La NASA promettait ce soir à 21h des images inédites de la comète interstellaire 3I/atlas. Même si l’agence spatiale américaine a bien tenu sa promesse, la déception est quand même au rendez-vous car on s’attendait à mieux durant l’émission et surtout à la diffusion d’images et de vidéos de l’objet cosmique avec des commentaires de la part des spécialistes présents sur le plateau. Au lieu de cela nous avons a eu le droit à une émission d’une heure qui faisait une présentation assez générale de 3I/Atlas sans trop aller dans le détail, peut-être pour ne pas assommer le public avec trop de chiffres. Malgré tout, la NASA a publié quelques images et des informations qui sont retranscrites ci-dessous.
Voici les points clés à retenir de la présentation de la NASA sur la comète interstellaire 3I/ATLAS :
- 3I/ATLAS est la troisième comète connue d’origine interstellaire (hors Système solaire), découverte le 1er juillet 2025 par le télescope Atlas Survey au Chili, financé par la NASA.
- Elle ne représente aucun danger pour la Terre ; sa distance minimale d’approche est de 170 millions de miles (environ 270 millions de km), mais elle est passée à 19 millions de miles de Mars en octobre.
- L’annonce et l’explication de la nature véritablement “cométaire” de l’objet : la NASA confirme qu’il ne s’agit pas d’un vaisseau ou d’un artefact alien, mais bien d’une comète naturelle, bien que venant de l’extérieur du système solaire.
- Plusieurs missions et instruments de la NASA ont pu observer la comète à différents moments et longueurs d’onde, notamment : Hubble, James Webb, TESS, Swift, Spherex, Perseverance (Mars Rover), Mars Reconnaissance Orbiter, MAVEN, Europa Clipper, Lucy, Psyche, Parker Solar Probe, PUNCH, Stereo, Soho (ESA/NASA).
- La multitude de missions permet de combiner des observations diverses et complémentaires (visible, infrarouge, UV, etc.) pour comprendre la trajectoire, la composition, le comportement et le passé de la comète.
- Parmi les observations marquantes : une coma (nuage de poussière/glace) détectée, un ratio élevé de dioxyde de carbone par rapport à celui de l’eau, présence d’eau, singularités dans les grains de poussière et la lumière réfléchie (polarisation inhabituelle), surabondance de nickel par rapport au fer.
- Les équipes exploitent des images traitées issues de nombreux engins ; plusieurs images spectaculaires sont montrées : Psyche, Lucy, Mars Reconnaissance Orbiter (HiRISE), MAVEN (spectres), Soho (imagerie à distance), démontrant la difficulté des observations lointaines.
- Un accent est mis sur l’ouverture scientifique intégrale : toutes les données et images sont accessibles publiquement dès mise à disposition, invitant citoyens et scientifiques à analyser ou à participer à la recherche.
- Les questions journalistiques portent sur la forme (encore mal connue, probablement “ronde”), la taille (largeur estimée entre 1400 ft – 3,5 miles/400 m à 6 km), l’origine potentiellement très lointaine (système plus vieux que le Système solaire), et sur la possibilité de traits “explosifs” (jets/activité accrue lors du passage au plus près du Soleil).
- Importance de l’intérêt scientifique : la diversité des compositions suggère des environnements d’origine très différents de notre propre Système solaire, ce qui offre une “fenêtre” sur la diversité galactique et sur l’histoire de la formation planétaire.
- Absence de tout indice d’origine “technologique” ou anormale : confirmation scientifique, pas de technosignaux détectés.
- Les analyses sont en cours, de nouvelles données arrivent, et les découvertes officielles complètes seront publiées dans des revues à comité de lecture.
Voici les images et les informations publiées par la NASA aujourd’hui et traduites en français.
SOHO, mission conjointe de la NASA et de l’ESA, observe la comète interstellaire 3I/ATLAS
Le 15 et le 26 octobre derniers, le vaisseau spatial SOHO (Solar and Heliospheric Observatory) de l’ESA (Agence spatiale européenne) et de la NASA a capturé une image de la comète interstellaire 3I/ATLAS. Au cours de cette période, l’instrument LASCO (Large Angle and Spectrometric Coronagraph) du vaisseau spatial a repéré la comète traversant son champ de vision à environ 358 millions de kilomètres, soit plus de deux fois la distance entre la Terre et le Soleil.
