La start-up américaine Prometheus Fuels affirme avoir fait fonctionner, pour la première fois, une intelligence artificielle alimentée par un e-carburant synthétisé à partir de CO₂ atmosphérique et d’électricité solaire. Dans une vidéo de démonstration publiée mardi, l’équipe montre une IA locale opérant hors réseau, sans émission nette de carbone. L’annonce intervient alors que la demande mondiale d’électricité des centres de données, dopée par l’IA générative, pourrait plus que doubler d’ici à 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie. Prometheus promet une solution décarbonée, transportable et moins coûteuse que le gaz naturel pour répondre à cette croissance exponentielle.
Le procédé combine de l’électricité solaire à bas coût et du dioxyde de carbone capté directement dans l’air pour produire de l’e-méthanol. Transporté sur site, ce carburant alimente des générateurs conventionnels qui fournissent un courant continu aux serveurs d’IA, sans raccordement au réseau. « Nous offrons une nouvelle source d’énergie pour l’IA », souligne Rob McGinnis, fondateur et directeur général de Prometheus.
Contourner la saturation du réseau
Les acteurs du numérique patientent parfois plusieurs années avant d’obtenir une nouvelle interconnexion électrique. Prometheus parie sur l’e-carburant : facilement stocké, acheminé par route ou rail, il peut déjà être brûlé dans des turbines destinées au gaz naturel.
« Nous pouvons transformer l’électricité la moins chère au monde – l’énergie solaire dans les emplacements les mieux situés – en électricité de base à faible coût, 24/7, partout où elle est nécessaire. », rappelle M. McGinnis.
La course à l’énergie pour l’IA
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « la demande d’électricité des centres de données devrait plus que doubler d’ici à 2030, la consommation augmentant d’environ 15 % par an, soit plus de quatre fois le rythme de la croissance globale de la demande d’électricité à l’échelle mondiale. Les centres de données attendent des années pour de nouvelles interconnexions au réseau, les services publics avertissent de la hausse des coûts de l’électricité et l’écart entre l’offre et la demande se creuse chaque trimestre. »
Pour séduire ce marché, la start-up met en avant des coûts annoncés inférieurs aux combustibles fossiles et la neutralité carbone de son cycle de vie. Parmi ses investisseurs figurent BMW, Maersk et l’accélérateur Y Combinator, signe d’un intérêt croissant pour les solutions hors réseau.
Les solutions existantes : des freins structurels
Les réponses proposées pour répondre à cette urgence peinent à s’adapter à la vitesse requise. Le nucléaire, bien que prometteur, nécessite des décennies pour être déployé, tandis que les projets de transmission électrique sont bloqués par des procédures administratives complexes et des oppositions locales.
Les batteries de longue durée, quant à elles, ne stockent que quelques heures d’énergie, insuffisant pour une alimentation continue. Quant aux combustibles fossiles, leur déploiement entraîne des investissements colossaux dans des infrastructures comme des pipelines ou des usines de stockage, accroissant la dépendance au pétrole et au gaz pour des décennies. D’après la Start-up, aucune de ces solutions ne peut répondre à l’échelle ni à la vitesse requises par l’IA.
Une technologie décentralisée et rapide
Prometheus Fuels contourne ces obstacles en produisant des e-carburants à partir d’air et d’électricité solaire.
« Nous offrons une nouvelle source d’énergie pour l’IA », indique Rob McGinnis, fondateur et CEO de Prometheus. « Nous pouvons transformer l’électricité la moins chère au monde – l’énergie solaire dans les emplacements les mieux situés – en électricité de base à faible coût, 24/7, partout où elle est nécessaire. »
Dans son installation pilote, l’équipe a utilisé du CO₂ capté directement dans l’air et de l’électricité photovoltaïque pour synthétiser du méthanol liquide, un carburant transportable et stockable, utilisé dans des turbines existantes sans modification majeure. Ces e-carburants coûtent moins cher que les combustibles fossiles, offrant aux data centers une alternative neutre en carbone et indépendante du réseau.
La conversion électrochimique du CO₂ reste énergivore ; sa viabilité dépend du prix de l’électricité solaire et de la disponibilité de matériaux clés. La production à grande échelle devra aussi confirmer la compétitivité promise sans subventions. À ces inconnues s’ajoutent les futures règles d’acceptation du captage direct de CO₂ et le contrôle du bilan carbone sur l’ensemble de la chaîne logistique.
Source : Prometheus