Les laboratoires de recherche intensifient leurs efforts pour percer les secrets de la photosynthèse naturelle. Les plantes démontrent une capacité unique à transformer la lumière solaire en énergie chimique, un processus dont la reproduction artificielle mobilise les équipes scientifiques. Une équipe franco-japonaise vient de franchir une étape déterminante dans la maîtrise de la photosynthèse artificielle.
Un hydrogel biomimétique aux performances inédites
Les chercheurs de l’Institut japonais des sciences et technologies avancées (JAIST) et de l’Université de Tokyo ont mis au point un hydrogel biomimétique aux caractéristiques exceptionnelles. Le matériau développé parvient à décomposer les molécules d’eau en hydrogène et oxygène par l’action directe de la lumière solaire. La structure moléculaire de l’hydrogel a été élaborée pour permettre une optimisation maximale du transfert des électrons, mécanisme fondamental dans la dissociation des molécules d’eau.
Le professeur Kosuke Okeyoshi a expliqué : «L’organisation précise des molécules pour faciliter le transfert d’électrons constituait notre principal obstacle.» Une déclaration qui souligne l’ampleur du défi relevé par les scientifiques.
«La mise au point d’un réseau polymère sophistiqué nous a permis de résoudre le problème récurrent d’agglomération observé dans les systèmes traditionnels», a-t-il ajouté, mettant en lumière l’importance de leur découverte pour le développement des énergies renouvelables.
Une prouesse technologique à l’échelle moléculaire
L’innovation s’appuie sur l’incorporation de complexes de ruthénium et de nanoparticules de platine dans une architecture tridimensionnelle méticuleusement conçue. L’agencement spécifique des composants moléculaires empêche leur agrégation, un phénomène qui limitait auparavant l’efficacité des systèmes de photosynthèse artificielle. Les performances mesurées attestent d’une progression notable dans le rendement de production d’hydrogène.
Reina Hagiwara, doctorante participant au projet, a déclaré : «L’agencement spatial des molécules au sein de l’hydrogel constitue une innovation fondamentale.» Une affirmation suivie d’une précision technique : «L’environnement structuré que nous avons créé permet d’atteindre des niveaux d’efficacité énergétique sans précédent dans le domaine de la photosynthèse artificielle.»
Industrialisation et développements futurs
Les résultats obtenus positionnent cette technologie comme une solution privilégiée pour la production d’hydrogène décarboné. Le processus de décomposition de l’eau, alimenté exclusivement par l’énergie solaire, laisse entrevoir des applications multiples dans la transition énergétique. Les domaines industriels et le secteur des transports sont particulièrement concernés par cette source d’énergie propre et renouvelable.
L’industrialisation du procédé est actuellement étudiée par les équipes de recherche. Les efforts se concentrent sur l’optimisation des méthodes de fabrication et la garantie d’une stabilité durable du système. Des investigations supplémentaires sont menées parallèlement sur l’incorporation de composants innovants dans les hydrogels pour maximiser leur efficacité énergétique.
Légende illustration : Des hydrogels bioinspirés qui convertissent l’eau en hydrogène à l’aide de la lumière du soleil, imitant ainsi les processus naturels pour créer une solution énergétique durable. Crédit : Kosuke Okeyoshi from JAIST
Article : ‘Bioinspired hydrogels: polymeric designs towards artificial photosynthesis’ / ( 10.1039/d4cc04033c ) – Japan Advanced Institute of Science and Technology – Publication dans la revue Chemical Communications