Vers un futur à faibles émissions de CO2

En décembre prochain se tiendra à Copenhague le sommet décisif sur le climat. A cette occasion, les délégués de 190 pays devront parvenir à s’entendre sur le nouveau traité climatique destiné à succéder au protocole de Kyoto, qui fête déjà ses 12 ans.

L’enjeu est de taille : en deux petites semaines, les points commentés ci-après devront être réglés. Avant toute chose, l’ensemble des pays industrialisés, dont l’Europe et les États-Unis, devront s’accorder pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2020 par rapport à 1990. Le deuxième objectif est de réduire la déforestation de moitié, étant donné que l’abattage et la réduction en cendres des forêts tropicales sont responsables de 20 % des émissions annuelles de CO2 totales.

Il s’agit là des objectifs principaux. Toutefois, d’autres éléments figurent dans la liste des buts à atteindre d’ici 2020, notamment une collaboration internationale renforcée pour le développement de technologies propres telles que l’énergie solaire et les voitures électriques, ainsi que l’augmentation considérable du budget alloué à la recherche dans le domaine des énergies durables.

Si la question du changement climatique est à nouveau sous les feux de la rampe, c’est en partie grâce à l’approbation (à une très faible majorité) par la Chambre des représentants des États-Unis d’un projet de loi qui, et c’est une première, oblige les entreprises américaines à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce vote représente une grande victoire pour Barack Obama, qui, dans son discours inaugural, avait déjà largement insisté sur le changement climatique et les énergies renouvelables. Les États-Unis, qui comptent parmi les plus gros pollueurs mondiaux en termes d’émissions de gaz à effet de serre, espèrent de cette manière faire bonne impression en décembre à Copenhague. Mais le passage au Sénat de cette législation s’annonce difficile étant donné l’opposition de certains Etats américains fortement dépendants du charbon.

S’agissant d’émissions de gaz à effet de serre, les entreprises actives dans le secteur du pétrole et du gaz souffrent généralement d’une mauvaise réputation. Épinglons notamment les sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta, où les quantités en eau utilisées et les émissions de CO2 sont énormes. Dexia Asset Management (DAM) a récemment conduit une étude pour déterminer comment les entreprises pétrolières et gazières peuvent donner à leur portefeuille de production un positionnement plus durable et, de cette manière, limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. Un premier constat s’impose : les hydrocarbures émettent tous des gaz à effet de serre. Néanmoins, les entreprises énergétiques peuvent positionner leurs activités en amont (soit l’exploration et la production de pétrole et de gaz) de telle sorte que leur empreinte carbone soit limitée. D’après nos estimations, c’est le gaz naturel qui rejette la plus faible quantité de gaz à effet de serre (23 % de moins que le pétrole et 48 % de moins que le charbon). Le pétrole lourd, par exemple, émet 18 % de gaz à effet de serre en plus que le pétrole léger ou moyen et 53 % de plus que le gaz naturel.

Bien que l’on ne sache pas encore précisément dans quelle mesure la chaîne de valeur des entreprises pétrolières et gazières sera influencée par les réglementations plus rigoureuses en matière de gaz à effet de serre, il est déjà très clair à l’heure actuelle que les entreprises devront sérieusement en tenir compte. Dexia s’attend à ce que la rentabilité des projets en amont soit, dans le futur, davantage mise à mal par l’augmentation des coûts en matière de gaz à effet de serre. Dès lors, il sera plus intéressant d’exploiter les sources d’énergie à faible intensité en gaz à effet de serre, comme le gaz naturel, que les projets de sables bitumineux, par exemple. Les entreprises dont le portefeuille en amont sera bien positionné disposeront d’un avantage concurrentiel. En effet, les sources d’énergies à faible intensité en gaz à effet de serre bénéficieront probablement d’une prime. Par ailleurs, le marché commence à tenir compte de ce défi, comme nous allons le voir ci-dessous.

Dexia a axé son étude sur les projets en amont les plus importants et a analysé l’intensité en gaz à effet de serre des réserves de certaines entreprises pétrolières et gazières européennes. Le marché a lentement commencé à intégrer dans les évaluations d’entreprises les risques et les coûts carbones futurs liés aux investissements dans de tels projets. Bien qu’il soit difficile de formuler une réponse définitive à ce sujet, il semble que les entreprises dont le portefeuille amont présente une plus faible intensité en émissions de gaz à effet de serre, comme BG Group, bénéficient d’une meilleure évaluation boursière. Il s’agit d’une conclusion provisoire, mais elle est déjà intéressante et pourrait mener à une étude plus approfondie.

Au niveau des entreprises, nous avons découvert que le portefeuille de production futur de BP et StatoilHydro, en pourcentage de leurs résultats opérationnels sur l’exercice 2008, affiche une intensité en émissions de gaz à effet de serre plus réduite que celle de leurs confrères du secteur. Nous avons calculé que dans ce secteur, les coûts moyens liés aux gaz à effet de serre représentent 7 % des résultats opérationnels, sur la base d’une estimation de 50 euros par tonne de CO2. A l’heure actuelle, les coûts en matière de gaz à effet de serre sont limités et ne présentent donc pas de risques financiers considérables à court terme pour les entreprises pétrolières et gazières. Cependant, les réglementations plus strictes auront un impact matériel sur le secteur de l’énergie, tant sur le plan des coûts directs qu’en termes de perspectives de croissance et de fixation des prix de leurs hydrocarbures.

Il ressort de cette étude que les investisseurs à long terme dans le secteur du pétrole et du gaz doivent tenir compte de ces éléments lors de leur prise de décision, et ce, malgré la diminution des prix du pétrole et du gaz à la suite de la récession économique. En outre, il est important que les entreprises énergétiques fournissent des informations précises aux investisseurs en ce qui concerne les coûts futurs afférents aux émissions de gaz à effet de serre liés à leurs réserves.

      

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lion

Effectivement dans 200 ans nous aurons un futur sans COé puisque l’on aura brûlé tous les combustibles carbonés stockés sur la planète!

Guydegif(91)

”…l’ensemble des pays industrialisés, dont l’Europe et les États-Unis, devront s’accorder pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2020 par rapport à 1990. Le deuxième objectif…déforesréduire la déforestation….responsables de 20 % des émissions annuelles de CO2 totales.” Pour le 2ème point, faudra aussi:                                                       1) se donner les moyens de ”reforester càd replanter des arbres là où on les coupe pour les utiliser: papetiers, etc…                                               2) se donner les moyens d’enrayer les incendies monstrueux de milliers de ha (Californie, Europe, etc…) en installant en préventif un certain nombre de conduites d’eau, (les matos de lutte, les coûts de biens et vies humaines, + replantation et déficit de photosynthèse donc GES résiduels, pour les forêts partant en fumée tous les ans coûtent aussi des millions !! ) en anticipant et surveillant mieux, en punissant plus radicalement les criminels incendiaires…. Donc autres tâches à pourvoir !! A+ Salutations Guydegif(91)