Un puits de carbone de plus de 15 000 hectares

L’Indonésie s’apprête à héberger le premier projet mondial jamais financé sur fonds privés de conversion d’une plantation d’arbres pour pâte à papier en réserve de carbone.

Située sur l’île de Sumatra, dans la province Riau, la Réserve de Carbone de Kampar s’étendra sur des terres initialement destinées à la production de pâte à papier grâce au partenariat public privé sans précédent qui sera présenté aujourd’hui à Djakarta.

La création de la Réserve de Carbone de Kampar est menée par l’entreprise verte Carbon Conservation en partenariat avec Asia Pulp & Paper (APP). Pour donner naissance à ce tout premier projet pilote mondial, tous deux ont collaboré avec le ministère indonésien des forêts, le titulaire de la concession. Putra Riau Perkasa (PRP) et les parties prenantes locales pour reclasser en terres protégées ce puits de carbone de plus de 15 000 hectares de forêts et de tourbières.

Les nombreuses études menées dans la Réserve de Carbone de Kampar ont convaincu APP qu’il s’agissait d’un lieu unique de la tourbière de Semenanjung Kampar et qu’elle devait être préservée. Actuellement, et pour au moins les trente prochaines années, la tourbière de la Réserve de Carbone de Kampar, riche en biodiversité, devrait préserver des quantités significatives de carbone. Des évaluations menées dans les prochains mois pourront confirmer les quantités de carbone stockées.

La conception du projet prévoit de vendre des crédits REDD-Plus afin d’injecter, au niveau local, plusieurs millions de dollars dans des programmes de création d’emplois et de développement pour les communautés locales qui entourent la zone, et ce pendant toute la durée de vie du programme de conservation. Les programmes de développement communautaires permettront de réduire la pression exercée par les communautés locales sur la forêt tout en donnant aux résidents locaux les moyens d’améliorer leur niveau de vie et de prospérer.

« En collaboration avec APP, nous apportons une nouvelle vie à cette terre riche en carbone qui représente près du quart de Singapour et que nous gérerons désormais en tant que plantation protégée de carbone » a déclaré Dorjee Sun, PDG de Carbon Conservation basé en Australie et à Singapour. « C’est la première fois qu’un producteur de pâte à papier tente réellement de mesurer la différence en termes de préservation du carbone entre ce qui se serait passé en l’état, ce qui se passerait dans un scénario de plantation et de production de pâte à papier et ce qu’il adviendra une fois la réserve en place. »

« Avec la Réserve de Carbone de Kampar, l’Indonésie fait un don au reste du monde. Nous travaillons avec le ministère des forêts, PRP et les autres parties prenantes concernées pour établir un programme pilote qui permettra de relever le défi posé à la planète par les changements climatiques. Dans le même temps, nous mettons en place, dans les communautés, de véritables programmes d’investissement qui s’attaquent à la racine profonde des problèmes environnementaux de l’Indonésie : la pauvreté des communautés indigènes qui vivent autour de la forêt vierge » explique Aida Greenbury, Directrice responsable du développement durable chez APP.

Carbon Conservation conduira les travaux pour mesurer de manière indépendante l’empreinte de CO2 et établir un modèle de conservation pour déterminer le véritable rendement de la nouvelle réserve. Le groupe se chargera également de convaincre des investisseurs indépendants d’acheter et de commercialiser les crédits REDD-Plus qui généreront les revenus nécessaires à la poursuite du programme.

APP et PRP seront chargés des volets exploitation forestière et développement communautaire du programme. Ils travailleront avec les autorités gouvernementales pour contribuer à la protection des terres contre tout ce qui pourrait nuire à la réserve de carbone et mettront en place des programmes de création d’emploi et d’investissement communautaire dans la province avoisinante de Riau afin de renforcer cette protection.

Chaque année, des experts indépendants effectueront des audits afin de valider les activités de préservation du carbone et de garantir l’exactitude des mesures réalisées.

« En matière de développement environnemental, l’innovation doit être étroitement liée au développement économique pour avoir un impact réel. Le plan actuel prévoit la protection de ces terres sur une durée d’au moins trente ans, mais il est tout aussi important que le projet contribue de manière hautement productive au développement des communautés locales et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre », précise Dorjee Sun.

« L’objectif de APP est de protéger ces vastes et belles forêts qui possèdent une grande valeur en termes de conservation et s’étendent sur des tourbières inestimables. Nous soumettons toutes les terres à des évaluations scientifiques rigoureuses qui nous permettent d’en déterminer l’usage le plus approprié. C’est sur cette même démarche que nous nous sommes appuyés afin de développer les partenariats pour la réserve de la biosphère de Giam Siak Kecil, le sanctuaire des tigres de Sumatra dans la province de Riau, la réserve naturelle de Taman Raja dans la province de Jambi, et le programme Senepis Kutai Oragnutan de Kalimantan », continue Mme Greenbury.

La Réserve de Carbone de Kampar se développera en trois phases. La première, d’une durée de trois à six mois, permettra d’effectuer l’évaluation complète des terres, l’analyse des sols et l’étude des besoins des communautés et des problèmes associés. Au cours de la deuxième phase, qui devrait prendre une année environ, des experts indépendants devront valider le modèle de préservation du carbone et trouver des investisseurs extérieurs. La dernière phase se prolongera jusqu’à la fin du projet et comprendra des activités permettant de protéger la zone tout en l’améliorant, ainsi que des vérifications et des certifications réalisées chaque année par des organismes extérieurs.

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Oeil de cain

Inclure des tourbières dans un puits carbone est pour le moins original et surprenant quand  on sait que ces fameuses tourbières produisent du méthane au fur et à mesure de leur constitution …. Et quant on sait que le méthane est plus de 20 fois pire que le CO2 …. NO COMMENTS ………..

Pastilleverte

et quand on sait que le concentration de CH4 est 615 fois moins importante que celle du CO2, lequel est 66 fois (au minimum) moins présent que la vapeur d’eau, principal GES, on a raison de s’inquiéter;

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