Chlorelle, micro-algue prometteuse pour le biocarburant

L’analyse du génome complet de la Chlorelle, une micro-algue prometteuse pour la production de biocarburant, a été réalisée par le laboratoire Information Génomique et Structurale du CNRS, à la tête d’une collaboration internationale, mêlant laboratoires américains et japonais(1).

La connaissance détaillée du génome de cette algue, également très utilisée comme complément alimentaire, va permettre d’en rationaliser son utilisation industrielle. Cette analyse révèle également des surprises au plan fondamental : elle suggère que la Chlorelle pourrait avoir un cycle sexuel (ce qui était passé jusqu’ici inaperçu) et qu’un virus lui a probablement transmis la capacité, unique chez les algues, de synthétiser une paroi cellulaire riche en chitine (2).

Ces travaux sont publiés en ligne sur le site de la revue The Plant Cell.

Les micro-algues constituent des cibles de choix pour la recherche sur les biocarburants. Au premier plan des sources alternatives de biodiesel, leur culture présente l’avantage incontestable, par rapport aux plantes terrestres oléagineuses, de ne pas entrer en compétition avec les surfaces cultivées nécessaires à l’alimentation humaine.

Produire des carburants à partir d’eau, de lumière solaire et de gaz carbonique atmosphérique, apparaît comme une solution miracle qui suscite de nombreux programmes de recherche depuis les années 70.

Chlorella est particulièrement intéressante pour le développement de biodiesel de seconde génération grâce à sa forte teneur en lipides (elle est composée seulement de 30 % de matière sèche)
. Si plusieurs génomes d’algues vertes (chlorophytes) ont déjà été séquencés (Chlamydomonas, Micromonas ou Ostreicoccus), celui de Chlorella, pourtant plus importante économiquement par son utilisation déjà ancienne comme complément alimentaire, n’avait jusqu’ici jamais été réalisé.

L’analyse du génome de la Chlorelle, dirigée par Guillaume Blanc, chercheur au CNRS prédit 9.791 gènes de protéines, un total comparable à celui de sa cousine Micromonas. Ces nouvelles données génomiques vont permettre de mieux rationaliser l’utilisation de la Chlorelle dans différents processus industriels.

L’analyse comparative des différents génomes d’algues vertes maintenant connus a permis de brosser un portrait génétique de leur ancêtre commun. Celui-ci semble avoir déjà possédé la plupart des voies de biosynthèse des phytohormones nécessaires au développement et à la croissance des plantes terrestres.

D’une manière inattendue, l’analyse du génome de la Chlorelle a également révélé de nombreux gènes gouvernant la synthèse de protéines de flagelles, ce qui suggère que cette espèce pourrait être dotée d’un cycle sexuel passé jusqu’ici inaperçu.

Dernière surprise de taille : la capacité des Chlorelles de synthétiser la chitine aurait été héritée d’un virus (lui-même doté d’une chitinase (3)) s’assurant par là même l’exclusivité de son hôte par rapport aux autres virus incapables d’en percer la carapace. Ce scénario de « monopole » illustre un nouveau mode de co-évolution entre les virus et leurs hôtes.

[ Photo ci-haut :  « Gazon » de l’algue Chlorelle sur une boite de Pétri, montrant des petites « plaques » circulaires (petits cercles décolorés) révélatrices de la présence d’un virus. 1999-2000, James L. Van Etten , University of Nebraska, Lincoln, Department of Plant Pathology ].
Notes :

(1) L’Institut de génomique du Département de l’Energie (Walnut Creek, Californie), l’Université du Nebraska (Lincoln, Nebraska), l’Institut de Technologie de Georgie (Atlanta, Georgie), l’université de la Ville de New-York (Brooklyn), l’université d’Hiroshima (Japon).
(2) Un des principaux composants de l’exosquelette des insectes et autres arthropodes, et de la paroi cellulaire de quelques espèces de champignons. Cette substance n’avait encore jamais été rencontrée dans la lignée verte (les plantes).
(3) La chitinase est un enzyme capable de dégrader spécifiquement la chitine.

