Eolien terrestre : la CRE préconise de revoir le mécanisme de soutien

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient de publier son rapport d’analyse sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables en France métropolitaine ; Le rapport dresse un bilan des filières de l’éolien terrestre, du solaire photovoltaïque, de la biomasse et de la cogénération.

L’analyse de la CRE examine la rentabilité de ces installations de production d’électricité à partir d’énergie renouvelable afin de s’assurer que le soutien public, financé par les consommateurs finals d’électricité sur la part CSPE de leur facture, ne donne pas lieu à « des profits excessifs » et de vérifier que les tarifs d’obligation d’achat sont adaptés aux réalités économiques, technologiques et industrielles des filières.

Sur le fondement de son analyse, la CRE a formulé un certain nombre de recommandations visant à améliorer le fonctionnement des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables.

Recommandations de la CRE

"Il convient d’adapter la durée du soutien à la durée de vie des parcs éoliens à terre, dans la mesure où la quasi-totalité des producteurs prévoit d’exploiter leurs installations pendant au moins 20 ans. Cette hypothèse paraît réaliste, même si le retour d’expérience disponible à ce jour est encore faible. Le tarif dont bénéficient ces installations doit donc être ajusté sur la même durée, de manière à pouvoir le dimensionner précisément en fonction des coûts de ces installations et de la rentabilité attendue."

"Par ailleurs, la dégressivité introduite dans le tarif pour les 5 dernières années du contrat d’achat est manifestement insuffisante, puisque les parcs disposant des meilleures conditions de vent présentent des rentabilités excessives. Étant donné l’effet de l’actualisation, qui tend à donner un poids prépondérant aux premières années d’exploitation, il est tout particulièrement nécessaire de modifier la structure du tarif. La décroissance du tarif pourrait ainsi prendre place plus tôt, afin de modérer la rentabilité dégagée par les projets bénéficiant des meilleures conditions de vent. Une autre piste intéressante pourrait consister à moduler le tarif chaque année, en introduisant des paliers de rémunération décroissants en fonction du productible atteint au cours de l’année. Enfin, une révision régulière du tarif doit être mise en place, afin d’adapter celui-ci à l’évolution des coûts."

Concernant plus spécifiquement l’éolien, France Energie Eolienne s’étonne des conclusions de cette étude.

D’après l’étude de la CRE, 60% des parcs ont une rentabilité en dessous du niveau-cible de 5% (donc faible par rapport à d’autres filière); pourtant la CRE se base sur les quelques parcs les plus rentables (6% des parcs ont une rentabilité supérieure à 10%) pour proposer de remplacer l’architecture du tarif actuel par un système d’appel d’offres.

France Energie Eolienne s’étonne de ces conclusions, d’autant que la CRE rappelle que sur le seul appel d’offres éolien terrestre lancé en France, 10% de la capacité prévue a dans les faits été effectivement installée.

FEE souligne en outre que l’analyse de la CRE n’est pas vraiment représentative des conditions actuelles – seuls 30% des projets ont été construits ces trois dernières années alors que les coûts de raccordement et les taxes ont considérablement augmenté dernièrement, les régions à venir réputées moins ventées sont peu représentées, les durées d’amortissement sont augmentées à 20 ans sans accroissement des coûts annuels de maintenance, et elle ne prend pas en compte les coûts des projets échoués.

"L’appel d’offres est une belle idée sur le papier puisque c’est le producteur qui propose un prix et l’Etat n’a plus à le fixer. Cela est adapté pour l’éolien offshore, car les projets sont considérables et le prix mal connu. Pour l’éolien terrestre, c’est l’inverse : les projets sont petits, tout le monde connait le prix et des petites et moyennes entreprises peuvent se développer sur le secteur. On a tout intérêt à conserver le tarif. C’est grâce à lui qu’une filière éolienne française a pu émerger et générer 11 000 emplois. Les appels d’offres déstabiliseraient tout le système au moment même où la filière repart" a précisé Frédéric Lanoë, président de FEE.

FEE a réalisé une étude en février 2014 concernant 650 MW de parcs éoliens, donc de la même ampleur que celle de la CRE. Les analyses divergent cependant. Si l’étude met également en valeur que certains parcs – les plus ventés – sont très rentables, elle met surtout en valeur que la rentabilité dans la grande majorité des cas est bien plus faible qu’attendue et que certains producteurs perdent même de l’argent. L’étude explique même qu’à terme les projets éoliens risquent de rencontrer des difficultés de financement à cause de cette faible rentabilité.

