Namibie : Areva inaugure la 1ère usine de dessalement

Le Ministre du Commerce et de l’Industrie de la République de Namibie, Dr Hage Geingob et la Présidente du Directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, ont inauguré vendredi la première usine de dessalement d’eau de mer de Namibie, située à 30 Km au nord de Swakopmund sur la côte Atlantique.

L’usine produira 20 millions de m3 d’eau potable par an, suffisamment pour alimenter la mine d’uranium de Trekkopje sans puiser d’eau souterraine. Le surplus sera mis à la disposition des communautés et activités locales.

« Je suis très honorée que le Dr Hage Geingob ait accepté d’inaugurer cette usine construite par Areva en Namibie. Sa présence témoigne de la confiance du pays dans l’expertise de notre groupe. Nous sommes convaincus que notre partenariat avec la Namibie se poursuivra au-delà des activités minières. » a déclaré Anne Lauvergeon à l’issue de la cérémonie.

Trekkopje représente l’investissement étranger direct le plus important en Namibie et constitue un projet stratégique pour le groupe français du nucléaire. Avec une production annuelle estimée à 3.000 tonnes, cette mine contribuera aux activités minières du groupe et à sécuriser l’approvisionnement en uranium de ses clients.

La mine de Trekkopje

Trekkopje, la prochaine mine à ciel ouvert d’Areva en Afrique Australe, sera la plus grande de ce type. Le gisement est très important, peu profond, de fort tonnage et à faible teneur en uranium. La principale zone de minéralisation s’étend sur 14 km de long par 3 km de large.

Une fois en exploitation, le site de Trekkopje traitera 100 000 tonnes de minerai par jour et devrait produire 3 000 tonnes d’U3O8 par an. Pour produire l’uranium, les mineurs devront procéder à la découverture du gisement, aux travaux de forage, à l’abattage du minerai à l’explosif, et enfin au chargement et au transport du minerai jusqu’à l’usine de traitement. Le minerai sera traité par lixiviation en tas**.

Dans un premier temps, le minerai sera rincé à l’eau douce pendant 40 jours afin d’éliminer les chlorures. Il sera ensuite lixivié au moyen de solutions alcalines. Le yellow cake sera récupéré par échange d’ions grâce à la technologie Nimcix IEX et par précipitation en deux temps. La zone de lixiviation couvrira une surface de plus de 3 km de longueur sur 810 m de largeur, en faisant une des plus grandes opérations de lixiviation en tas au monde.

La production devrait commencer en 2012 et durer plus de 12 ans selon les estimations initiales. L’utilisation de l’Océan Atlantique comme source d’alimentation en eau et la méthode de lixiviation en tas on-off permettront à la mine d’avoir un impact environnemental inférieur à celui de la plupart des mines de la région.

L’usine de dessalement d’Erongo

Areva Resources Namibia fait construire une usine de dessalement et une infrastructure de distribution de l’eau à Wlotzkasbaken, à environ 30 km au nord de Swakopmund. Ces installations font partie du projet. L’usine fournira toute l’eau nécessaire aux activités minières de la région d’Erongo. L’eau sera transportée à travers le désert jusqu’à la mine de Trekkoppje dans un pipeline de 48 km de long et d’un diamètre de 800 mm, fonctionnant à l’aide de trois stations de pompage.

Les première et deuxième phases du processus nécessitent que l’eau de mer passe à travers plusieurs membranes à ultra-filtration, afin d’en ôter les débris les plus grossiers. Le processus par osmose inverse permet ensuite de séparer l’eau de mer en deux courants : un premier constitué d’eau “pure” et un second de saumure, qui est renvoyée et dispersée dans l’océan par gravitation. Une fois achevée, l’usine pourra produire 20 millions de mètres cubes d’eau potable par an – une première dans la région.

Le surplus d’eau potable produit par l’usine (environ 6 millions de m3) sera affecté à des utilisations domestiques et industrielles dans la région d’Erongo.

** La technologie de la lixiviation consiste à injecter une solution chimique dans le gisement afin de dissoudre l’uranium.

[ Credit image : mine de Trekkopje – Areva ]

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renewable

Au moins notre paysage français exeptionnel n’est pas dégradé par cette mine ni par cette usine (qui tourne à quoi d’ailleurs? curieux de connaître les rejets de CO² de tout ceci..)! Tout ceci reflète bien l’hypocrisie française sur l’énergie en général. Nous sommes très content de notre comfort de vie mais nous ne voulons pas en voir le moindre de ses impacts sur notre planète et nos paysages. Ainsi l’éolien et les parc solaires sont décriés pour atteinte aux paysages et rejetés par nombre de gens atteints du syndrome de nimby.. Mais quand il s’agit de nucléaire ou d’énergie carbonnée, les nuisances sont invisibles, présentes dans d’autres pays bien loin de chez nous! Quelle hypocrisie!

Miss progress

Je vous laisse apprécier le paradoxe : Areva va extraire de l’Uranium -très faiblement présent dans les roches  (120 g/Tonne)- en utilisant de l’eau de mer dessalée produite par une usine qui fonctionnera au fuel ou au charbon ! Le Nucléaire…une énergie propre ?

christian

Cher Renewable, Cher Chelya, Si j’ai bien compris, vous réclamez qu’Areva construise une centrale nucléaire en Namibie pour décarboner l’extraction ?  😉 Le fioul ou le charbon utilisés là-bas sont bel et bien comptabilisés dans les analyses de cycle de vie du nucléaire, de même que l’électricité utilisée lors de l’enrichissement isotopique, qui représente l’essentiel de la consommation énergétique dans toute la production d’électricité nucléaire. Vous en aviez déjà discuté ici, et Dan1 vient de redonner un lien là… avec comme conclusion que dans le bilan de l’électricité nucléaire cette extraction intervient pour seulement 10 gCO2/kWh précisément dans le cas de la Namibie (0,04 gCO2/kWh pour des mines canadiennes IIRC). (vous aviez donné les chiffres pour toutes les autres filières électriques).