Références :

Chlorella variabilis NC64A Genome Reveals Adaptation to Photosymbiosis, Coevolution with Viruses and Cryptic Sex

Guillaume Blanc, Garry Duncan, Irina Agarkova, Mark Borodovsky, James Gurnon, Alan Kuo, Erika Lindquist, Susan Lucas, Jasmyn Pangilinan, Juergen Polle, Asaf Salamov, Astrid Terry, Takashi Yamada, David D. Dunigan, Igor V. Grigoriev, Jean-Michel Claverie, James L. Van Etten. The Plant Cell (in press)

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Guydegif(91)

”..micro-algue prometteuse pour la production de biocarburant,… laboratoire …du CNRS,…cette algue, également très utilisée comme complément alimentaire, …rationaliser son utilisation industrielle.”: Bingo ! voilà qui est intéressant ! Voilà encore de belles perspectives qui se dessinent ! Trialité d’usage, puisque alimentaire et industriel en apport et conversion de CO2 et autres éléments d’eutrophisation(?) des baies riches en nitrates, etc… Avec les kms de côtes que nous avons en France, métropole et DOM-TOM, le terrain de test est immense et varié, +/- froid ou chaud. Statoil et BAL font bien en Norvège, d’autres le font dans des mers plus chaudes.                Nous avons les 2 ! YA+KA s’y engager concrètement à grande échelle et rythme soutenu, pas que du bout des lèvres et du bout des doigts histoire de dire qu’on fait, mais résolument et industriellement avec un calendrier et des programmes clairs. A+ Salutations Guydegif(91)

Mamie nova

à mon voisin et sa première question/réponse : bien bien,mais quel est le rendement ? sa question a-t-elle un sens ? si oui,merci de m’aider à lui répondre

umwelt

Règle numéro 1 de l’homme qui a un tant soit peux d’esprit critique : une question a toujours du sens ! Parenthèse close. En ce qui concerne la réponse, il me semble que les rendements surfaciques espérés sont 30 fois supérieurs à ceux des biocarburants de Ière génération (colza, betterave, etc.). Après, on triche un peu, vu que les algues nécessitent un volume d’eau, et non une surface de terrain. Si le bassin fait 35 mètres de profondeur, l’intérêt des algues est plus contestable. L’info devrait se trouver quelque par sur Internet.

Mamie nova

Merci bien j’ai trouvé le communiqué de presse du CNRS avec les mails des gens à contacter pour en savoir plus – par contre je dois être en décalage horaire car nous avons postés hier sur une nouvelle d’aujourd’hui !

Biocarb

Si comme le suppose ‘umwelt’ les rendements surfaciques espérés sont 30 fois supérieurs à ceux des biocarburants de Ière génération (colza, betterave, etc.);alors des pays Européens comme la France,Allemagne,Espagne,Italie,etc…pourraient devenir autonomes pour la production et consommation de leurs propres carburants,surtout avec un parc de véhicules hybides série(chevrolet volt,opel ampéra,Byd hybride,etc…). Même chose pour les USA et Canada,Australie,Chine Inde,Brésil et beaucoup d’autres pays du monde entier.

Microbe tao

Whaou c’est toujorus bien d’entendre des propositions moins pires de production à gogo d’energie surtout pour nos luxieux chars individuels de haute technologie. Bon le sujet de l’eutrophisation est bien soulevé, et n’oublions pas que la viabilité du système dépend aussi de quota global de production à atteindre et que son succès devient bien plus grand si l’objectif est plus mesuré (chercher une production de ce type d’énergie pour une consommation équitable à tous nos congénères et supportable à notre planète que nous respectons tous si je ne me trompes pas)

Mamie nova

Bonsoir et merci j’ai cherché mais je n’ai rien trouvé quel est l’interêt de rapporter d’un rendement surfacique entre une betterave et une micro-algue ?

eleve

ou acheter cette algues ?