Le vaisseau spatial SOHO orbite autour du point de Lagrange 1 Soleil-Terre, une région d’équilibre gravitationnel située à environ un million de kilomètres plus près du Soleil le long de la ligne Soleil-Terre. La comète 3I/ATLAS était censée être trop faible pour être visible par SOHO, mais un traitement détaillé des images et la superposition (ou « empilement ») d’images télescopiques ultérieures ont finalement permis de générer l’image ci-dessus, où la comète apparaît comme un léger éclaircissement au centre. Plusieurs autres sondes spatiales de la NASA photographient cet visiteur interstellaire historique alors qu’il traverse le système solaire.

STEREO de la NASA observe la comète interstellaire 3I/ATLAS
Le satellite STEREO (Solar Terrestrial Relations Observatory) de la NASA a observé la comète interstellaire 3I/ATLAS du 11 septembre au 2 octobre. La mission STEREO, conçue pour étudier l’activité du Soleil et son influence sur le système solaire, fait partie d’une flotte de sondes spatiales de la NASA qui observent cette comète, fournissant ainsi davantage d’informations sur sa taille, ses propriétés physiques et sa composition chimique.
Au départ, la comète 3I/ATLAS était censée être trop faible pour être visible par les instruments de STEREO, mais un traitement détaillé des images et la superposition (ou « empilement ») des images du télescope à l’aide de l’instrument Heliospheric Imager-1, un télescope à lumière visible, ont permis de la rendre visible. L’empilement et l’alignement de plusieurs expositions ont finalement généré plusieurs images où la comète apparaît comme un léger éclaircissement au centre.

Le satellite PUNCH de la NASA observe la comète interstellaire 3I/ATLAS
La mission PUNCH (Polarimeter to Unify the Corona and Heliosphere) de la NASA a observé la comète interstellaire 3I/ATLAS lors de son passage dans le système solaire interne.
La capacité de la mission à observer les zones du ciel proches du Soleil a permis à PUNCH de suivre la comète lors de son passage près de notre étoile, alors que peu d’autres observatoires pouvaient le faire.

Cette image a été créée à partir de multiples observations prises par PUNCH entre le 20 septembre et le 3 octobre, qui ont été superposées afin de faire ressortir la comète sur fond d’étoiles, qui apparaissent sous forme de traînées sur l’image.
Les observations de PUNCH révèlent la queue de la comète, visible sous la forme d’un léger allongement en bas à droite.
La comète était très faible pendant ces observations, de sorte que l’équipe PUNCH n’était pas sûre que le vaisseau spatial serait capable de la voir clairement, car PUNCH est conçu pour étudier l’atmosphère et le vent solaire, et non les comètes. Cependant, l’empilement de multiples observations de PUNCH a permis de faire ressortir la comète et sa queue.
« Nous repoussons vraiment les limites du système », a déclaré Kevin Walsh, planétologue au Southwest Research Institute de Boulder, dans le Colorado. M. Walsh a dirigé les observations de la comète par PUNCH.
Émission sur YouTube : “NASA Shares Interstellar Comet 3I/ATLAS Images”
Quelques commentaires des principaux intervenants que sont Amit Kshatriya, Nicky Fox, Shawn Domagal-Goldman et Tom Statler (NASA).
Découverte en juillet 2025 par le télescope Atlas Survey au Chili, la comète 3I/ATLAS traverse actuellement le système solaire, observée par une impressionnante flotte de missions et d’instruments de la NASA. Inoffensive pour la Terre, elle intrigue les scientifiques par ses caractéristiques singulières, son origine lointaine – “plus ancienne que notre propre système solaire” – et la richesse des données recueillies. Ce troisième objet interstellaire jamais détecté ouvre une nouvelle fenêtre sur la diversité des mondes galactiques et sur les origines de la matière planétaire.
Un voyage hors norme dans le voisinage solaire
À peine observée, la comète 3I/ATLAS s’est imposée comme l’un des phénomènes spatiaux majeurs de l’année. Selon Amit Kshatriya, “la NASA continue d’étudier la comète 3I/ATLAS avec une attention redoublée depuis sa découverte le 1er juillet 2025.”