 

[ Moyenne des TRI projet après impôts des parcs en fonction de leur productible ]

Eolien terrestre : la CRE préconise de revoir le mécanisme de soutien

Pour autant, France Energie Eolienne souligne également la nécessité de faire évoluer le système tarifaire (révision de la durée d’application du tarif, modulation de ce tarif, révision périodique de son niveau).

"Pourquoi ne pas imaginer un tarif qui fonctionnerait par paliers ? Nous proposons que le prix auquel le producteur est rémunéré dépende de sa production annuelle. Plus le site est venteux, plus c’est intéressant pour le consommateur et pour le producteur. Les sites n’ont pas tous le même niveau de tarif, comme dans un appel d’offres, et en même temps, le système permet à toutes sortes d’entreprises de se développer et de renforcer l’éolien français", a expliqué Frédéric Lanoë.

Le contrat d’achat à « guichet ouvert » donne la visibilité minimale nécessaire pour que des développeurs s’engagent dans des projets éoliens particulièrement longs à développer en France (6 à 8 ans contre 2 à 4 ailleurs). On constate dans le rapport de la CRE que l’éolien représente une part faible de la CSPE. FEE rappelle que cette part coûte 4 euros par an et par foyer.

>>> Lien – rapport CRE : ici

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Samivel51

Suis pas sur de comprendre. Les nouvelles installations eoliennes sont en chute libre et la CRE propose de baisser encore le tarif d’achat?

trimtab

A bon……? +9% en 2013……c’est une sacré chute…! trimtab

Fjrl

Pour résumer, pour qu’un projet éolien soit rentable, il faut un endroit venteux et venté. Pourquoi en construire ailleurs ? AfrikaansAlbanianArabicArmenianAzerbaijaniBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)Chinese (Traditional)CroatianCzechDanishDetect languageDutchEnglishEstonianFilipinoFinnishFrenchGalicianGeorgianGermanGreekHaitian CreoleHebrewHindiHungarianIcelandicIndonesianIrishItalianJapaneseKoreanLatinLatvianLithuanianMacedonianMalayMalteseNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSerbianSlovakSlovenianSpanishSwahiliSwedishThaiTurkishUkrainianUrduVietnameseWelshYiddish⇄AfrikaansAlbanianArabicArmenianAzerbaijaniBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)Chinese (Traditional)CroatianCzechDanishDutchEnglishEstonianFilipinoFinnishFrenchGalicianGeorgianGermanGreekHaitian CreoleHebrewHindiHungarianIcelandicIndonesianIrishItalianJapaneseKoreanLatinLatvianLithuanianMacedonianMalayMalteseNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSerbianSlovakSlovenianSpanishSwahiliSwedishThaiTurkishUkrainianUrduVietnameseWelshYiddish English (détecté automatiquement) » French AfrikaansAlbanianArabicArmenianAzerbaijaniBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)Chinese (Traditional)CroatianCzechDanishDetect languageDutchEnglishEstonianFilipinoFinnishFrenchGalicianGeorgianGermanGreekHaitian CreoleHebrewHindiHungarianIcelandicIndonesianIrishItalianJapaneseKoreanLatinLatvianLithuanianMacedonianMalayMalteseNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSerbianSlovakSlovenianSpanishSwahiliSwedishThaiTurkishUkrainianUrduVietnameseWelshYiddish⇄AfrikaansAlbanianArabicArmenianAzerbaijaniBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)Chinese (Traditional)CroatianCzechDanishDutchEnglishEstonianFilipinoFinnishFrenchGalicianGeorgianGermanGreekHaitian CreoleHebrewHindiHungarianIcelandicIndonesianIrishItalianJapaneseKoreanLatinLatvianLithuanianMacedonianMalayMalteseNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSerbianSlovakSlovenianSpanishSwahiliSwedishThaiTurkishUkrainianUrduVietnameseWelshYiddish English (détecté automatiquement) » French AfrikaansAlbanianArabicArmenianAzerbaijaniBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)Chinese (Traditional)CroatianCzechDanishDetect languageDutchEnglishEstonianFilipinoFinnishFrenchGalicianGeorgianGermanGreekHaitian CreoleHebrewHindiHungarianIcelandicIndonesianIrishItalianJapaneseKoreanLatinLatvianLithuanianMacedonianMalayMalteseNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSerbianSlovakSlovenianSpanishSwahiliSwedishThaiTurkishUkrainianUrduVietnameseWelshYiddish⇄AfrikaansAlbanianArabicArmenianAzerbaijaniBasqueBelarusianBulgarianCatalanChinese (Simplified)Chinese (Traditional)CroatianCzechDanishDutchEnglishEstonianFilipinoFinnishFrenchGalicianGeorgianGermanGreekHaitian CreoleHebrewHindiHungarianIcelandicIndonesianIrishItalianJapaneseKoreanLatinLatvianLithuanianMacedonianMalayMalteseNorwegianPersianPolishPortugueseRomanianRussianSerbianSlovakSlovenianSpanishSwahiliSwedishThaiTurkishUkrainianUrduVietnameseWelshYiddish English (détecté automatiquement) » French

