Les centrales nucléaires suisses à l’épreuve du “stress tests”

Les tests de résistance ("stress tests") de l’UE pratiqués sur les centrales nucléaires suisses ont identifié 8 points restés en suspens qui s’ajoutent aux 37 autres de l’analyse de Fukushima, dont celui de la résistance sismique du barrage du Wohlensee.

L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) qui répond des aspects liés à la sécurité technique dans le domaine de l’énergie nucléaire estime que les hypothèses de risque à la base du test de résistance de l’UE en Suisse sont "sévères" par rapport à d’autres pays. De plus, les centrales nucléaires suisses présentent généralement des "marges de sécurité" dépassant les exigences légales en vigueur.

Ainsi qu’il ressort du contrôle par l’IFSN des rapports des exploitants des centrales nucléaires, ces marges de sécurité sont toutefois calculées relativement juste, selon des critères suisses. « Là où les marges sont justes ou les informations insuffisantes, il faut clarifier la situation », a indiqué Hans Wanner, directeur de l’IFSN.

L’IFSN ne veut donc pas attendre que les experts de l’UE aient terminé de vérifier le rapport national de la Suisse et présentera ses recommandations vraisemblablement en juin 2012.

Alors que toutes les mesures du plan d’action des « Lessons Learned » de Fukushima doivent être appliquées d’ici 2015, l’IFSN s’est engagé sur 3 points.

Tout d’abord, il apparaît que toutes les centrales nucléaires suisses devront vérifier la résistance sismique de l’isolation de l’enceinte de confinement du réacteur et soumettre les résultats obtenus à l’IFSN d’ici le 30 septembre 2012.

Ensuite, l’IFSN invite les centrales nucléaires de Gösgen et de Leibstadt à vérifier la résistance sismique de la dépressurisation de l’enceinte de confinement et à lui présenter les résultats de ce contrôle d’ici le 30 septembre. Des mesures d’amélioration devront être proposées d’ici le 31 décembre 2012.

Enfin, une autre exigence concerne l’obstruction du lit des rivières comme l’obstruction possible de goulets d’étranglement dans les rivières, au niveau par exemple de ponts ou de barrages. Les centrales nucléaires de Gösgen et de Mühleberg devront identifier d’ici le 30 septembre 2012 des rétrécissements susceptibles, en cas d’obstruction complète du lit, d’avoir une influence notable sur la situation en cas d’inondation. Elles doivent l’évaluer en perspective des conséquences sur la sécurité des installations.

Informations supplémentaires sur la résistance sismique

L’IFSN estime qu’il faut clarifier davantage la résistance sismique du barrage du Wohlensee. Le 1er avril 2011, la centrale nucléaire de Mühleberg avait été invitée, suite à une décision, à remettre d’ici le 30 novembre 2011 les preuves de la résistance sismique des installations importantes pour la maîtrise d’un séisme survenant tous les 10’000 ans. Le barrage du Wohlensee en faisait partie. Aucune preuve de la stabilité statique de cet ouvrage n’a encore été apportée. L’IFSN exige que cela soit fait d’ici le 31 janvier 2012.

Par ailleurs, la centrale nucléaire de Mühleberg a jusqu’au 31 janvier 2012 pour présenter à l’IFSN des informations supplémentaires sur la résistance sismique de l’installation d’arrêt d’urgence du réacteur.

Examen du rapport national par des experts internationaux

Dans sa décision du 1er juin 2011, l’IFSN avait engagé les exploitants des centrales nucléaires suisses à participer au test de résistance de l’UE. Les aspects suivants devraient être analysés : Séismes, Inondations, Conditions météorologiques extrêmes, Défaillance de l’alimentation électrique et du dissipateur thermique ultime, Gestion de crise.

Les exploitants ont remis à l’IFSN leurs rapports dans les délais fixés, soit au 31 octobre 2011. L’IFSN a analysé ces rapports, a élaboré le rapport national de la Suisse et l’a présenté le 31 décembre 2011 à la Commission Européenne. Cette dernière présentera les résultats finaux au Conseil de l’Europe lors de sa session fin juin 2012.

Poursuite des contrôles

Le test de résistance de l’UE ne signifie pas encore la fin du travail sur les conséquences de Fukushima en Suisse.

Les exploitants ont jusqu’à fin mars 2012 pour apporter les preuves de la maîtrise d’un séisme survenant une fois tous les 10’000 ans et de la combinaison séisme – défaillance due au séisme de barrages dans la zone d’influence des centrales nucléaires.

Ces preuves de la sécurité sont soumises à des hypothèses de risque plus sévères que pour le test de résistance de l’UE. S’il devait être prouvé que la sécurité de la population est menacée, l’IFSN ordonnerait la mise hors service de la centrale nucléaire concernée.

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Pastilleverte

que les “stress tests” seront positifs contriarement à ceux pratiqués sur les banques helvètes…

andre

Ne pas oublier que deux réacteurs suisses, dont Mühleberg, sont à moins de 50 km de la France !