Le CO2 utilisé comme matière première

Pour la majorité des gens, le dioxyde de carbone (CO2) produit issu de la combustion dans les centrales thermiques à combustibles fossiles est associé à des idées dépréciatives : gaz à effet de serre, détracteur climatique.

Pourtant, ce gaz possède aussi une autre facette : le CO2 pourrait, selon de nombreux scientifiques, servir de matière première. Si cette assertion s’avérait réalisable, non seulement le bilan climatique pourrait s’améliorer, mais il s’agirait d’une avancée fondamentale. Pourtant la recherche dans ce domaine n’en est encore qu’à ses balbutiements, ce à quoi compte bien remédier le Ministère fédéral de l’enseignement et la recherche (BMBF), en lançant le programme de recherche "Technologies pour le développement durable et la lutte contre le réchauffement climatique – procédés chimiques et utilisation matérielle du CO2". Dans les cinq prochaines années, le BMBF mettra un total de 100 millions d’euros à disposition de ce programme.

"L’utilisation du CO2 comme matière première et le développement de procédés de production épargnant de l’énergie et des ressources ouvre de nouvelles voies déterminantes pour la lutte contre le réchauffement climatique", affirme le Prof. Frieder Meyer-Krahmer, secrétaire d’Etat au BMBF. "L’industrie chimique joue ainsi un rôle clé, car elle se situe au début de la chaîne de création de valeur. Les effets dégagés grâce à une production efficace se reflètent sur tous les procédés de production et produits finaux."

Les chercheurs doivent développer entre autres, dans le cadre du nouveau programme, des procédés qui utilisent le CO2 comme produit chimique de base. Le CO2 est par exemple utilisé depuis longtemps pour la synthèse de l’urée, qui est employée comme fertilisant ou produit de base pour la fabrication de résine. Les produits d’avenir intéressants contenant du CO2 dans le procédé de production sont avant tout des polymères de qualité supérieure, se trouvant à la base de la fabrication d’isolants, de matériaux d’emballage ainsi que de la construction automobile. En outre, les chercheurs veulent découvrir comment diminuer les émissions de gaz dangereux pour le climat dans la production d’électricité.

Le programme offre la possibilité de projets de coopérations internationales de recherche. Ainsi il contribue de façon importante à la plate-forme technologique européenne pour la chimie durable (SUSCHEM, [1]). Enfin la formation de groupes de jeunes chercheurs est aussi encouragée dans le cadre du programme.

[1] SUSCHEM : Europäischen Technologieplattform für Nachhaltige Chemie

BE Allemagne numéro 447 (30/07/2009) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60155.htm

Articles connexes

8 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
marcob12

Utiliser le CO2 comme matière première implique déjà de pérenniser ses sources massives que sont les centrales thermiques et leurs inconvénients. L’alternative est le CO2 des gisements de gaz par ex et la biomasse. Ensuite, les 2 filières sont soit la voie énergétique (on fabrique un hydrocarbure avec H2 et on le brûle) soit la  filière “matière”. Dans la 1ère on sait faire : le CO2 peut être convertis en CH4 soit via des micro-algues méthanisées, soit un procédé chimique (réaction de Sabatier, F/T, etc), au-delà on perd plus ou moins d’énergie pour faire des carburants classiques par ex pour l’aviation ou l’automobile. Il semble que la meilleure option est de brûler le méthane en centrale (de loin le minimum d’émissions par unité d’énergie produite) et globalement la filière micro-algues/centrale. La 2ème filière consiste à lancer la chimie des plastiques et dérivés via le méthane produit en fabriquant des produits plus lourds avec liaisons insaturées par ex (pour polymériser ensuite). Techniquement on sait faire, le problème est encore économique ( le brut est moins cher que l’eau minérale) . Je vois une concurrence avec la CCS (si le prix de la tonne de carbone évitée grimpe vraiment). Stocker le CO2 est une option et convertir le CO2 en carbone pur (stockage sans risque d’oxydation dans des couches proches de la surface, éventuellement futur gisement quand nos soucis seront passés) serait une voie sympathique. Comme souvent le résultat sera un mélange de “feeling”, hasard, lobbying et précipitation pour être les premiers.

