“Quand je me chauffe, quelle est ma consommation ?”

Bien choisir comment chauffer son logement et produire son eau chaude devient un casse-tête insoluble pour les citoyens que nous sommes.

Même s’il souhaite faire des économies en étant vertueux conformément aux engagements des pouvoirs publics*, c’est-à-dire – en préservant son juste droit au confort – consommer moins tout en maîtrisant ses émissions de CO2, le citoyen est perdu face à des discours sur un kWh exprimé parfois en énergie « primaire », parfois en énergie « finale ».

On lui donne une valeur en PCS (pouvoir calorifique supérieur) ou en PCI (pouvoir calorifique inférieur) selon les cas. Ce kWh se trouve affecté d’un coefficient de transformation et se voit doté d’un rendement ou d’un COP.

Pourquoi de pas revenir à des choses simples en se posant les bonnes questions : Que me facture-t-on réellement ? Quel est mon taux d’émissions de CO2 ?

Dans le cas d’une Pompe à Chaleur, les kWh électriques qui sont facturés sont comptabilisés par un compteur. Ces kWh sont utilisés pour faire fonctionner ma pompe à chaleur qui assure mon chauffage et mon eau chaude sanitaire. Contenues dans l’environnement extérieur, l’air, l’eau et le sol, les calories sont gratuites et disponibles à tout moment. Ainsi, quand je paie et consomme 1 kWh, j’en récupère en moyenne 3 à 4 pour mon chauffage et mon eau chaude sanitaire. D’où le « COefficient de Performance » (COP de 3 à 4) : pour un COP de 3, je consomme 1 kWh de nature électrique pour 3 kWh restitués sous forme de chaleur, donc je n’émets que 180 gr (**) de CO2.

Pour les autres technologies couramment utilisées, et notamment pour les générateurs qui utilisent les énergies fossiles que sont le fioul et le gaz, l’énergie consommée est transformée en chaleur, généralement par combustion, ce qui explique l’introduction d’un rendement, obligatoirement inférieur à 100 % par rapport à l’énergie qui m’est facturée. Dans le cas d’une chaudière au rendement de 95%, pour 3 kWh utilisés, j’en consomme 3,15 et j’émets entre 650 gr (*) et 850 gr (*) de CO2 selon l’énergie fossile utilisée.

Face à ces principes basiques, l’Assocation française pour les pompes à chaleur (AFPAC) s’estime lésée, à savoir : "pourquoi la réglementation introduit des éléments dits conventionnels qui opacifient la vision du consommateur tout en dégradant la valeur de son patrimoine, sans qu’il en ait réellement conscience."

A l’occasion de la mise en place de la RT 2012 pour le logement neuf, la valorisation de la consommation d’énergie est affichée en énergie dite primaire, ce qui a pour conséquence selon l’AFPAC "de minorer arbitrairement la performance des solutions PAC."

L’étiquette énergétique de mon logement est calculée en énergie primaire et non en énergie finale, alors même que j’achète de l’énergie finale et certainement pas de l’énergie primaire.
Si elle indique D ou E avec une pompe à chaleur, je n’ai aucune assurance d’avoir un chauffage moins coûteux que pour un logement avec chauffage gaz ayant une étiquette énergétique marquée en C.

De plus, quand j’achète un logement en D ou E chauffé à l’électricité, rien ne m’indique que j’émets moins de Co2 qu’avec un logement chauffé au gaz avec étiquette en C. Et, contrairement à ce que proposait le rapport de l’OPECST de novembre 2009, l’adoption d’un plafond d’émission de CO2 a été exclue.

Enfin, la valorisation de la quantité d’EnR générée par un système thermodynamique n’est conforme ni avec l’esprit ni avec les textes de la Directive européenne 2009/28/CE. "Ce point majeur pénalise très fortement les PAC, sans raison affichable" affirme l’AFPAC.

Le DPE (Diagnostic de Performance Energétique) constitue un grand progrès dans l’information des propriétaires et locataires de logements. Il permet à chaque ménage qui achète ou loue un logement ancien de mieux évaluer sa consommation énergétique et son coût associé, de mesurer l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre et de disposer de conseils pour maîtriser sa consommation d’énergie.

Rendu obligatoire depuis le 1er janvier 2011 par le Grenelle de l’Environnement, l’affichage de la performance énergétique des logements dans les annonces immobilières constitue une véritable avancée dans l’amélioration de l’information des Français.

Aujourd’hui, toujours d’après l’AFPAC "son efficacité est limitée et contestable du fait du seul affichage du niveau de performance énergétique conventionnel en énergie primaire. Il ne rend pas compte de la performance du bâti pour éviter les déperditions en ne valorisant les consommations d’énergie qu’en énergie primaire."

Par ailleurs, les exigences règlementaires des RT 2000 et RT 2005 de pondération par énergie ne sont pas prises en compte.

Dans un tel état de fait, où est l’intérêt du consommateur ? Où est l’intérêt général ? Où est le rôle d’impartialité des services publics ? s’interroge l’association.