Jfk

D’içi à ce que l’on voit des gestionnaires de parc éolien plafonner leur production pour bénéficier de tarifs préférentiel il n’y a qu’un pas.

oeildecain

Il était grand temps de réagir … Et ce n’est qu’un début, puisque les ENR “hors-sol” vont logiquement baisser, alors que les fossiles vont à contrario monter … Prendre çà en compte permettrait déjà de redresser notre pays …

gaga42

Ben, justement parceque grace aux subventions “à tous vents”, on peut (ou pouvait?) se faire de la thune presque sans vent… Parceque les élus locaux veulent leurs éoliennes pour faire joli sur leur plaquette (ex: dans la Loire, pourtant peu ventée…)

pierreerne

L’activité éolienne étant largement mature, le bon sens suggère la solution simple suivante : Fin du rachat forcé par EDF. Le prix se négocie dorénavant entre le producteur (éolien) et l’utilisateur (n’importe qui). Fin des subventions à l’installation d’éoliennes. Si la production d’électricité par ce procédé est rentable, on verra s’installer des éoliennes, mais je suppose seulement aux endroits où 1) il y a du vent et où 2) on a besoin d’électricité.

alainraf

j’aimerai savoir comment peut on juger d’une rentabilité excessive ?? encore un jugement bizarre anti économique !

Sicetaitsimple

“j’aimerai savoir comment peut on juger d’une rentabilité excessive ?? encore un jugement bizarre anti économique !”. Lisez le rapport de la CRE, vous y trouverez des infos, et notamment que: Elle (la CRE) évalue notamment le respect des critères définis à l’article L. 314-7 du code de l’énergie, qui dispose que le niveau des tarifs d’obligation d’achat « ne peut conduire à ce que la rémunération des capitaux immobilisés dans les installations bénéficiant de ces conditions d’achat excède une rémunération normale des capitaux, compte tenu des risques inhérents à ces activités et de la garantie dont bénéficient ces installations d’écouler l’intégralité de leur production à un tarif déterminé. » ce qui, s’agissant d’une ponction sur l’ensemble des consommateurs, ne me parait pas forcément anormal….

Dan1

“j’aimerai savoir comment peut on juger d’une rentabilité excessive ?? encore un jugement bizarre anti économique !” La rentabilité peut être jugée excessive par les représentants de l’Etat lorsque le système visé ne subsiste que grâce à des subventions massives qui pèsent sur la facture du consommateurs sans que celui-ci ne puisse faire jouer la concurrence. Soit on est dans une économie libre et alors on peut ne pas se mêler de la rentabilité, soit on est dans une économie artificielle nourrie (gavée) de subventions et alors le citoyen (ou ses représentants) a un droit de regard sur les bénéfices engendrés par lesdites subventions que le citoyen est obligé de payer car cela est assimilable à un impôt. On ne peut avoir le beurre, l’argent du beurre et… les faveurs de Perrette :

Sicetaitsimple

19:04:10…. En plus, l’article L314-7 du code de l’energie prévoit tout ça….ce n’est pas tout-à-coup une lubie d’un Commissaire zélé de la CRE.