De passage

Réduire le CO² à l’état de carbone demande davantage d’énergie de haute valeur thermodynamique (électricité) que celle thermique que sa combustion aura dégagé. Cette solution est malheureusement un non-sens physique et bien plus encore sur le plan économique. Mieux vaudrait alors ne pas brûler le pétrole correspondant et aller en vélo en vacances plutôt que la bagnole et avion. Le CCS est la bonne solution et son “danger” nul malgré les pantomines des écolos: il y a déjà depuis des milliards d’années des quantités des CO² naturel emmagasinées dans les profondeurs (métamorphisation des calcaires) des centaines de fois supérieures au 30Gt émises par l’humanité chaque année dont un infime proportion en sort par les volcans et eaux minérales. Les sites d’enfouissement en aquifères salins profonds sont encore plus stables (on a découvert des poches d’eau à surface libre dans des cavités enfouies à 15km de profondeur en Floride, datant d’il y a 450 millions d’années. Et le CO² migre moins vite que l’eau…

alain843

effetes d’annonce comme celui concernant la synthèse de l’urée qui est depuis “toujours” réalisée à partir du CO2 co-produit lors de la fabrication du NH3 (base de toute la filière des engrais chimiques azotés)

Fillioux

La fabrication du NH3 est énergivore et l’ytilisation du co2 pour le reconvertir en autre chose est toujours consommateur d’énergie.

Africa co2

Bonjour. Avant d’utiliser le co2 comme matière première et tout ce que cela implique, commencons par réduire nos emissions en utilisant des technologies “vertes” et durable. Ensuite faisons la compensation co2 en soutenant des pays du Sud via des MDP du protole de Kyoto. Avec déjà ces actions, nous pourrions reduire, sinon atténuer notre impact ecologique. Bien à vous Laurent – projets MDP et durable en Afrique

marcob12

Je ne songeait pas à casser chimiquement CO2 pour faire du carbone. En fait on étudie des filières dans lesquelles le CO2 est fournis par une centrale thermique pour alimenter des micro-algues. Celles-ci peuvent être soit déshydratées pour servir d’engrais et accumuler du carbone dans les sols (une partie sera émise dans l’air mais une part sera en moyenne piégée dans le sol), soit être déshydratées partiellement (au soleil) puis pyrolysées pour obtenir d’un côté du carbone pulvérulent (avec des minéraux) de du gaz de synthèse avec des fractions hydrocarbures liquides. Le carbone pourrait être enfouis (on a des raisons de penser qu’il serait très résistant à l’oxydation et donc à une fuite sous forme de CO2 vers l’air, dans la durée) pour des crédits “carbone” et l’énergie fournie par H2 et les hydrocarbures devraient compenser le coût énergétique de la pyrolyse (ne pas oublier que l’énergie entrant dans le système est majoritairement solaire). Je crois à la viabilité économique de la CCS et à la sûreté (cas par cas) d’un stockage en aquifère salin. Cette filière aura  un coût (capture chimique, recyclage du produit, réseau de carboduc, injection dans le sous-sol) financier et énergétique. J’ai tendance à penser qu’une filière micro-algues/stockage solide d’un matériau carboné peut être une alternative sur les deux plans. A noter que si la centrale brûle de la biomasse, une filière CCS classique ou via micro-algues donne une filière pompant du CO2 de l’air pour le stocker sous terre (carbon-negative bio-energy). Une pompe à CO2 en somme.

alain843

je n’ai pas compris le sens de ton commentaire.   question : tu connais une activité qui ne consomme pas d’énergie ?   bonne journée   ps : le CO2 est un co-produit de la fabrication de NH3 et son utilisation à l’échelle industrielle pour fabriquer de l’urée est bien connue et appliquée depuis longtemps.

Cataclop

J’ai rien compris au commentaire. En fait, j’y comprends rien tout cour