Avec un investissement de 1,4 milliard d’euros, l’État français accélère la formation aux métiers stratégiques à travers le dispositif « Compétences et métiers d’avenir » intégré au plan France 2030. L’objectif affiché : former un million de diplômés d’ici 2030 dans les secteurs jugés prioritaires pour la souveraineté économique et la transition écologique du pays. Près de 200 000 places de formation ont déjà été créées depuis 2024, ciblant des filières aussi variées que l’hydrogène décarboné, l’intelligence artificielle ou la bioproduction. Nathalie Bécoulet, conseillère formation au Secrétariat général pour l’investissement, détaille les contours d’une stratégie qui entend réconcilier employabilité, innovation technologique et aspirations professionnelles.
Des secteurs stratégiques aux besoins criants de main-d’œuvre qualifiée
Les filières identifiées comme prioritaires par France 2030 dessinent la carte des enjeux industriels et environnementaux du siècle. L’hydrogène décarboné, les énergies renouvelables et la décarbonation de l’industrie figurent en tête de liste, aux côtés des mobilités décarbonées et de l’alimentation durable. Le numérique, avec ses composantes intelligence artificielle, quantique et cloud, s’impose comme un pilier transversal, tandis que le spatial et les industries culturelles complètent le panorama. Plus de 160 formations bénéficient actuellement du soutien public, couvrant des niveaux allant du CAP au doctorat.
« Ces métiers d’avenir allient croissance économique, transition écologique et une plus grande désirabilité professionnelle », précise Nathalie Bécoulet. Une affirmation qui montre la volonté de l’État de dépasser la simple logique de l’emploi pour répondre aux aspirations d’une génération en quête de sens. Par exemple, la conception même des formations intègre désormais les entreprises en amont. Cela est la garantie d’une adéquation entre les compétences enseignées et les besoins réels du marché du travail.
L’équation complexe du choix de formation
Face à la diversité des parcours proposés, la conseillère recommande de privilégier les certifications inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles ou les diplômes d’État (RNCP), seuls remparts véritables contre le chômage selon elle. Mais au-delà du critère de reconnaissance officielle, elle invite les candidats à s’approprier le concept japonais d’ikigai pour définir leur orientation : identifier ce que l’on aime, ce pour quoi on excelle, et ce dont le monde a besoin.
La question du format ( formation longue diplômante versus certification courte ) ne trouve pas de réponse univoque. « Le choix dépend avant tout de son projet, de son rythme et de ses objectifs », souligne Nathalie Bécoulet, qui défend l’idée d’une formation tout au long de la vie plutôt qu’un cursus unique et figé. Une approche qui s’inscrit dans la réalité d’un marché du travail où les parcours linéaires cèdent progressivement la place aux reconversions multiples.
Compétences transversales et profils hybrides : les atouts de demain
Au-delà des savoir-faire techniques, l’accent est mis sur les compétences comportementales comme l’autonomie, la créativité, la gestion du stress, et l’esprit d’équipe. Longtemps considérées comme secondaires, certaines aptitudes deviennent centrales dans un environnement professionnel marqué par l’incertitude et l’innovation permanente. Les formations soutenues par France 2030 intègrent désormais explicitement leur développement dans leurs programmes.
Autre signal fort. La réhabilitation des sciences humaines face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle. « À l’heure de l’intelligence artificielle, les humanités permettent d’apporter sens, éthique et discernement aux innovations », argumente la conseillère. Les profils hybrides, combinant expertise technique et culture générale, sont présentés comme particulièrement recherchés. Une position qui interroge la dichotomie traditionnelle entre filières scientifiques et littéraires.
Une plateforme dédiée pour fluidifier l’accès à l’emploi
Sur le plan pratique, les formations labellisées sont d’ores et déjà recensées en ligne, avec une documentation détaillée des projets soutenus (.PDF). Dès janvier 2026, une plateforme numérique facilitera la mise en relation entre diplômés et recruteurs, tentant ainsi de réduire le décalage temporel entre fin de formation et embauche. Un dispositif qui reste à éprouver sur le terrain, mais qui témoigne d’une volonté de penser la chaîne complète de l’insertion professionnelle.
Le message final de Nathalie Bécoulet ne laisse guère de place au doute : « Foncez ! C’est une occasion unique de contribuer à relever les grands défis de l’avenir, pour soi comme pour l’humanité. »
Un enthousiasme qui devra se confronter à la réalité économique, aux délais de mise en œuvre et à la capacité effective des secteurs visés à absorber le million de diplômés attendus d’ici cinq ans. La réussite du pari dépendra autant de l’attractivité réelle des métiers proposés que de la qualité des formations dispensées.
Source : Gouvernement














