaient labellisés Flamme Verte. Depuis novembre 2007, la réglementation impose un rendement minimal pour les appareils de bois installés dans le cadre d’une rénovation d’un bâtiment de plus de 15 ans.

Ce rendement est fonction de la puissance de la chaudière. De plus, un crédit d’impôt a été mis en place, en 2005, afin de permettre le renouvellement du parc en favorisant les équipements les plus performants. Le taux de renouvellement est toutefois lent (4% de taux annuel de renouvellement, soit 25 ans pour renouveler entièrement le parc actuel).

L’Ademe souligne que le secteur domestique utilise, dans une proportion encore trop importante, un combustible de mauvaise qualité (bois trop verts et trop humides), dont la combustion émet des polluants atmosphériques. Pour aider le particulier à faire le bon choix, une norme « NF bois de chauffage » a été créée, en lien avec les producteurs.

Les impacts des chaufferies bois en secteur industriel et collectif sont beaucoup plus limités que ceux du secteur domestique, avec des émissions atmosphériques à l’unité d’énergie restituée beaucoup plus réduites.

L’Ademe mène des campagnes de suivi des émissions de polluants de ces chaufferies. Si les émissions mesurées sont globalement correctes et respectent la réglementation, ces campagnes ont permis d’établir des recommandations de bonne pratique pour diminuer encore les rejets polluants (18).

Avis de l’Ademe

L’Ademe encourage le développement de la biomasse comme source d’énergie dans le secteur domestique, collectif et industriel, tout en veillant à l’utilisation de combustibles appropriés et de techniques efficaces à haute performance environnementale.

Bien consciente du niveau des émissions atmosphériques dues à la combustion de la biomasse, notamment chez le particulier, elle soutient une démarche de progrès visant à mettre sur le marché des équipements et des installations de plus en plus performants, ceci afin de corriger progressivement les impacts négatifs et de conforter le bénéfice de la biomasse en terme d’émissions de gaz à effet de serre et d’utilisation de combustibles renouvelables.

Pour l’agence, le secteur domestique (maison individuelle) est celui sur lequel il convient d’agir en priorité. Elle recommande donc aux particuliers intéressés par ce mode de chauffage de choisir un appareil d’un rendement de 70% minimum, installé par un professionnel compétent et de porter une grande attention au choix du combustible. Un entretien régulier de l’appareil de chauffe est également indispensable.

Le renouvellement du parc devrait faire baisser de manière significative les émissions polluantes. Dans le secteur collectif et industriel, l’Ademe encourage la mise en service d’installations classées pour la protection de l’environnement (puissance thermique supérieure à 2 MW).

Ce type d’installation est complémentaire aux unités de petites puissances et contribue significativement à la réduction nationale des émissions de gaz à effet de serre. Il permet également une mise en oeuvre efficace des meilleures techniques disponibles de traitement des polluants atmosphériques et bénéficie d’un cadre réglementaire strict de suivi et de contrôle par des organismes indépendants.

Pour les chaufferies non couvertes par la législation ICPE (chaufferies d’une puissance inférieure à 2 MW), l’Ademe soutient, dans le cadre de son système d’aide, le respect des exigences environnementales ICPE.

Dans tous les cas, et comme pour tout système de chauffage, l’Ademe préconise en premier lieu de réduire au maximum les besoins de chauffage en veillant à la qualité d’isolation thermique du bâtiment (murs, toiture, combles, fenêtres, …) et à son exposition. Dans le secteur industriel et collectif, elle exige, préalablement à l’attribution d’aides financières, la réalisation d’une évaluation environnementale des projets.

(15) Million de tonnes équivalent pétrole
(16) Inventaire Forestier National 2005
(17) Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes Atmosphériques : www.citepa.org

 

Pour en savoir plus
Guide pratique ADEME : le chauffage au bois (réf 6196)
Chauffage au bois : du progrès dans l’air (réf 6444)

Voir aussi : le bilan de l’Ademe concernant :

le solaire thermique

le solaire photovoltaïque

l’énergie éolienne

            

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Max

Article est intéressant.   Mais l’importance des émissions de particules fines n’est pas évoquée :Selon le CITEPA (mis à jour de février 2008), en 2006, le bois-énergie a émis 39% des PM2,5 et 64% des PM1,0 nettement plus que l’ensemble des transports (PM2,5 : 14% et PM1,0 : 18%).   Il est bien évident que le principal émetteur est le secteur domestique :Cas des PM2,5 pour toute l’année 2006 : « les émissions dues à la combustion du bois pour le chauffage domestique sont prépondérantes (34% des émissions) et celles dues aux véhicules diesel sont significatives (14%) (source CITEPA) » .   Lien:   L’ITEBE, sur le site de Bioénergie International, évoque ce problème dans deux articles :       Le Plan Particules du ministère de l’écologie se préoccupe aussi de ce problème; il insiste sur le remplacement des appareils les plus polluants de ce secteur, et propose: « Le crédit d’impôt pour l’acquisition d’un appareil de chauffage au bois sera révisé, en privilégiant avant tout le renouvellement d’appareils anciens et non l’installation de nouveaux équipements, et en réservant les aides aux appareils les plus performants en termes d’émission de particules. », et plus loin : « Il est également proposé de promouvoir l’amélioration des appareils de chauffage au bois par la pérennisation d’appels à projets ADEME, la réorientation des actions decommunication de l’ADEME ainsi que l’évolution des critères du label “Flamme Verte” » (Dossier de Presse du 11 juillet 2008)   Lien :   Téléchargements en fin d’article (dossier de presse  : les propositions pour le chauffage au bois se trouvent aux pages 18 et suivantes).   Déjà, en mars 2006, le rapport de Marc Rico, du ministère de l’écologie, indiquait :« Les actions engagées (« flamme verte », crédit d’impôt) apparaissent insuffisantes au regard des enjeux » et il ajoutait : « Le développement du bois-énergie doit être envisagé dans des installations d’une taille suffisante (chaudières collectivité ou industrielles) pour permettre la mise en place de dispositifs de dépollution performants ».   Lien:   Téléchargements à la fin du texte.