Jean-Louis Etienne se dirige vers le pole nord

Parti hier matin de Longyearbyen (Spitzberg) à bord du ballon Generali Arctic Observer, Jean-Louis Etienne vole actuellement plein nord en direction du pôle qu’il pourrait atteindre dès mercredi soir.

Désormais dégagé des montagnes et glaciers du Spitzberg, il survole plus sereinement l’océan Arctique à une altitude d’environ 300 mètres.

A peine l’émotion du départ passée, Jean-Louis Etienne a démarré lundi sa traversée du pôle Nord en ballon par un vol de montagne avec les risques que cela comporte. « J’ai volé le long des falaises et me suis fait quelques frayeurs en passant subitement sur des faces à l’ombre, a raconté Jean-Louis Etienne lors de sa première vacation avec le PC Vol installé chez Generali. Le vol en montagne n’est pas facile. Il fallait garder une altitude basse pour essayer d’aller d’une vallée à l’autre et me rapprocher le plus possible de la trajectoire que m’avait demandée Christophe Houver (coordinateur du vol). A un moment, j’ai dû voler dans le brouillard car la bonne direction de vent se situait dans la brume. Piloter dans la brume est un peu stressant, surtout avec des montagnes autour ! »

Heureusement, Jean-Louis Etienne a pu profiter à d’autres moments du spectacle magique autour de lui. « Hier était quand même une journée exceptionnelle. Naviguer tout seul, suspendu dans les airs, au milieu des montagnes et des glaciers du Spitzberg, par une journée aussi belle, c’est unique… Là, je suis en train de ricocher sur la couche de brume à environ 300 mètres d’altitude. La nacelle frôle la brume et le ballon est encore au soleil. Je voyage gratis ! Je ne consomme ni hélium ni gaz. Tant mieux, car cette nuit j’ai dû consommer beaucoup de gaz pour compenser la glace qui s’est accumulée sur le ballon et alourdissait la rozière. »

370 Km parcourus

Mardi, à 15h, Jean-Louis Etienne avait parcouru 370 km depuis le départ en direction du nord-est. « Les premières douze heures, le ballon s’est plutôt dirigé plus vers l’est que le nord, explique Luc Trullemans, météorologue routeur de l’expédition. Avec le décollage hâtif d’hier, nous avons dû mettre le ballon à une altitude de 600 mètres pour attendre le vent de sud qui l’emmènera vers le Pôle. Aujourd’hui, on lui a dit de redescendre à 200-300 mètres parce que c’est là qu’on trouve les vents les plus forts et les mieux axés. Cet après-midi, il suit une trajectoire idéale. Il se déplace plein nord à 23 km/h. » A cette vitesse, et selon les prévisions de Luc Trullemans, Jean-Louis Etienne pourrait atteind re le pôle Nord dès demain soir.

Dans son petit habitacle, le médecin-explorateur prend ses marques et s’habitue rapidement à son nouvel environnement. « Il fait -12°C dehors et 15°C à l’intérieur sans chauffage. C’est une nacelle très bien construite en matériaux isolants. Elle est petite et les six hublots laissent passer à tour de rôle les rayons du soleil, car le ballon ne cesse de tourner sur lui-même. C’est très confortable, j’ai tout à portée de mains. J’ai réussi à dormir environ 2-3 heures cette nuit de façon fractionnée. C’est un plaisir d’être là où je suis. Je devine devant moi cette mer de nuages dans laquelle je suis en train d’entrer. »

Une fois les montagnes passées, Jean-Louis Etienne a pu déployer les sondes destinées aux mesures scientifiques. La collecte d’informations sur le CO2, le champ magnétique, l’ozone troposphérique et les particules en suspension a donc commencé et se poursuivra tout au long de cette première traversée en solitaire de l’océan Arctique en ballon.

"La Traversée du pôle Nord en Ballon n’a encore jamais été réalisée" a indiqué JL. Etienne. “Ce sera le dernier acte de la trilogie de mes expéditions au pôle Nord en solitaire. Après avoir atteint le pôle en tirant mon traîneau pendant 63 jours en 1986, dérivé quatre mois sur la banquise à bord du Polar Observer en 2002, je prépare ce vol pour avril 2010".

Deux mesures en continu seront effectuées
: le CO2 atmosphérique pour le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement – CEA-CNRS, et le champ magnétique terrestre pour l’Institut de Physique du Globe de Paris et le CEA-LETI* de Grenoble. Des mesures sur les particules en suspension et sur l’ozone troposphérique seront également réalisées pour le compte du CNES.

Le ballon est une rozière, un ballon mixte hélium air chaud, du même type que le Breitling Orbiter autour du monde de Bertrand Piccard et Brian Jones. La nacelle est spécialement
construite pour cette traversée polaire.

"Par cette aventure audacieuse, digne des romans de Jules Verne, je souhaite attirer l’attention du monde sur la régression de la banquise et ses conséquences sur la vie des peuples autochtones, la biodiversité arctique et le chaos climatique à l’échelle planétaire qu’engendrerait sa disparition" a t’il ajouté." La banquise est le meilleur indice de performance des mesures que l’humanité doit engager contre le réchauffement climatique".

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Pastilleverte

car la banquise est à son maximum pour un début avril depuis plus de 10 ans, malgré la hausse de la concentration du CO2