Bachoubouzouc

A voir. Quelles que soient les technologies choisies pour notre futur mix, l’électricité qu’il produira coûtera de l’ordre de 100€/MWh (coût de production). L’éolien sera donc à l’avenir largement rentable… pour peu qu’on n’en installe pas trop et que les coûts liés à l’intermittence ne deviennent pas prohibitifs.

sunny

Pas tout a fait. Des sites peu (ou moyennement) ventés mais présentant des vitesses de vents de faibles variabilités, sont également de très bons sites et présentent des facteurs de charge très élevés (supérieurs à 3000 heures, >33%). Il faut juste que les éoliennes soient conçues en fonction de ces carartéristiques. Les pales sont profilées différemment et sont beaucoup plus longue. Ce sont des éoliennes dites de classe IEC3. L’avantage de ces parcs est qu’il peuvent plus facilement être installées près des zones de consommation ce qui limité les côuts de raccordement et facilite la gestion pour le réseau. C’est d’autant plus intéressant car ce type de site peut plus facilement se situer à proximité des zones de consommation car cela permet de diminuer les côuts de raccordement et c’est plus facile à gerer pour le réseau.

sunny

Pas tout a fait. Des sites peu (ou moyennement) ventés mais présentant des vitesses de vents de faibles variabilités, sont également de très bons sites et présentent des facteurs de charge très élevés (supérieurs à 3000 heures, >33%). Il faut juste que les éoliennes soient conçues en fonction de ces carartéristiques. Les pales sont profilées différemment et sont beaucoup plus longue. Ce sont des éoliennes dites de classe IEC3. L’avantage de ces parcs est qu’il peuvent plus facilement être installées près des zones de consommation ce qui limité les côuts de raccordement et facilite la gestion pour le réseau. C’est d’autant plus intéressant car ce type de site peut plus facilement se situer à proximité des zones de consommation car cela permet de diminuer les côuts de raccordement et c’est plus facile à gerer pour le réseau.

sunny

Vous remarquerez que pour le photovoltaïque, selon l’étude de la CRE, les dernier projets sont à 87 €/MWh avec un taux d’actualisation à 8 %, tout çà avec les mesures antidumping sur le PV imposées par la Commission européenne qui limite la baisse des prix du Watt crête. La CRE le dit également mais a demi mots que la rentabilité des parcs éoliens actuels va diminuer à cause de la forte augmentation des coûts de raccordement et des taxes. Ce que le SER explique plus précisemment dans son étude sur les coûts de l’éolien qu’il vient de publier (www.enr.fr)Sinon, la CRE préconise la généralisation des appels d’offres pour les ENR. Pourquoi pas? A condition que ces appels d’offres soit liés à une véritable stratégie énergétique de développement des énergies renouvelables, et non pas un moyen de réduire leur développement, comme c’est actuellement le cas.Pourquoi pas dans la cadre d’une planification intélligente, avec des centrales PV et éoliennes, proches des lieux de consommation afin de réduire les coûts de raccordement et faciliter la gestion des flux d’électricité. Encore mieux, des appels d’offres sur des zones géographiques définies, en lien avec la mise en place des besoins des collectivités.

sunny

Vous remarquerez que pour le photovoltaïque, selon l’étude de la CRE, les dernier projets sont à 87 €/MWh avec un taux d’actualisation à 8 %, tout çà avec les mesures antidumping sur le PV imposées par la Commission européenne qui limite la baisse des prix du Watt crête.

La CRE le dit également mais a demi mots que la rentabilité des parcs éoliens actuels va diminuer à cause de la forte augmentation des coûts de raccordement et des taxes. Ce que le SER explique plus précisemment dans son étude sur les coûts de l’éolien qu’il vient de publier (www.enr.fr)

Sinon, la CRE préconise la généralisation des appels d’offres pour les ENR. Pourquoi pas? A condition que ces appels d’offres soit liés à une véritable stratégie énergétique de développement des énergies renouvelables, et non pas un moyen de réduire leur développement, comme c’est actuellement le cas.

Pourquoi pas dans la cadre d’une planification intelligente, avec des centrales PV et éoliennes, proches des lieux de consommation afin de réduire les coûts de raccordement et faciliter la gestion des flux d’électricité. Encore mieux, des appels d’offres sur des zones géographiques définies, en lien avec la mise en place des besoins des collectivités.

jmdesp

L’étude de la CRE en question est probablement le Rapport d’analyse sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables sur http://www.cre.fr/documents/publications/rapports-thematiques Il n’y a qu’un seul projet à 87,7€/MWh (P44), où curieusement le passage d’un taux d’actualisation de 5 à 8% n’augmente quasiment pas le coût. En haut de la page, on nous écrit que 2 projets ont été financés avec des prêts à taux zéro. Conclusion, c’est l’un des 2, et ce coût est artificiel. Un point trés intéressant indiqué sur cette page est aussi que seulement 5% des producteurs ont prévu de fonctionner 25 ans, tous les autres préférant assurant la rentabilité de l’installation uniquement sur la durée de l’obligation d’achat.