Inutile de s’inquiéter : l’objet restera éloigné de la Terre mais a frôlé Mars début octobre, offrant un terrain d’observation privilégié aux orbiteurs et rovers martiens comme Mars Reconnaissance Orbiter et Perseverance.
Une multitude d’instruments, de Hubble à James Webb, en passant par Tess, Swift, Lucy, Psyche ou Soho, ont pu fournir des images précieuses. Les scientifiques saluent l’incroyable coordination des équipes, qui “ont même poussé nos instruments scientifiques au-delà de leurs capacités normales, au-delà de ce pour quoi ils avaient été conçus, afin de pouvoir capturer cet incroyable aperçu de ce voyageur interstellaire.”, explique Nicky Fox.
Un objet singulier à la composition intrigante
La généalogie et l’identité de 3I/ATLAS alimentent la fascination. “Elle ressemble à une comète, se comporte comme une comète, et tout porte à croire qu’il s’agit bien d’une comète. Mais celle-ci vient de l’extérieur du système solaire, ce qui la rend fascinante, passionnante et très importante sur le plan scientifique.”, synthétise Amit Kshatriya. Loin des spéculations sur une éventuelle nature artificielle, la NASA est formelle : “… nous avons rapidement pu affirmer que oui, il s’agissait bien d’une comète. Nous n’avons en effet détecté aucune technosignature ni aucun autre élément qui nous aurait amenés à penser qu’il s’agissait d’autre chose qu’une comète.”
Les observations révèlent des différences frappantes avec les comètes du système solaire : “Grâce aux spectromètres infrarouges, nous avons détecté une abondance de dioxyde de carbone comparée à celle de l’eau, bien supérieure à la normale”, expose Shawn Domagal-Goldman. Le ratio nickel/fer s’avère également atypique ; la lumière polarisée sur la poussière laisse présager des grains et des propriétés uniques. “Il s’agit d’un ‘fossile glacé’, une capsule temporelle venue du passé profond de la galaxie”, propose Tom Statler.
Des perspectives pour la science et le public
Cette campagne d’observation sert à enrichir la “bibliothèque” mondiale de la diversité cosmique. “Nous adhérons au principe de science ouverte. Nous mettons toutes nos données à la disposition du public 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et nous vous invitons à nous faire part de vos observations et de vos réflexions sur ce que nous étudions.”, souligne Nicky Fox. Outre la quête de nouveaux indices sur la naissance des planètes, les chercheurs espèrent comparer les environnements galactiques, grâce à l’analyse des jets et des variations chimiques observées pendant le passage près du Soleil.
L’avenir s’annonce riche : “Nous allons accumuler une multitude de données sur cette comète que la communauté scientifique étudiera pendant des années. […] Il s’agit d’une nouvelle opportunité scientifique, d’une nouvelle fenêtre sur la composition et l’histoire d’autres systèmes solaires […] une fenêtre sur un passé lointain, si lointain qu’il précède même la formation de notre Terre et de notre soleil.”, promet la NASA. Des collaborations citoyennes sont même encouragées : “Si vous êtes en mesure de prendre vos propres photos dans le cadre de programmes scientifiques citoyens, nous apprécions également cela.” lance Nicky Fox.
Un témoin du passé à déchiffrer
Au-delà de la portée scientifique, 3I/ATLAS élargit la vision humaine du cosmos et pose de nouvelles questions : “Compte tenu de la vitesse à laquelle il est entré dans notre système solaire, tout porte à croire qu’il provient d’une population très ancienne, d’un système solaire autour d’une étoile très ancienne. C’est tout à fait possible. Nous ne pouvons pas l’affirmer avec certitude, mais il est probable qu’il provienne d’un système solaire plus ancien que le nôtre. Franchement, cela me donne la chair de poule, car cela signifie que 3I/Atlas n’est pas seulement une fenêtre sur un autre système solaire. C’est une fenêtre sur un passé lointain, si lointain qu’il précède même la formation de notre Terre et de notre soleil.” commente Tom Statler (scientifique principal pour les petits corps du système solaire).
La comète poursuivra son périple, révélant peu à peu ses secrets ; la communauté scientifique, elle, reste mobilisée pour “découvrir ce que cette capsule venue du fond de la galaxie peut nous apprendre sur l’histoire du système solaire et de la vie.”
Source : NASA












