Quel avenir énergétique pour les îles ? L’expérience de la Guadeloupe

Alors que se tient actuellement au Palais des Congrès d’Ajaccio, la première édition du Salon Energ’îles dédié à la problématique énergétique des territoires insulaires, la Région Guadeloupe participera à cet évènement en tant qu’invité d’honneur.

La question de l’avenir énergétique des îles revêt en effet une importance particulière en matière de sécurité des approvisionnements, de capacité d’intégration des énergies renouvelables, de modalités de compensation ou encore de gouvernance. L’occasion idéale pour témoigner des avancées du territoire guadeloupéen en matière d’énergie et d’innovation et de rendre compte de la politique volontariste et ambitieuse de la Région, notamment par la mise en place de l’habilitation législative, pour atteindre à terme l’autonomie énergétique.

Au moment du lancement du débat sur la transition énergétique en France, du questionnement sur la composition du mix énergétique idéal et sur les méthodes de maîtrise de la consommation d’énergie pour les années futures, le retour d’expérience de la Guadeloupe, pionnière dans le domaine, est riche d’enseignements et fait figure de modèle pour les autres territoires insulaires.

Pionnière dans l’expérimentation des énergies renouvelables depuis plus de 20 ans, la Guadeloupe est un acteur majeur dans la politique nationale sur la transition énergétique, mais aussi à l’échelle de la zone Caraïbe et des territoires insulaires. Soumise à de multiples contraintes énergétiques et climatiques – un réseau électrique fragile, une forte dépendance aux énergies fossiles accentuée par la croissance des consommations, une vulnérabilité face aux changements climatiques en cours – elle a fait le choix de transformer ces contraintes en opportunités de développement, pour expérimenter de nouveaux schémas énergétiques et occuper une place toute particulière – celle de l’exemplarité et de l’innovation – dans le défi énergétique.

Pour relever ce défi, la Guadeloupe a pris très tôt conscience de la nécessité de développer une stratégie énergétique adaptée aux spécificités de son territoire. En 2008, elle élaboré le Plan énergétique Régional, un outil de planification prévu par la Loi d’Orientation pour l’Outre-Mer de 2000, qui a affecté à ces territoires des compétences propres en matière d’énergie. Mais la Guadeloupe est allée plus loin : en 2009, elle a été la 1ère région française à demander et obtenir une habilitation législative dans le domaine l’énergie. Cet outil innovant confère une responsabilité accrue au Conseil Régional, l’autorisant à fixer des règles spécifiques en matière de maîtrise de la demande d’énergie, de réglementation thermique pour la construction de bâtiments et de développement des énergies renouvelables. Dans ce contexte, la Guadeloupe mène une politique énergétique ambitieuse et réaliste. Ambitieuse, car elle vise l’autonomie énergétique en 2050. Réaliste, car elle adopte une planification propre, adaptée au territoire.

Le Conseil Régional a impulsé une politique ambitieuse en matière de réduction des consommations d’énergie : le le plan énergétique régional vise une croissance de la consommation quasi nulle entre 2011 et 2020, et en baisse de 14 % entre 2020 et 2030. Pour y parvenir, le secteur du bâtiment et de la construction a été identifié comme un axe prioritaire. L’habilitation législative a favorisé cet élan, fixant de nouvelles règles en matière de thermique du bâtiment : la Réglementation Thermique Guadeloupe (RTG) pour le bâti neuf, la définition d’un Diagnostic de Performance Energétique Guadeloupe (DPEG) et des restrictions sur les équipements peu performants de climatisation et d’eau chaude sanitaire.

En termes de développement des énergies renouvelables (EnR), le PRERURE vise 50 % d’EnR en 2020 et 75 % en 2030 pour la production électrique. Outre des atouts naturels indéniables, la Guadeloupe dispose d’une vraie longueur d’avance enla matière : Bouillante, construite pour la 1ère tranche en 1985, est la 1ère centrale géothermique de France et la seule à ce jour dans la Caraïbe ; les fermes éoliennes de la Désirade, construites en 1992, sont les 1ères en territoire insulaire et ont permis la mise au point de prototypes rabattables, adaptés au contexte cyclonique.

L’un des points forts de la Guadeloupe aujourd’hui est la diversité du mix énergétique : toutes les formes d’EnR sont exploitées, qu’il s’agisse d’énergies stables (géothermie, biomasse, hydraulique) ou intermittentes (éolien et photovoltaïque). Là encore, l’habilitation a joué un rôle majeur, en instaurant notamment des quotas entre filières éolienne et photovoltaïque, ou en adaptant les réglementations relatives à l’implantation d’éoliennes en zones littorales.

Au plan économique, le secteur de l’énergie offre de formidables opportunités de développer des filières économiques d’avenir à forte valeur ajoutée, permettant de créer des emplois qualifiés et contribuant au rayonnement du territoire. Une véritable filière Energie est en train de se structurer, réunissant acteurs publics, entreprises, experts et chercheurs. De nombreux projets de R&D sont menés, faisant de la Guadeloupe un territoire propice à l’expérimentation et à l’innovation. Le pôle de compétitivité Synergîle rassemble près de 50 entreprises travaillant dans le secteur des EnR et des matériaux.

Dans le domaine de la formation, plusieurs projets sont en cours pour développer une vraie filière professionnelle, de l’artisan à l’ingénieur.

Aujourd’hui, la Guadeloupe fait figure de laboratoire, pour les autres territoires de l’arc Caraïbe, confrontés aux mêmes problématiques, mais aussi pour la France et plus largement l’Europe. A l’heure du débat sur la transition énergétique, du questionnement sur la composition du mix énergétique idéal et sur les leviers de maîtrise de la consommation d’énergie, elle ouvre de nouvelles perspectives pour les années futures.

En savoir plus sur la politique énergétique de la Guadeloupe : ici

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Tropic

par qui a été écris cet article élogieux et complètement dénué de fondement ? je n’ai jamais eu a subir autant de coupures électriques qu’en guadeloupe, vous ne dites pas une seconde que la principale source d’NRJ est une centrale au fuel lourd ( interdit en france !!) qui est plus que datée et qui pollue énormément. Vous ne dites pas que la qualité du courant est nulle ici, plein d’amis ont eu du matériel abimé par des baisses de tension fréquentes. je ne parle pas du réseau en très mauvais état et qui est tellement performant que l’on ne ppeut plus installer de nouvelles éoliennes !!