Le gaz naturel liquéfié, un intérêt stratégique (I)

En France, l’acheminement du gaz naturel ne dépend plus de la construction d’un gazoduc car le quart du gaz naturel consommé est importé sous forme liquide, ce qui lui permet d’arriver par bateau, et rend ainsi possible la diversification des provenances.

Néanmoins, l’importance des investissements mis en œuvre fait que plus de 90 % des importations relèvent de contrats de long terme. Le gaz naturel liquéfié (GNL) instaure ainsi des liaisons stables entre des zones non reliables par gazoduc. La flexibilité qu’il offre n’est utilisée que pour des ajustements ponctuels. Elle serait précieuse en cas de crise.

Le gaz naturel a vu son importance s’accroître considérablement dans le monde depuis cinquante ans sur un marché de l’énergie lui-même croissant. En 1960, il ne représentait en effet que 13 % de la consommation mondiale totale d’énergie et son utilisation était quasiment restreinte aux États-Unis. En 2005, la part du gaz naturel était passée à 21 % dans le monde. Au cours des chocs pétroliers de 1973 et 1979, l’usage du gaz naturel s’est développé, prenant le relais d’approvisionnements insuffisants de pétrole.

Les deux principaux producteurs de gaz naturel sont les États-Unis et la Russie. En 2009, les États-Unis ont devancé la Russie, avec 593 milliards de m3 (Gm3) contre 528 Gm3. On voit cependant apparaître de nouveaux pays parmi les gros producteurs de gaz, comme les pays de l’Europe de l’ouest grâce aux gisements de la mer du Nord : la Norvège a produit 102 Gm3 en 2008, ce qui la met en cinquième position des pays producteurs de gaz naturel.

Certains pays du Moyen-Orient se distinguent également par une très forte croissance de la production de gaz naturel, qui en fait des acteurs de premier plan. Ainsi, l’Iran a produit 128 Gm3 en 2008 contre seulement 23 Gm3 en 1990.

La part grandissante du GNL

Le gaz naturel liquéfié (GNL) occupe une place de plus en plus importante sur le marché du gaz naturel. Il présente un certain nombre d’avantages, aussi bien pour les pays importateurs de gaz naturel que pour les pays exportateurs. En effet, il permet aux premiers d’acheter du gaz à différents pays,indépendamment des réseaux de gazoducs existants ou en projet. Cela diminue leur dépendance énergétique vis-à-vis d’un pays ou d’un groupe de pays limitrophes. Celle-ci peut en effet s’avérer problématique en cas d’événements venant perturber l’acheminement du gaz d’un pays vers un autre. Par exemple, début 2009 en Europe, un différend entre la Russie et l’Ukraine a provoqué la rupture d’une partie des approvisionnements européens. En parallèle, le GNL permet aux pays exportateurs de trouver de nouveaux débouchés et de vendre leur gaz à des pays avec lesquels ils ne sont pas reliés par gazoduc.

Cependant, le transport du GNL a un coût relativement élevé en raison des installations qu’il faut construire pour sa mise en œuvre. La mise en place d’une chaîne de GNL (encadré) intervient quand la construction d’un gazoduc n’est pas envisageable, le plus souvent du fait d’une trop grande distance ou bien de coûts de construction de gazoducs trop élevés. Tout comme pour la mise en place d’un gazoduc, un pays n’investit pas dans des infrastructures permettant des échanges de GNL sans avoir signé au préalable des contrats de long terme avec des pays intéressés par les échanges. Il faut en outre que les pays importateurs construisent les terminaux méthaniers nécessaires pour réceptionner le GNL.

L’étude des coûts associés au transport du GNL révèle que les opérations de liquéfaction correspondent à près de 60 % des coûts et celles de regazéification dans le terminal méthanier à 20 % tandis que la part des coûts de transport (aller-retour) est de 20 %.

La France a misé tôt sur le GNL

En France, trois terminaux méthaniers sont opérationnels à ce jour : un à Fos-Tonkin, un autre à Montoir-de-Bretagne et un dernier à Fos-Cavaou. Ils ont respectivement été mis en service en 1972, en 1980 et en 2010. Leur capacité retrace l’évolution technique : ils peuvent recevoir des navires de capacité maximale différente, en augmentation au cours du temps : 75 000 m3 de GNL pour le premier, 220 000 m3 pour le deuxième et jusqu’à 270 000 m3 pour le troisième.

Les terminaux de Fos-Tonkin et Montoir-de-Bretagne sont tous deux très utilisés : leurs taux d’utilisation avoisinant les 80 % sont parmi les taux les plus élevés dans le monde. Celui de Fos-Cavaou, mis en service fin 2009, n’a commencé à fonctionner à pleine capacité qu’à l’automne 2010. C’est une filiale de GDF-Suez, Elengy, qui assure aujourd’hui à elle seule l’exploitation des terminaux de Fos-Tonkin et de Montoir-de-Bretagne tandis que le terminal de Fos-Cavaou est géré par la Société du terminal méthanier de Fos-Cavaou (STMFC), société indépendante appartenant conjointement à Elengy et à Total.

Le gaz naturel liquéfié, un intérêt stratégique (I)

Les importations de gaz naturel de la France présentent une nette tendance à la hausse depuis les années soixante-dix ; elles suivent une évolution globalement linéaire dans le temps, laissant apparaître quelques perturbations. Cette hausse pratiquement constante a été rendue possible par l’augmentation des capacités de réception de gaz naturel. Le GNL représente près du quart des importations de gaz naturel, depuis 1981.

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