EPR/Réacteur coréen : le mieux est l’ennemi du bien

C’est une étude de l’AEI, Agence Internationale de l’Energie, et de l’AEN, Agence de l’Energie Nucléaire, qui vient d’être publiée qui nous dit que la vrai raison de la perte de ce marché est le cout de l’électricité produite par l’EPR français qui était deux fois plus cher que celui de l’électricité produite par le réacteur sud coréen concurrent ! Vous avez bien lu, deux fois plus cher !!! L’étude montre que le cout de électricité qui sera produite à Flamanville par notre premier EPR sera compris dans une fourchette de 56 à 92 dollars le Mégawattheure contre une fourchette de 29 à 42 dollars pour l’électricité produite par le Coréen KEPCO.

La grande variabilité du cout de production est lié au cout de l’argent prêté pour bâtir la centrale qui va abriter le réacteur et à la durée de construction. Or un EPR, qui n’est qu’un prototype, prend 8 à 9 ans pour construire contre 5 environ pour le réacteur coréen qui bénéficie d’être un réacteur simple, achevé et fabriqué en série dans son pays. Rajouter là dessus le surcout des performances de sureté de l’EPR et l’écart se creuse irrémédiablement pour le matériel coréen. L’étude indique d’ailleurs que d’autres réacteurs dans le monde sont dans le même cas dont le réacteur Chinois CPR 1000 qui est une copie d’un réacteur français plus ancien et dont l’électricité produite revient entre 30 et 44 dollars ou le russe VVR 1150 entre 43 et 68.

Ce marché, qu’en bon français ignorant des réalités économiques, nous pensions quasiment acquis à nos couleurs, risque de s’avérer infiniment plus difficile à s’approprier que prévu, du moins tant qu’une norme internationale batie autour des caractéristiques de l’EPR ne s’imposera pas à tous les pays du monde.

C’est une partie du mal français de s’imaginer en permanence que le monde tourne autour de nous, de nos idées et de nos choix technologiques. Il est vrai que l’EPR a été conçu sans se préoccuper du cout de production du produit final fabriqué, l’électricité, tellement les EDF ou Areva vivent dans un monde sans concurrence où le prix de l’électricité s’imposera de toutes façons à "l’usager", vous et moi.

C’est un peu le même débat que pour la taxe carbone. Nous allons devoir payer notre électricité future bien plus cher que celle de beaucoup des autres pays industriels tant que les normes de sûreté que nous nous sommes autoimposées n’auront pas été acceptée par les autres pays industrialisés. Le mieux est parfois l’ennemi du bien… et la compétitivité un mot vide de sens pour nos élites politiques et industrielles en situation de monopole.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par CaDerange

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