Des champignons pour protéger les bâtiments des flammes

Des champignons pour protéger les bâtiments des flammes

Une avancée écologique dans la protection incendie des bâtiments ? Des chercheurs australiens ont mis au point des panneaux résistants au feu à base de champignons, une alternative durable aux matériaux conventionnels.

Selon une équipe de l’Université RMIT de Melbourne, des plaques de mycélium, réseau filamenteux composant les champignons, pourraient offrir une protection ignifuge écologique pour les bâtiments. Ces panneaux minces s’apparentant à des papiers peints ont été développés par des procédés novateurs permettant d’obtenir un matériau uniforme et résistant au feu.

Le mycélium peut être cultivé à partir de déchets organiques, explique la Pr Tien Huynh, spécialiste de la biotechnologie et de la mycologie. Ses propriétés ignifuges ont été améliorées par manipulation chimique.

Une alternative sûre aux matériaux composites

Selon le Pr Everson Kandare, spécialiste de l’inflammabilité des biomatériaux, le mycélium présente un fort potentiel comme matériau ignifuge. En cas d’incendie, il forme une couche protectrice retardant la combustion.

Lorsque des panneaux de bardage composites sont utilisés, ils contiennent généralement des matières plastiques qui produisent des fumées toxiques et une épaisse fumée lorsqu’elles brûlent.

Ces travaux pourraient aboutir à des bardages écologiques pour les bâtiments, évitant des drames comme l’incendie de la Grenfell Tower à Londres en 2017.

Les retardateurs de flamme contenant du bromure, de l’iode, du phosphore et de l’azote sont efficaces, mais ont des effets néfastes sur la santé et l’environnement. Ils posent des problèmes sanitaires et environnementaux, car les substances cancérigènes et les neurotoxines qui peuvent s’échapper et persister dans l’environnement nuisent à la vie végétale et animale“, a précisé M. Kandare. “Le mycélium biodérivé produit naturellement de l’eau et du dioxyde de carbone.

L’équipe de recherche Nattanan (Becky) Chulikavit (à gauche), le professeur associé Tien Huynh (au milieu) et le professeur associé Everson Kandare (à droite) dans leur laboratoire sur le campus de Bundoora du RMIT.

Vers une production à grande échelle

Les plastiques sont faciles et rapides à produire, alors que les champignons poussent lentement et sont relativement difficiles à produire à grande échelle“, explique M. Huynh.

“Toutefois, l’industrie des champignons nous a contactés pour utiliser leurs déchets incorporés dans les champignons. La collaboration avec l’industrie des champignons permettrait d’éviter la création de nouvelles exploitations agricoles tout en produisant des produits qui répondent aux besoins en matière de sécurité incendie de manière durable.”

Les chercheurs cherchent maintenant à créer des tapis fongiques renforcés par des fibres techniques pour retarder l’inflammation, réduire l’intensité des flammes et améliorer le classement en matière de sécurité incendie.

En synthèse

Grâce à leurs propriétés remarquables, les champignons pourraient constituer une alternative écologique aux matériaux de construction conventionnels pour protection incendie des bâtiments. Malgré des verrous technologiques, ces travaux innovants ouvrent la voie à une filière durable.

Pour une meilleure compréhension

Quels sont les avantages du mycélium comme matériau ignifuge ?

Le mycélium forme une couche protectrice ralentissant la combustion. Sa combustion produit seulement de l’eau et du CO2 contrairement aux composites toxiques.

Quels sont les défis pour développer cette filière ?

Les champignons poussent lentement et sont plus difficiles à produire à grande échelle que les plastiques. Des partenariats avec l’industrie fongique sont nécessaires.

Comment les performances sont-elles améliorées ?

En renforçant les panneaux de mycélium avec des fibres techniques pour retarder l’inflammation et réduire l’intensité des flammes.

Qui participe à ces recherches ?

Plusieurs universités australiennes et internationales sont impliquées dans ce projet collaboratif.

L’article, intitulé “Fireproofing flammable composites using mycelium : Investigating the effect of deacetylation on the thermal stability and fire reaction properties of mycelium” (auteur principal Nattanan Chulikavit), est publié dans la revue Polymer Degradation and Stability.

Il s’appuie sur des recherches préliminaires publiées par les experts dans des revues internationales de premier plan, Polymer Degradation and Stability et Nature’s Scientific Reports.

Ce projet est le fruit d’une collaboration majeure entre l’université RMIT, l’université de Nouvelle-Galles du Sud, l’université polytechnique de Hong Kong et le centre de formation du Conseil australien de la recherche sur les matériaux ignifuges et les technologies de sécurité.

[ Rédaction ]

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