Faits marquants
- L'Anomalie de l'Atlantique Sud est une vaste zone où le champ magnétique terrestre est beaucoup plus faible
- Elle grandit et s'est récemment divisée en deux cellules distinctes
- Les satellites et la Station spatiale internationale sont plus exposés aux radiations lors de leur passage dans cette région
- Ce phénomène ne menace pas la vie sur Terre mais perturbe les dispositifs électroniques en orbite
Au large de l’Amérique du Sud, le bouclier magnétique qui protège la Terre des radiations spatiales présente une grande zone de faiblesse. Baptisée « Anomalie de l’Atlantique Sud », elle ne cesse de grandir. Entre 2014 et 2025, elle s’est étendue sur une surface représentant presque la moitié de l’Europe. Les satellites Swarm de l’Agence spatiale européenne, lancés en 2013, surveillent attentivement ce phénomène qui s’accélère depuis 2020, notamment du côté de l’Afrique.
Bien comprendre le bouclier magnétique terrestre
Notre planète possède un champ magnétique invisible qui fonctionne comme un gigantesque bouclier protecteur. À 3 000 kilomètres sous nos pieds, au centre de la Terre, se trouve un océan de fer liquide en fusion. Les mouvements de ce métal liquide créent des courants électriques qui génèrent le champ magnétique terrestre, comme une immense dynamo naturelle.
Ce bouclier magnétique joue un rôle vital car il dévie les particules dangereuses envoyées par le Soleil et les rayons cosmiques venus de l’espace. Sans lui, la vie sur Terre serait impossible. C’est grâce à ce champ magnétique que fonctionne la boussole, dont l’aiguille pointe toujours vers le nord.
Une anomalie qui ne se comporte pas normalement
L’Anomalie de l’Atlantique Sud ne grandit pas de façon uniforme. « L’Anomalie de l’Atlantique Sud n’est pas qu’un seul bloc », explique Chris Finlay, professeur à l’Université technique du Danemark et responsable de l’étude. « Elle évolue différemment vers l’Afrique que près de l’Amérique du Sud. Quelque chose de particulier se produit dans la région qui provoque un affaiblissement du champ de manière plus intense »
Les scientifiques ont découvert que sous la région, le champ magnétique se comporte de façon étrange. Ainsi, au lieu de sortir du noyau terrestre comme il le devrait normalement, il y retourne à certains endroits. « Grâce aux données Swarm, nous pouvons voir l’une de ces zones se déplacer vers l’ouest au-dessus de l’Afrique, ce qui contribue à l’affaiblissement de l’Anomalie de l’Atlantique Sud dans la région », précise Chris Finlay.
Des risques pour les satellites et les astronautes
La zone affaiblie pose des problèmes concrets pour les technologies spatiales. Les satellites qui la traversent reçoivent davantage de radiations dangereuses, ce qui peut provoquer des pannes ou endommager leurs équipements. Même la Station spatiale internationale subit des doses plus élevées de particules nocives quand elle passe au-dessus de l’Atlantique Sud.
Ailleurs sur la planète, le champ magnétique évolue aussi. Près du Canada, une zone magnétique forte a rétréci d’une surface équivalente à l’Inde, tandis qu’en Sibérie, une zone similaire a grandi d’une superficie comparable au Groenland. Le pôle magnétique nord lui-même se déplace continuellement.

Surveiller l’évolution du bouclier terrestre
Les trois satellites Swarm continuent de collecter des données précieuses après plus de onze ans en orbite. « C’est vraiment merveilleux de voir la vue d’ensemble de notre Terre dynamique grâce aux séries chronologiques étendues de Swarm », a indiqué Anja Stromme, responsable de la mission à l’ESA. « Les satellites sont tous en bonne santé et fournissent d’excellentes données, nous espérons donc pouvoir prolonger l’enregistrement au-delà de 2030 ».
Les observations montrent que des anomalies similaires existaient déjà il y a des millions d’années dans les archives géologiques. Le champ magnétique terrestre change constamment et peut même s’inverser complètement, comme cela s’est produit plusieurs fois dans l’histoire de notre planète. Comprendre pourquoi l’Anomalie de l’Atlantique Sud grandit si vite reste un défi scientifique important pour les années à venir.
Source : ESA