Piéger et stocker le CO2 : couteux mais inévitable

Sleipner A, plate-forme située à 200 km de la côte norvégienne, appartient à la compagnie StatoilHydro. Cette structure extrait quotidiennement 39 millions de m3 de gaz qui sont ensuite expédiés vers l’Europe.

Sleipner couvre à elle seule 3% des importations de gaz de l’Union Européenne. Chaque jour, 2.800 tonnes de CO2 sont éliminés du gaz naturel produit à Sleipner.

Afin de limiter les rejets de CO2 dans l’atmosphère, et par conséquent l’accroissement de l’effet de serre, le gaz est capturé et stocké dans le sous-sol où il reste prisonnier. Cette capture se fait grâce à des molécules appelées amines. Sleipner est pionnière de cette technique toute jeune : depuis 1996, StatoilHydro y réinjecte le CO2 contenu dans le gaz extrait.

L’opération se fait en comprimant le gaz à une pression d’environ 60 bars, ce qui le met dans un état supercritique. Il est alors conduit par des tuyauteries à la plate-forme principale, où il est injecté dans une couche géologique située à 800 m de profondeur. Un million de tonnes sont ainsi enfouies chaque année.

Piéger et stocker le CO2 : couteux mais inévitable

Mais Sleipner montre elle-même les limites économiques du procédé. En effet, le fonctionnement de l’énorme usine qu’est la plate-forme requiert une centrale électrique de 80 mégawatts, qui émet du CO2, à laquelle s’ajoute une centrale de 6 mégawatts pour comprimer le gaz à enfouir. De surcroît, du CO2 est mélangé aux impuretés évacuées par la torchère. Au total, 900.000 tonnes de CO2 sont ainsi rejetées dans l’atmosphère. Ce paradoxe explique que, malgré les discours favorables à la capture souterraine du CO2, très peu d’expériences en grandeur réelle sont en fait mises en place. Appliquée aux centrales électriques, la technique représente un surcoût allant de 20% à 40%, que peu de compagnies sont prêtes à consentir.

Cependant, l’Union Européenne souhaitant réduire les émissions de dioxyde de carbone européen de 20% d’ici à 2020, cette technique ouvre de nouveaux horizons.

D’autres projets pilotes ont vu le jour en Norvège, à Kårstø et Mongstad. Les experts travaillent en parallèle sur deux sites différents de stockage aquifères de CO2, l’un intitulé "Johansenformasjonen" et l’autre "Utsiraformasjonen". Sur les deux sites, il s’agit d’injecter du CO2 dans la terre. Le site "Utsiraformasjonen" s’étend sur une zone géographiquement beaucoup plus étendue que l’autre et, par conséquent, il est plus coûteux. L’avantage de ce dernier est que l’on connaît les formations du plateau continental dans cette zone. L’objectif est d’avoir un système qui fonctionne à partir de 2011/2012.

BE Norvège numéro 80 (8/07/2008) – Ambassade de France en Norvège / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55285.htm

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fredhu

Toujours pareil: plutôt que tenter d’éliminer la CAUSE, on rêve de pouvoir cacher ailleur le RESULTAT …Des efforts sont faits pour tenter de limiter l’impact de notre mode de vie actuel, et c’est souhaitable.Mais pourquoi ai-je la désagréable impression de trop souvent voir et entendre à propos d’études, de projets, de commissions et d’organismes qui ne font qu’appliquer l’axiome ci-dessus ?Une excellente solution pour “éliminer” le CO2 ne serait-il pas d’en réduire la production (donc, et c’est, vous vous en doutez, le problème: notre mode de vie) ?Pourquoi cette énergie (au sens positif comme physique du terme), cet argent (moteur de ce monde) ne finance-t-il pas la recherche pour le CHANGEMENT plutôt que de tenter de trouver des solutions (bancales !) à la poursuite de la COURSE EN AVANT ?On est capable de produire plus efficacement, de consommer plus économiquement, de gâcher moins. Nous sommes tous conscient qu’on ne va pas arrêter la libération de CO2 à partir énergie fossile du jour au lendemain. Pas de révolution …Mais il faudrait une volonté de réel changement, qui se développe d’abord au niveau de chacun, que nous tous soyons prêts et volontaires pour effectuer ces petites “entorses” à l’habitude (est-ce que trier ses poubelles est si insupportable que cela ? Franchement ?…) pour que les résultats se fassent sentir.Je ne prêche pas “l’écologie”, fleur à la bouche ou fourche au poing ! Je tente juste de faire prendre conscience que pour le même résultat, si un outil vaut mieux qu’un autre, l’obstination á vouloir continuer d’utiliser le mauvais outil, surtout s’il vous tuera, ne peut être du qu’à la bétise la plus crasse …Ne soyons pas des imbéciles ! Changeons d’outil.

