Près d’un milliard d’euros : c’est la somme qu’ont engagée Madrid et Barcelone pour métamorphoser le synchrotron Alba en infrastructure de quatrième génération. L’accord, signé le 9 septembre 2025 à Cerdanyola del Vallès, finance la modernisation de l’accélérateur et la création de nouvelles lignes de lumière de 2025 à 2038. En plaçant l’Espagne dans le cercle restreint des installations les plus avancées, le projet « Alba II » vise à relever les grands défis scientifiques de la santé, de l’énergie et de la durabilité.
Le protocole paraphé par Diana Mirant, ministre espagnole de la Science, de l’Innovation et des Universités, et par Salvador Illa, président du gouvernement catalan, mobilise 926 millions d’euros sur quatorze ans. La Catalogne apportera 465 millions d’euros, l’État espagnol 461 millions, illustrant une volonté de co-pilotage national et régional. La signature s’est déroulée en présence de Javier Lafuente, recteur de l’Université autonome de Barcelone (UAB) et membre du conseil de gouvernance du synchrotron, ainsi que de nombreux responsables de centres de recherche.
Objectif : un saut technologique décisif
Le chantier « Alba II » prévoit de refondre l’anneau d’accumulation, d’installer des aimants plus compacts et de nouvelles cavités radiofréquence, tout en portant progressivement le nombre de lignes de lumière au-delà des quatorze actuelles. « Le projet Alba II inaugurera une transformation technologique essentielle pour que le synchrotron demeure à la pointe de la recherche européenne et mondiale jusqu’en 2050 », souligne le communiqué. Résultat attendu : une brillance multipliée par dix, capable de suivre en direct la dynamique des protéines, d’observer des batteries en fonctionnement ou de cartographier des matériaux quantiques.
Installé à Cerdanyola del Vallès, Alba reste la seule machine de ce type en Espagne. Son accélérateur porte les électrons à 3 GeV avant de les diriger dans un anneau de 270 m, générant un spectre allant des rayons X tendres aux rayons X durs de 70 keV. Plus de 3 500 chercheurs l’utilisent chaque année dans des domaines aussi variés que la biologie structurale, la chimie des matériaux ou les nanosciences. Avec Alba II, la plateforme espère attirer de nouveaux programmes européens et renforcer les partenariats industriels.
Retombées économiques et stratégiques
Les travaux de modernisation mobiliseront un tissu d’entreprises locales de haute technologie, tandis que les nouvelles capacités expérimentales séduiront des industriels en quête d’outils d’analyse avancés. « La signature de cet accord consolide le synchrotron Alba comme une infrastructure essentielle au développement scientifique et industriel », rappelle encore le communiqué. Au-delà de la science fondamentale, le gouvernement espagnol y voit un levier de souveraineté technologique, à l’heure où l’accès aux grandes infrastructures conditionne la compétitivité européenne.
Le projet se déploiera en plusieurs étapes : études de conception dès 2026, premières fermetures techniques en 2028, puis mise en service progressive des nouveaux équipements à partir de 2032. Les responsables politiques veulent garantir à l’Espagne un outil de recherche pérenne, capable d’accompagner les avancées en biomédecine, transition énergétique et technologies quantiques. Pour la communauté scientifique ibérique, une nouvelle ère commence déjà.
Source : UAB