Le recul de l’Europe risque d’affaiblir sa compétitivité future, tandis que d’autres pays apparaissent comme les moteurs du développement des technologies sobres en carbone, selon une nouvelle analyse économique publiée par Climate Strategies.
L’étude montre que les concurrents de l’Europe, notamment la Chine, l’Inde et les Etats-Unis, n’ont cessé d’investir dans les technologies sobres en carbone et l’efficacité énergétique, et qu’il est dans l’intérêt économique de l’Europe de demeurer dans ce groupe de leaders en constante évolution.
Le nouveau rapport repose sur une analyse conjointe des principaux instituts de recherche économique, notamment l’Institut allemand de recherche économique (DIW Berlin), l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) en France et l’Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l’environnement. Il constate que, si les mesures de protection des industries à forte intensité énergétique de l’Europe sont pleinement justifiées, les prix de l’énergie ont peu d’impact sur la compétitivité globale de l’essentiel de l’économie européenne.
« Pendant que l’UE se préoccupait de la crise de l’euro, bon nombre de ses concurrents ont massivement investi dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, et soutiennent de plus en plus la réduction des émissions de CO2 par une forme ou une autre de tarification du carbone », déclare Henry Derwent, directeur général de Climate Strategies. « La compétitivité est déterminée par bien d’autres facteurs que le simple prix moyen de l’énergie. Ce rapport vise à insuffler au débat une perspective mondiale élargie. Les choix de l’Europe vont maintenant déterminer sa position dans l’avenir sobre en carbone vers lequel les grandes économies s’orientent ».
Michael Grubb, président de Energy and Climate Policy de l’Université de Cambridge et membre du conseil de Climate Strategies, ajoute : « L’Europe ne peut pas rivaliser dans l’économie mondiale fondée sur les ressources bon marché. Comme le Japon dans les années 1980, elle doit être compétitive en matière d’innovation et d’efficacité. L’Europe est actuellement bien placée sur les brevets dans la plupart des secteurs des technologies à faibles émissions de carbone, mais cette position risque de s’éroder rapidement. L’Europe n’est pas en avance en termes d’efficacité énergétique, et des objectifs en matière d’énergies renouvelables existent désormais dans 138 pays. 66 pays, notamment l’Australie, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, le Canada et le Brésil ont adopté les tarifs de rachat largement utilisés en Europe ».
Les principales conclusions du rapport sont les suivantes (accessible ici ) :
• 70 % de la nouvelle puissance éolienne et 40 % des nouveaux panneaux photovoltaïques ont été installés en dehors de l’Europe en 2012, la Chine ayant attiré en moyenne 39 % des nouveaux investissements dans l’éolien au cours de la période allant de 2009 à 2012, contre 21 % pour les États-Unis.
• Les États-Unis ont vendu le plus de véhicules électriques, avec environ 53 000 immatriculations de véhicules neufs en 2012, dont environ 38 000 voitures hybrides rechargeables et 15 000 véhicules électriques à batterie. Le Japon a enregistré le plus grand nombre d’immatriculations de véhicules électriques à batterie (16 000 véhicules) en 2012. Ce nombre d’immatriculations était nettement moins élevé dans les pays européens, à l’exception de la Norvège.
• Le rapport intitulé « Staying with the Leaders – Europe’s path to a successful low-carbon economy » aborde également la véritable relation entre les coûts de l’énergie et la compétitivité. Par exemple, pour 92 % de l’industrie allemande, les coûts énergétiques ne représentent qu’une très faible part des coûts totaux – en moyenne 1,6 % du chiffre d’affaires dans les secteurs industriels. Pour les entreprises à forte intensité énergétique, les écarts de prix de l’énergie sont principalement déterminés par la dotation en ressources – notamment le prix et la disponibilité en charbon ou gaz bon marché. Des dispositions particulières sont déjà en place en Europe pour faire en sorte que les politiques en matière d’énergies renouvelables et de tarification du carbone ne représentent pas un fardeau inutile pour les entreprises à forte intensité énergétique.
• Les prix de l’énergie ne font pas partie des indicateurs de compétitivité dans le rapport annuel sur la compétitivité nationale du Forum économique mondial (World Economic Forum) – principale source. Seule la qualité de l’approvisionnement en électricité est prise en considération et contribue, avec un poids de 1 %, à la note globale. La présence d’un environnement favorable à l’innovation est beaucoup plus importante ; malgré les coûts élevés de l’énergie, selon le rapport WEF 2013, trois pays européens, la Suisse, la Finlande et l’Allemagne, figurent parmi les cinq premiers pays en termes de compétitivité.
voilà le genre de phrases ou de slogans qu’on entend depuis des décennies. Encore un petit effort, et on va arriver en 2020 avec un slogan fort : « l’Europe doit être compétitive en matière d’innovation et de compétitivité » (En renforçant normes, contôles, réglementations et bureaucratie européenne et nationale ?)