Dan1

Je cite : “Mais ça ça n’entre pas dans le calcul du MWh de notre cher EPR, ça n’entre pas dans son bilan carbone, c’est du gratuit pour la Namibie, c’est loin on s’en fout royalement!” et “Areva va extraire de l’Uranium -très faiblement présent dans les roches (120 g/Tonne)- en utilisant de l’eau de mer dessalée produite par une usine qui fonctionnera au fuel ou au charbon !” On peut affirme n’importe quoi sans référence, sauf que cela reste un mensonge. EDF AREVA et les autres savent depuis toujours que le cycle nucléaire électrogène consomme indirectement du charbon du gaz et plein d’autres choses. Maintenant, cela est bien formalisé dans les ACV et le contenu carbone du kWh a fait l’objet du programme CYVIKE. Donc je redonne un lien maintes fois donné : Pas de chance, le charbon et le fuel rentre dans le calcul du MWh EPR… mais avec 600 tonnes de pétrole et 1000 tonnes de charbon par TWhé produit, on atteint pas 5 g par kWh ! De toute façon, le plus gros contributeur en CO2 est le cycle d’enrichissement qui est actuellement très énergivore en France à cause de la diffusion. Et là, ça va pas s’arranger car avec la nouvelle usine Georges Besse on va biantôt diviser l’énergie nécessaire par 20.

Sicetaitsimple

et Areva n’est certainement pas là-bas par philantropisme…Les émissions necessaires à cette unité de dessalement sont effectivement certainement ridicules dans le cycle de vie du combustible nucléaire…Quant aux impacts de l’extraction, ça ne concerne pas et de loin que l’uranium… Par contre, ce qui est interessant, c’est le “partage” de la production d’eau. Et là, on est dans un vrai débat, car des initiatives aussi sympathiques que Desertec posent exactement le même type de problèmes ( pour le produit principal, l’électricité, mais également pour l’eau qui devra être produite pour que tout ça fonctionne). PS: il faut que je cherche, mais si ma mémoire est bonne les émissions de CO2 de l’Allemagne sont supérieures à celles de tout le continent africain.

marcob12

Si j’ai tout compris il faudra donc trimbaler 100 000 tonnes de minerai quotidiennement à l’usine de traitement. Le chiffre parait très élevé. L’usine de dessalement produira 20 Mm3 et 6 seront destinés aux locaux, mais on indique que l’exploitation de la mine durera 12 ans et plus. Est-ce à dire que dans 15 ans par ex les 20 Mm3 iront aux besoins locaux (une fois l’exploitation terminée) ? On peut douter sacrément que l’exploitation soit aux normes environnementales européennes, en même temps la probabilité pour que les locaux meurent d’une affection liée à l’usage d’eau impropre (ou autre cause) me paraît bien plus grande que celle de mourir d’un cancer. C’est peut-être un peu la même situation que le fumeur de cigarette qui craint les radiations du nucléaire. Comme j’imagine mal qu’on laisse une équipe de pieds nickelés (greenpeace ou autre) prélever des échantillons localement (secret-défense sans doute propriété privée et autre), spéculer ne sert pas à grand-chose. Quant aux infos émanant de ceux qui seraient impactés par les mauvaises nouvelles, se souvenir que dans ce pays (pas en namibie) on nous a laissé manipuler/vivre avec l’amiante durant 2/3 de siècle , quand on avait toutes les preuves de sa dangerosité… Nos amis africains pourraient être dans la situation de nos ouvriers de l’amiante et comme la charge de la preuve appartient à celui qui prétend…

christian

On connaît la solution qui permettrait de cesser de creuser ! C’est d’utiliser les 250 000 t d’238 appauvri peu radioactif mais fertile déjà stockés sur le territoire national français dans un réacteur de type RNR-sodium, et de construire un réacteur pouvant utiliser les 6000 t de thorium déjà stockées. Mais ça aussi vous êtes contre j’imagine ?

christian

Chacun prend son bonheur où il le trouve : pour ma part, c’est déjà TRES satisfaisant de lire de votre part à tous les deux que vous êtes POUR un réacteur de 4ème génération de type RNR-sodium ou autre équivalent qui permettrait de faire d’une pierre quatre coups :  – assurer l’indépendance électrique, – consommer les 250 000 t d’uranium appauvri stocké sur le territoire national, – cesser de miner ailleurs, – brûler les actinides mineurs, Une telle joie m’étreint le coeur que j’en oublie votre légère ironie et votre tendance à un peu ré-écrire l’histoire de la fermeture de Superphénix… qui est plus complexe que de dire que c’est juste la faute de la corrosion. PS : pour ne pas trop vous décevoir, je rappelle qu’Areva n’a pas qu’EDF comme client. Certes, si la France s’engageait dans la voie Gen-4, cela débloquerait peut-être les autres pays, mais rien ne dit qu’ils suivraient : il pourrait fort bien rester nécessaire de continuer l’extraction d’uranium… pour d’autres ! Et puis c’est pas avant longtemps, à cause du retard accumulé. En l’occurrence la mine objet de la brève sera fermée sans doute avant 2030.