La Silicon Valley investit dans la “Technologie propre”

Les 23 et 24 mai, en marge du salon Nanotech 2007, s’est tenue à Santa Clara la conférence Cleantech 2007 dédiée aux dernières avancées en matière d’énergies propres.

Son objectif était de réunir des scientifiques, des responsables gouvernementaux et des sociétés de capital risque, afin d’accélérer le développement des technologies et leur passage des laboratoires aux marchés. Après ses percées historiques dans les semiconducteurs et l’internet, la Silicon Valley semble maintenant vouloir investir massivement dans les technologies propres pour en prendre le leadership au niveau mondial.

De plus en plus de d’initiatives politiques apparaissent au niveau des Etats et des gouvernements locaux, la Californie faisant figure de leader, et les entreprises commencent à investir de façon conséquente sur ce sujet. Il existe désormais une demi-douzaine d’indices suivant les cours boursiers des entreprises américaines spécialisées dans le cleantech (WilderHill, Ardour Capital, Clean Edge), et les investissements de capital risque ont triplé en un an, passant de 917 millions de dollars en 2005 à 2.4 milliards de dollars (G$) en 2006.

Les revenus américains des technologies propres que sont le photovoltaïque, l’éolien, les biocarburants et les piles à combustible, ont progressé de 39% en un an, de 40 à 55 G$, et il est prévu qu’ils atteignent 226 G$ en 2016.

La conférence était centrée autour du thème des énergies renouvelables (surtout le photovoltaïque, l’éolien, et les piles à combustible) et des biocarburants, ainsi que sur les enjeux liés au transport de l’électricité et à la purification de l’eau. Les nouvelles technologies liées aux nano-matériaux, en particulier photovoltaïques, étaient à l’honneur, et faisaient le lien avec la conférence Nanotech.

On retiendra quelques points forts :

Paul Alivisatos du LBNL à Berkeley a présenté le projet Helios. Il s’agira d’un nouveau laboratoire d’une quarantaine de chercheurs, dédié à l’utilisation de l’énergie solaire pour la production de biocarburants, et qui verra le jour en 2010 sur le site du LBNL à proximité de la Molecular Foundry. Ce laboratoire se trouvera également à proximité du fameux Institut pour les Biosciences de l’Energie (EBI), pour lequel la compagnie pétrolière BP a annoncé en juin 2006 vouloir dépenser 500 millions de dollars sur 10 ans.

La combinaison des projets Helios et EBI devrait faire du LBNL un pôle de recherche mondial sur les énergies renouvelables.

Lawrence Dubois a présenté quatre technologies développées au SRI International (Palo Alto) : une pile à combustible propre fonctionnant au charbon et même avec des déchets ménagers, une technique de capture du CO2, un procédé de fabrication de panneaux solaires utilisant du silicium de basse qualité, et une technologie propre de destruction des déchets.

La majeure partie des exposants étaient américains, et beaucoup d’entre eux provenaient de la Silicon Valley. Une table ronde constituée de capital risqueurs n’a fait que confirmer l’impression générale qui se dégageait du salon, en affichant haut et clair qu’après les semiconducteurs et l’internet, la Silicon Valley serait à l’origine de la révolution du Cleantech. Il semble que cette dernière possède en effet beaucoup d’atouts pour cela : une taille critique d’équipes de recherche de renom, de nombreuses startups et une forte volonté politique provenant à la fois du gouvernement Californien et de villes comme San Francisco.

Comme exemples, on pourrait citer l’initiative "Million solar roofs" ou le "Global Warming Solution Act", tous deux signés en 2006, ainsi que des projets comme l’usine Nanosolar, le laboratoire Helios, l’EBI, ou les centrales solaires thermiques du désert du Mojave. San Francisco a commencé à équiper de panneaux solaires plusieurs bâtiments de la ville, comme le Moscone Center ou l’AT&T Park, et il est maintenant question d’une usine marémotrice sous le Golden Gate, qui permettrait d’alimenter en électricité jusqu’à 40.000 foyers.

Avec son important parc nucléaire, la France s’est peut-être moins préoccupée de développer des filières de recherche sur les énergies propres que d’autres pays européens, comme l’Allemagne. Avec l’affichage récent d’une forte volonté politique, et des initiatives comme la création de l’Institut National de l’Energie Solaire (INES), la nouvelle législation sur le tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque, ou la création de pôles de compétitivité comme TENERRDIS, les choses devraient évoluer positivement.

Le modèle de pôle que représente la Silicon Valley semble une fois de plus, un exemple à suivre pour aborder l’aventure du Cleantech.

Articles connexes

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires