La transmission d’informations par laser constitue un fondement des télécommunications modernes. L’augmentation exponentielle du trafic de données impose désormais de repenser les méthodes de codage traditionnel. Une découverte réalisée par des physiciens finlandais bouleverse les paradigmes établis en exploitant les propriétés quantiques de la lumière à l’échelle nanométrique. Les résultats démontrent le potentiel extraordinaire des structures quasi-cristallines pour la manipulation de l’information lumineuse.
Le Département de Physique Appliquée de l’Université Aalto a développé une méthode permettant de générer des vortex lumineux miniatures. Les travaux, dirigés par le Professeur Päivi Törmä, reposent sur l’interaction entre des nanoparticules métalliques et un champ électrique spécifiquement calibré. L’innovation réside dans la précision du contrôle exercé sur les propriétés quantiques de la lumière.
Le phénomène physique observé s’apparente à un ouragan lumineux où un centre sombre et calme se trouve entouré par un anneau de lumière intense. La dynamique du vortex reproduit à l’échelle microscopique les mécanismes observés dans les phénomènes atmosphériques : le champ électrique adopte des orientations variables selon les zones du faisceau lumineux. Les chercheurs ont réussi à maintenir une stabilité remarquable du système, condition essentielle pour les applications futures.
Une architecture quasi-cristalline révolutionnaire
Les études précédentes avaient mis en évidence une relation directe entre la symétrie des structures et les types de vortex générés. Les arrangements géométriques simples, tels que les carrés, produisent un vortex unique, tandis que les hexagones génèrent un vortex double. Les configurations plus élaborées requièrent au minimum des structures octogonales.
Les résultats expérimentaux démontrent une stabilité exceptionnelle des vortex générés, dépassant largement les performances des systèmes conventionnels. Le Professeur Törmä a ainsi souligné : «Les recherches menées explorent la corrélation fondamentale entre symétrie et rotationalité du vortex. L’architecture quasi-cristalline développée établit un équilibre subtil entre ordre et chaos».
Une prouesse technologique à l’échelle nanométrique
L’équipe a orchestré le positionnement précis de 100 000 nanoparticules métalliques, dont les dimensions atteignent à peine un centième de l’épaisseur d’un cheveu humain. La méthodologie s’appuie sur l’identification méticuleuse des zones d’interaction minimale avec le champ électrique. Les chercheurs ont développé des algorithmes sophistiqués pour optimiser la disposition des nanoparticules et maximiser l’efficacité du système.
La précision nanométrique requise a nécessité l’utilisation d’équipements de pointe et le développement de nouvelles techniques de fabrication. «L’analyse du champ électrique révèle des points de forte vibration et des zones mortes. L’introduction stratégique de particules dans les zones mortes permet la sélection des propriétés optimales pour les applications futures» a précisé le chercheur Jani Taskinen.
Un potentiel considérable pour les télécommunications
La mise en œuvre pratique des découvertes nécessitera un développement technique approfondi. Le doctorant Kristian Arjas a ajouté : «L’intégration des vortex dans les réseaux de fibres optiques multiplierait par 8 à 16 la capacité actuelle de transport d’informations». Les implications pour l’industrie des télécommunications s’annoncent considérables, notamment dans le contexte de la multiplication des objets connectés et du développement de la 6G.
Les capacités de transmission ont été significativement augmentées grâce à l’utilisation de structures nanométriques spécifiquement conçues. L’infrastructure de recherche OtaNano, spécialisée dans les technologies nano, micro et quantiques, a joué un rôle déterminant dans l’aboutissement du projet.
L’équipe poursuit actuellement ses investigations dans le domaine de la supraconductivité et le perfectionnement des LED organiques. Des collaborations internationales se mettent en place pour explorer les applications potentielles dans les domaines de la cryptographie quantique et du calcul optique. Les premiers prototypes de systèmes de communication basés sur la technologie des vortex lumineux devraient voir le jour dans les laboratoires d’ici trois à cinq ans.
Légende illustration : Visualisation d’un vortex lumineux généré par l’arrangement quasi-cristallin de nanoparticules métalliques. Crédit : Kristian Arjas/Aalto University.
Article : ‘High topological charge lasing in quasicrystals’ – DOI : s41467-024-53952-5 – Aalto University – Publication dans la revue Nature Communications / 5-Nov-2024