A l’occasion de ce dernier chassé-croisé estival, le leader français de la grande distribution, E.Leclerc, remet en le couvert avec son offre carburant « prix coûtant ». Après son opération du 1ᵉʳ et 2 août, c’est à nouveau les 29 et 30 août que les stations services de l’enseigne renonceront à leurs marges, hors réseau autoroutier. L’initiative se veut un coup de pouce bienvenu pour des automobilistes confrontés à un baril volatil et à une rentrée budgétairement chargée.
Les dates et les carburants concernés
L’opération qui se déroulera uniquement sur 2 jours (vendredi 29 et samedi 30 août) juste avant la rentrée scolaire concernera 711 stations-service E.Leclerc ; toutes se trouvent hors du réseau autoroutier, soit environ les deux tiers du parc national de l’enseigne.
L’offre concernera les carburants routiers les plus courants — SP95-E10, SP98 et gazole — tandis que le gazole non routier (GNR) et l’éthanol E85 en seront exclus. Le « prix coûtant » signifie que chaque litre est facturé sans marge commerciale : il ne reste que le coût d’achat, le transport, les taxes et la TVA, de sorte que l’enseigne ne retire aucun bénéfice direct de ces ventes.
Pourquoi Leclerc mise sur la pompe en plein été ?
En juillet, le gazole oscillait entre 1,58 € et 1,64 €/l selon le suivi ministériel, tandis que le SP95-E10 frôlait 1,67 €/l. Dans un contexte où les carburants peuvent absorber jusqu’à 15% du budget mensuel d’un ménage périurbain, l’annonce vise à soulager les finances au moment le plus sensible, lors des grands départs et de la rentrée.
Depuis la libéralisation du marché en 1985, Leclerc capitalise sur la défense du pouvoir d’achat pour fidéliser ses clients. Les opérations de ce type, bien que non rentables à la pompe, génèrent un flux supplémentaire dans les hypermarchés, où les marges alimentaires compensent largement l’effort consenti. L’enseigne se positionne ainsi comme « alliée » des automobilistes tout en consolidant sa part de marché non alimentaire.
Un créneau concurrentiel de plus en plus occupé
D’autres enseignes comme Carrefour, Intermarché ou Super U multiplient elles aussi les remises agressives et ciblées sur la pompe ou en avantage carte, signe que la bataille se déplace sur le front énergétique. Leclerc reste toutefois le plus offensif en fréquence et en couverture nationale, et sait à son avantage exploiter avec malice la tension médiatique autour des prix du baril.
Impact pour le consommateur : économies réelles ou coup de com’ ?
Gain potentiel : entre 3 et 6 centimes par litre selon la fluctuation hebdomadaire des cours. Sur un plein moyen de 50 l, l’économie se situe entre 1,50 € et 3 € – modeste, mais psychologiquement forte lorsque le budget carburant dépasse 100 €/mois.
Effet volume : Les associations professionnelles du secteur estiment que les ventes en station Leclerc bondissent de 30% lors de ces week-ends « prix coûtant ». Le réseau autoroutier, exclu de l’opération, reste cependant le plus coûteux pour les vacanciers pressés.
Files d’attente : dans les précédentes éditions, certaines stations ont enregistré jusqu’à une heure d’attente ; Leclerc promet un renfort de personnel et des affichages temps réel pour fluidifier l’accès.
Les enjeux pour la filière et perspectives
La répétition de ces opérations fait toutefois grincer les distributeurs indépendants, qui dénoncent une distorsion de concurrence : incapables de vendre à perte, ils voient leurs volumes s’éroder ponctuellement. Quant aux raffineurs, ils pointent le risque d’entretenir une illusion de prix artificiellement bas, alors que la fiscalité (près de 60% du prix au litre) demeure le principal levier.
Dans tous les cas, l’opération d’août 2025 confirme qu’E.Leclerc inscrit désormais le carburant à prix coûtant dans son ADN commercial. Si le gain financier pour l’automobiliste reste limité, la portée symbolique demeure forte : dans un univers de consommation anxiogène, chaque centime épargné alimente la loyauté client.