Un visiteur venu d’au-delà de notre système solaire continue de surprendre les scientifiques. Baptisé 3I/ATLAS, l’objet interstellaire présente des caractéristiques qui ne ressemblent à aucune comète connue. Les dernières observations du télescope Keck II à Hawaï, réalisées le 24 août dernier, révèlent une composition chimique pour le moins inhabituelle. L’astrophysicien Avi Loeb, qui suit de près ce phénomène, constate que plus on en apprend sur 3I/ATLAS, plus il apparaît comme une énigme.
Un nuage de nickel pur, jamais vu dans l’espace
Première surprise : le gaz qui entoure 3I/ATLAS contient beaucoup de nickel, mais pas de fer. Dans l’univers, ces deux métaux vont généralement de pair. Or, cette séparation du nickel n’existe naturellement nulle part ailleurs que… dans nos usines terrestres. Sur Terre, on utilise un procédé chimique spécifique pour isoler le nickel des autres métaux. Les chercheurs pensent qu’un mécanisme similaire pourrait se produire spontanément autour de 3I/ATLAS.
Selon leur analyse, « cette formation in situ de Ni(CO)4 prédit que le nickel devrait être fortement concentré près du noyau ». Les images confirment effectivement que le nickel se concentre au centre, entouré d’un halo de cyanure qui s’étend plus loin dans l’espace.
Des proportions chimiques qui n’ont rien de normal
Deuxième anomalie : la quantité de nickel par rapport au cyanure dépasse largement ce qu’on observe habituellement. Comme l’expliquent les auteurs de l’étude, « le taux de production de nickel par rapport au cyanure est supérieur à celui de 2I/Borisov et dépasse de plusieurs ordres de grandeur la médiane des comètes du système solaire« . Pour rappel, 2I/Borisov était l’autre objet interstellaire découvert en 2019, qui lui ressemblait à une comète classique.
Mais il y a plus étrange encore , 3I/ATLAS possède une sorte de « queue » orientée vers le Soleil, alors que les comètes développent normalement une traînée dans la direction opposée, repoussée par la lumière de notre étoile. Et contrairement aux comètes traditionnelles qui brillent grâce à la poussière qu’elles libèrent, 3I/ATLAS ne montre aucune trace visible de cette poussière.
D’autres images à venir pour percer le mystère
Avi Loeb classe 3I/ATLAS au niveau 4 sur son échelle personnelle d’objets inhabituels, en raison de sept anomalies différentes déjà répertoriées. Chaque nouvelle observation semble creuser l’écart avec ce qu’on connaît, plutôt que de rapprocher l’objet d’une catégorie familière.
Les astronomes attendent maintenant avec impatience la publication de photos prises début octobre par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. L’engin spatial a pu observer 3I/ATLAS sous un autre angle, depuis Mars, avec une résolution trois fois meilleure que les images actuelles. D’autres sondes, Juice et Juno, fourniront des données supplémentaires dans les mois à venir. Les observations pourraient enfin permettre de comprendre la véritable nature de ce voyageur cosmique qui résiste à toute classification.
Source : Avi Loeb