pasnaif

…il faut aussi être pragmatique: Soit on commence par réduire la consommation soit on développe des palliatifs?      Réduisons la consommation: Faites un essai, parlez-en au sein de votre propre famille et mettez-les à pied d’oeuvre de suite: Si dans 15 ans ils ont réduit de 15% leur consommation moyenne, alors vous êtes un grand pédagogue! Ma propre épouse, fortement diplômée en sciences donc n’ayant pas d’excuse, a pour devise “après moi le déluge..”! Eh oui!      Alors il faut AUSSI faire du palliatif qui d’ailleurs ne l’est pas tant que ça, bien qu’il ne soit ni glorieux ni romantique. Comme charbon, pétroles et gaz seraient en grande partie épuisés avant deux siècles (ce n’est pas moi qui l’écrit), planquer leur CO² même dans des réservoirs qui au pire étaleraient leur fuites sur qq siècles éviterait un pic CO² dans l’atmosphère, pas vrai? Comme l’océan absorbe 11Gt de CO² par an c’est lui qui aurait le dessus dès le début. D’autre part les 5000Gt de CO² issus de ces ressources une fois épuisées et stockés en souterrain pourraient fuir. Bien, mais à un rythme de 11Gt par an, une telle fuite sur 450ans viderait les stockage sans faire monter le CO² atmosphérique. Ces 5000Gt ne constituent que 10% du stock naturel de 50000Gt dans l’océan. 450ans de rétention est un très mauvais stockage, le gaz naturel ne déstoke pas en millions d’années sinon on n’en aurait jamais trouvé de larges quantités.Donc du pas glorieux mais un “temporaire” pragmatique qui pourraît être bien utile.L’argument de l’article “20 à 40% d’augmentation de coûts” est stupide et polémique car si ce n’est que le seul inconvénient, alors nous nous en sortons pour pas cher. D’autre part tout nouveau process installé dans l’urgence coûte bien plus cher qu’un fois maîtrisé en volume, cf évolution du coût énergétique de l’acier (100t de charbon par tonne de fer en 1825 et 0.6 maintenant). La séquestration du CO² finira en dessous de 10% une fois en volume.

marcob12

Extraire encore plus d’hydrocarbures pour piéger une partie du CO2 en stockage souterrain ne me paraît pas une bonne solution.D’abord parce que 60% du pétrole est par ex brûlé dans les transports (essayez de récupérer le CO2).Clairement une bonne part de ceux-ci émettront du CO2 dans l’air, ne soyons pas naïf.Ce concept est une justification pour continuer comme avant aux détails près…Ensuite cela signifierait consacrer des budgets conséquents  pour développer une technologie chère nous faisant faire du sur-place. Consacrer les mêmes sommes au développement des renouvelables est a priori un meilleur investissement pour notre avenir.On a les formules pour épauler la nature dans son rôle de pompe à carbone et cela passe par les technologies BECS (Bio-Energy with Capture and Sequestration).D’un côté des sources d’énergies émettant bien moins de CO2, de l’autres des sources en pompant tout court.Pas belle la vie ?…