À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, le diagnostic de performance énergétique (DPE) reposera sur un nouveau coefficient de conversion de l’électricité, abaissé de 2,3 à 1,9. Publiée au Journal officiel ce 26 août, la mesure corrige un biais qui défavorisait jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité, pourtant alimentés par un mix à 95% décarboné. Aucun bien ne verra son étiquette reculer ; plusieurs centaines de milliers devraient au contraire gagner un classement, selon l’exécutif. L’enjeu : accélérer la sortie des chaudières fossiles et orienter les aides vers les logements les plus énergivores.
Un facteur de conversion enfin aligné sur l’Europe
Le DPE traduit la consommation d’un logement en énergie primaire ; pour l’électricité, on appliquait jusqu’ici un coefficient de 2,3 afin d’intégrer les pertes à la production et au transport. L’arrêté du 9 juillet ramène ce facteur à 1,9, en cohérence avec la valeur européenne révisée. « Alors que la baisse des émissions du bâtiment marque le pas, il n’est pas acceptable que les logements chauffés à l’électricité restent indûment désavantagés par rapport au gaz ou au fioul, ce d’autant que ces énergies fossiles alimentent nos dépendances », déclare Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. Le gouvernement insiste : aucun logement ne rétrogradera, tandis que ceux chauffés à l’électrique devraient bénéficier d’une étiquette « plus juste ».
Conséquences pour les propriétaires et les locataires
Les DPE réalisés avant 2026 resteront valides, mais pourront être actualisés en ligne gratuitement via l’Observatoire DPE-Audit de l’Ademe. Le ministère table sur « un gain d’étiquette significatif » pour les logements purement électriques, ce qui pourrait faciliter leur mise en location après 2028, date à laquelle les « passoires énergétiques » seront progressivement interdites sur le marché locatif. Les aides publiques (MaPrimeRénov’, certificats d’économie d’énergie) devraient être redirigées en priorité vers les logements utilisant encore du gaz ou du fioul.
Un levier pour la filière pompe à chaleur
Pour Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, la réforme constitue un signal industriel clair : « Les pompes à chaleur sont une solution très efficace pour chauffer les bâtiments. »
En abaissant le coefficient électrique, le DPE rend mécaniquement plus attractive la substitution d’une chaudière fossile par une pompe à chaleur, technologie déjà soutenue par le plan « Un million de PAC » lancé en 2024. Le gouvernement y voit un moyen de réduire à la fois la dépendance aux hydrocarbures importés et le déficit commercial énergétique.
Rénovation : un défi toujours considérable
Si la révision du coefficient corrige un déséquilibre, elle ne règle pas le problème structurel des 5 millions de logements encore classés F ou G, rappellent les ONG. Les experts invitent à ne pas confondre amélioration d’étiquette et baisse réelle de la consommation : l’isolation thermique et la ventilation performante demeurent indispensables pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Un premier bilan d’application sera dressé fin 2026, avant d’éventuelles évolutions méthodologiques plus larges.
En reconnaissant la faible empreinte carbone de son électricité, la France ajuste un indicateur clé de la transition énergétique et incite fortement à l’électrification des usages. Reste à suivre si cette refonte du DPE se traduira par un boom des rénovations globales ou si elle ne modifiera qu’à la marge la réalité thermique du parc résidentiel.
Arrêté publié au Journal Officiel : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000052134589