Quelque chose est en train de se jouer dans les coulisses des marchés de l’électricité. Kraken, la plateforme technologique d’Octopus Energy Group, longtemps moteur de la transformation du secteur, vient d’être officiellement scindée en une entité autonome. L’objectif est triple : démultiplier son expansion mondiale, servir des dizaines de millions de nouveaux foyers et entreprises, et imposer un nouveau standard d’intelligence artificielle au service des réseaux électriques. Avec 70 millions de comptes et un chiffre d’affaires annuel de 500 millions de dollars, Kraken ne veut plus seulement se contenter d’optimiser les factures.
D’outil interne à géant mondial : l’ascension discrète de Kraken
Lancée il y a quelques années comme simple infrastructure interne d’Octopus Energy, Kraken s’est rapidement imposée comme un système d’exploitation de pointe pour les entreprises de services publics. Son secret ? Une capacité inégalée à traiter 15 milliards de points de données par jour allant des relevés de compteurs, des prévisions météo, des habitudes de consommation ou des fluctuations du réseau, le tout orchestré par une IA conçue pour anticiper, adapter et optimiser en temps réel.
Aujourd’hui, Kraken n’équipe plus seulement Octopus. Elle est déployée chez d’autres géants du secteur comme EDF, E.ON Next, National Grid aux États-Unis, Origin Energy en Australie, Plenitude en Italie ou Tokyo Gas au Japon. Son chiffre d’affaires a quadruplé en trois ans. Le marché, longtemps frileux sur le sujet semble enfin adopter des outils numériques capables de répondre aux défis de la décarbonation et de la volatilité énergétique.
« Nous avons créé Kraken comme une plateforme mondiale pour transformer les services publics et offrir aux clients l’innovation, le service et la valeur qu’ils méritent. Je suis tellement fier que l’entreprise cartonne — et qu’elle soit désormais une entreprise énorme et prospère à part entière. »
— Greg Jackson, fondateur d’Octopus Energy Group
Indépendance stratégique, ambitions planétaires
Libéré ainsi des contraintes d’un groupe énergétique intégré, Kraken a désormais la capacité de négocier, d’investir et d’ innover avec plus d’agilité. L’arrivée de Tim Wan, ancien CFO d’Asana, l’éditeur de logiciels de productivité coté à Wall Street, en tant que directeur financier, confirme cette orientation. Kraken se prépare à une phase de croissance accélérée, voire à une introduction en bourse dans les années à venir.
« Octopus a été un partenaire fondateur et premier client phénoménal. Kraken est désormais une entreprise mondialement reconnue, opérant de manière indépendante depuis un certain temps — achever notre chemin vers l’indépendance totale est une étape stratégique et inévitable. »
— Amir Orad, PDG de Kraken
Cette autonomie permettra aussi d’éviter tout conflit d’intérêt perçu par les clients. Kraken pourra servir ses partenaires dont des concurrents d’Octopus avec une neutralité renforcée, tout en continuant à alimenter l’essor du groupe fondateur. Une symbiose rare dans l’industrie, où la technologie et la distribution sont parfois verrouillées par des intérêts verticaux.
Piloter la flexibilité énergétique mondiale
Kraken orchestre la flexibilité énergétique à l’échelle résidentielle et industrielle. Grâce à elle, plus de 2 gigawatts de puissance issus de batteries domestiques, de pompes à chaleur et de voitures électriques sont pilotés pour équilibrer le réseau. Les voitures se chargent quand l’électricité est disponible et renouvelable ; les maisons se chauffent lorsque les éoliennes tournent ou que le soleil inonde les panneaux solaires. Résultat : des factures allégées, un réseau plus stable, et une empreinte carbone réduite.
Récemment, Kraken a franchi un nouveau cap en signant son premier client américain pleinement intégré (National Grid ) et en lançant une solution dédiée aux clients industriels et commerciaux, souvent négligés par les plateformes grand public.
Un milliard d’usagers d’ici dix ans ?
Greg Jackson, dans un mélange d’humour et de défi, avoue avoir fixé un objectif « embarrassant » : 100 millions de comptes d’ici 2027. Kraken semble bien partie pour le dépasser. Amir Orad, lui, parle désormais d’un horizon plus large : un milliard de personnes servies dans la prochaine décennie. Ambitieux ? Sans doute. Mais dans un monde où chaque foyer, chaque entreprise, chaque voiture devra bientôt s’inscrire dans un écosystème énergétique intelligent, Kraken pourrait bien être l’infrastructure invisible qui rendra cette mutation possible.
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