Port-La Nouvelle vit ses derniers jours de chantier avant l’installation en mer des trois éoliennes flottantes du projet pilote Eolmed, porté par la société Qair. Après trois années de travaux et un lancement des opérations maritimes fin août, l’entrée en phase finale confirme la volonté d’ancrer 80% de la valeur du projet en France. Soutenu par l’État et un consortium d’acteurs privés, Eolmed démontre la montée en puissance d’une filière encore naissante.
Les équipes de Qair et de leur société commune MP Archimède (Matière – Ponticelli Frères) ont bouclé, entre le 3 et le 15 septembre, une séquence logistique millimétrée :
- La mise à l’eau des trois flotteurs en béton ;
- L’intégration des turbines ;
- Le démarrage des opérations maritimes.
Les prochains jalons portent sur la pose des ancres, l’acheminement du premier flotteur équipé et la connexion électrique des machines. Si le calendrier tient, la mise en service interviendra avant la fin de l’année. Eolmed deviendra alors l’un des tout premiers démonstrateurs flottants européens à injecter de l’électricité.
Un ancrage industriel majoritairement français
Au-delà de la prouesse technologique, 80% des dépenses de construction ont été confiées à des entreprises françaises, choix soutenu par le Programme d’investissements d’avenir de l’Ademe. Hormis « Matière et Ponticelli Frères », des chantiers navals locaux ont été mobilisés. Ceux-ci ont considérablement renforcé l’activité du port de Port-La Nouvelle et créés des emplois qualifiés dans l’Aude.
Les coques en acier proviennent des chantiers Brodosplit (Croatie) et Fincantieri (Italie), les pièces de transition de Navacel (Espagne) et les finitions peinture de Petrol Lavori (Italie). Le partage des compétences à travers le continent européen d’une filière émergente est toutefois appelé à se relocaliser si les volumes augmentent.
Un laboratoire pour les futurs parcs commerciaux
Le projet s’appuie sur la fondation Damping Pool® de BW Ideol. Pour TotalEnergies, également dans le consortium, Eolmed sert de banc d’essai avant les futurs appels d’offres français et européens. Les leçons qui seront tirées dans les domaines de la logistique portuaire, la maintenance et les coûts seront déterminantes pour le déploiement de plusieurs gigawatts d’éolien flottant.

« Avec l’entrée en phase finale du démonstrateur Eolmed, nous franchissons un jalon décisif pour la filière française de l’éolien flottant. Confier 80% des coûts de construction à des entreprises tricolores témoigne de notre volonté d’allier performance industrielle et souveraineté énergétique. Nous remercions l’État via le PIA-ADEME, ainsi que l’ensemble de nos partenaires, pour leur confiance et leur soutien. Eolmed ouvre la voie à une nouvelle ère de projets commerciaux et d’emplois durables sur nos côtes, et nous sommes plus que jamais engagés à réussir cette dernière étape avant la mise en service d’ici la fin de l’année. » a déclaré Laurent Vergnet, directeur général d’Eolmed.
Quelles perspectives en tirer ?
Si le raccordement intervient comme prévu d’ici décembre, Eolmed deviendra en quelque sorte la vitrine d’un savoir-faire tricolore appelé à se déployer à grande échelle.
Les industriels espèrent de leur côté que ce signal accélérera la planification des parcs commerciaux, alors que les collectivités misent sur de nouvelles retombées pour leurs ports.
Dans un contexte de tension énergétique, la réussite de cette mise en service pourrait convaincre davantage d’investisseurs et de décideurs que l’éolien flottant est prêt à intégrer durablement le mix électrique européen.
Source : Qair Energy