Car pour elle, pour rendre efficace et acceptable cette réforme sur le DPE, il convient d’une part de "rendre obligatoires l’affichage de l’étiquette en Gaz à Effet de Serres (GES), en parallèle de l’étiquette énergie – par les agences immobilières." Et d’autre part, "pour les énergies présentant un coefficient conventionnel de transformation de l’énergie primaire en énergie finale, l’ajout de l’affichage de la consommation en énergie finale." En effet, afin de faciliter la lecture du DPE et de le rendre compréhensible et efficient pour l’utilisateur, "il est nécessaire de lui fournir des données comparatives correspondant à la réalité des éléments de sa facturation."

* Pour être en cohérence avec l’objectif des « trois fois 20 » fixé par l’Europe en matière de « Climat – Energie », (réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport au niveau de 1990, amélioration de 20 % en matière d’efficience énergétique et part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie portée à 20 % – le tout d’ici à 2020), le Grenelle de l’environnement a fixé les objectifs majeurs suivants:
– Une réduction conséquente des émissions de CO2 ;
– Une réduction importante des consommations d’énergie des bâtiments ;
– Un mix énergétique équilibré faiblement émetteur de CO2 ;
– Une avancée technologique significative de l’ensemble des solutions de génie climatique ;
– Un fort développement des solutions exploitant les énergies renouvelables.
Ce sont ceux-là mêmes auxquels se sont engagés tous les pouvoirs publics français, jusqu’au plus haut niveau.


** Source ADEME : contenus en CO2 par kWh pour – respectivement – l’électricité, le gaz et le fioul domestique.

            

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Tassin

“Pour un COP de 3, je consomme 1 kWh de nature électrique pour 3 kWh restitués sous forme de chaleur, donc je n’émets que 180 gr (**) de CO2.” Sauf que pour produire 1kWh à la prise il a fallu 2,58kWh primaires. conséquence : le rendement général de la PAC s’en trouve quasiment annulé. Sans parler de la surcharge du réseau électrique en hiver, et de la baisse du rendement de la PAC avec la chute des températures.

js

ça sent à peine le publireportage !!! 😉

Nicolas_54

D’où sortez-vous vos chiffres ??? 180 g de CO² / kwh en élec ?? aux heures de pointes, sachant que c’est uniquement produit par des centrales à gaz/fioul/charbon !! Vous rigolez… Et pour le gaz et le fioul, vous ne vous donnez même pas la peine de diviser votre résultat par 3,15 (historie d’horrifier le lecteur) !! et vos chiffres sont loin de correspondre à ceux de l’ADEME (qui place le gaz nettement en dessous de l’élec)… Bref, mettez le logo de votre entreprise de PAC svp et commencez en disant que c’est de la pub… RIDICULE.

Pastilleverte

c’est ce bégaiement réglementaire sur le CO2 émis (ou équivalent, peu importe). Mais on s’en contref…. Pour mon chauffage je regarde d’abord le rapport efficacité-confort / coût, en évitant de faire de la démagogie “moi je fais un geste pour Sauver La Planète” (qui s’en contref… également de ce que tu fais ou pas, c’est pas son problème, Elle).

Pierrotb001

Publireportage manipulateur, en effet, comme d’habitude. Il faut rappeller que les chauffage électrique lui seul pour une maison (appartement) neuve c’est 600 kg CO2e /kwh !

Didoux

Marre que chaque nouvelle tourne toujours sur combien de co2, les économies de co2, blablabla. On sait bien qu’une majorité (grande) qui fréquenté enerzine son des fana de la réchauffe planétaire et donc faut bien vivre d’une cilentele qui consommeras les produit annoncés mais bon. Je ne rentrerais même pas sur si le réchauffement anthropogénique est réel ou non mais le fait est qu’il ne reste plus que l’Europe (et encore faudrait voir quel pays) qui défende des limitations. Sachant que même si on couperais les émissions (en France) du jour au lendemain ça ne changerais absolument rien á la quantité de co2 émis puisque les autres continueront allègrement leur consommations, et faudrait être complètement obtuse pour croire qu’il suffirait de montré l’exemple pour que d’autre suivent, pourquoi s’acharner à vouloir à tout prix inclure cette donne. Pour mois le simple facteur économique au niveau individuel et d’économie de ressource à niveau macro devrai suffire comme argument lors de l’analyse de tel ou tel produit ou tel ou tel solution. Dixit.

Reivilo

En effet on est chacun un milliardième du problème alors que les autres c’est 6 999 999 999 fois plus. Donc le problème c’est bien “les autres” qui de toutes façons continueront à polluer comme le dit si bien Didoux. Alors autant ne rien faire ? On peut au contraire se dire que les émissions de CO² pour le chauffage domestique ce n’est QUE l’addition de toutes les consommations individuelles dont chacun de nous fait partie de façon plus ou moins égale et que nous avons dont une responsabilité totale et incontournable si on veut faire bouger les choses.