Vers une fonction Efficacité Energétique transverse ?

Alors que l’Efficacité Energétique (EE) demeure un des enjeux majeurs du XXIème siècle et nécessite aujourd’hui une réflexion transverse, la société de conseil et d’aide à la décision, Alcimed s’est attardée pour vous, sur le sujet.

Ainsi, une évolution vers des solutions globales est stimulée par les acteurs de l’Efficacité Energétique. Au sein de chaque entreprise, la création d’une fonction EE transverse permettra d’avoir une approche globale et concrète.

La notion d’Efficacité Energétique (EE) est progressivement entrée sur le devant de la scène suite aux différents chocs pétroliers. L’Europe en est un des pionniers avec la mise en place des labels énergétiques sur les appareils domestiques dès 1992. Dans les objectifs « 20-20-20 en 2020 », la contribution des industries à l’objectif des 20% d’EE est évaluée à 17%, à comparer au 28% du potentiel économique du résidentiel, au 14% du tertiaire et au 40% du transport. Dans les entreprises, l’ensemble des fonctions (productions, logistique, bâtiment, marketing, comptabilité, RH, R&D, etc.) est aujourd’hui concerné et impacté par des objectifs de gains en EE.

Par exemple, pour appliquer la norme NF EN 16001 « Systèmes de management de l’énergie » élaborée et publiée par le CEN[1] et CENELEC[2], il faut impliquer les responsables de sites, la comptabilité, la logistique et la direction générale. Il faut aussi arriver à lier ces évolutions aux attentes et aux besoins clients. Le marketing et la R&D doivent alors travailler ensemble pour faire évoluer la société. Les matériaux utilisés doivent être moins énergivores à produire et valorisés par les clients : le polyuréthane projeté dans le secteur des matériaux isolants pour le bâtiment, l’utilisation de bactéries ou de plantes pour dépolluer des sols ou encore le remplacement des canettes en aluminium par des canettes bioplastiques.

« Cette problématique concerne l’ensemble des fonctions et tous les échelons de l’entreprise. L’Efficacité Energétique doit donc être pilotée de façon transverse et globale », souligne Jean-Philippe Tridant Bel, directeur de l’activité Energie et Environnement chez Alcimed.

Ensuite, des offres de plus en plus « globalisantes » face à la complexité des actions sont apparues pour mettre en place des solutions. Celles-ci s’illustrent parfaitement au travers de 2 exemples :

Les moteurs électriques : historiquement, les efforts se sont focalisés sur les moteurs électriques (NEMA, IEE, etc.). Actuellement, les autorités de régulation sont en train de réfléchir à des normes plus globales. Par exemple, en Europe, une réglementation est prévue pour 2011 sur les ventilateurs de 125W-500kW ainsi que sur les pompes pour eau potable. De même, au Canada, des réglementations sur les pompes (CSA C840) ainsi que sur les systèmes d’air conditionné (AHRI 1210), sont à l’étude.

Les bâtiments : en France, les premières Réglementations Thermiques sur le neuf et sur l’existant se sont focalisées sur des performances élément par élément (parois opaques et vitrées, systèmes de chauffage, production d’eau chaude sanitaire, refroidissement, etc.) mais la RT 2012 pour les bâtiments neufs reprend des éléments de performance globale et la prochaine réglementation sur l’existant pourrait s’orienter aussi vers des exigences de performances énergétiques globales.

Pour répondre aux objectifs fixés, les efforts des industriels portent aujourd’hui sur le passage d’offre produits vers des offres systèmes.. Dans la continuité de la réflexion « systèmes », il existe déjà des solutions globales, intégrant une couche de communication et d’intelligence. Cette approche est absolument nécessaire car l’optimal de l’ensemble n’est souvent pas l’optimal de chacun des composants auquel s’ajoute un volet comportemental.

« L’objectif est de coordonner toutes les actions et d’identifier les offres adéquates », précise Ludovic de Nicolay, responsable commercial dans l’activité Energie et Environnement chez Alcimed.

D’où la nécessité de créer une fonction EE en interne : les entreprises doivent développer de nouvelles compétences et créer des postes transversaux afin de rendre cohérents leurs efforts et leurs approches dans l’efficacité énergétique. «Les entreprises devront peut-être créer des directions EE transverses, au même titre qu’elles ont créé des directions DD ! » argumente Ludovic de Nicolay. Cette fonction pourrait être rattachée à la direction DD car elle en est une composante, mais elle pourrait aussi être rattachée à la direction stratégie ou à la direction des opérations car elle impacte toute l’entreprise.

Cette fonction permettra de transformer les contraintes qui apparaissent, que ce soit les nouvelles réglementations, la pression des clients ou la hausse du prix de l’énergie en autant d’opportunités. Elle deviendrait l’interlocuteur privilégié des acteurs de l’EE et aurait la charge de mener les audits énergétiques et de fixer les objectifs sur l’ensemble de l’entreprise avec les indicateurs associés. Elle devra aussi mettre en place les actions nécessaires en « portant la bonne parole » et en capitalisant sur les bonnes pratiques. Les acteurs de l’EE proposent aujourd’hui des offres transverses et cette globalisation nécessite un changement d’interlocuteur qui puisse avoir une vision transverse et qui coordonne les actions.

Par exemple, optimiser les consommations électriques d’un bâtiment tertiaire (éclairage, HVAC, moteurs, etc.) doit être réfléchi en parallèle de l’isolation du bâtiment voire de l’installation d’une capacité de production d’énergie. Une telle offre ne peut être proposée que par un acteur légitime sur une de ces problématiques ayant travaillé au sein de consortium regroupant l’ensemble des compétences (matériaux, isolation, communication, gestion de l’électricité, etc.).

Certains acteurs, tels que Schneider Electric ou Siemens, développent des solutions de plus en plus transverses mais doivent, pour aller plus loin, nouer des partenariats ou racheter des entreprises possédant les briques manquantes. Leur objectif est de construire des catalogues d’offres de performance Energétique généralisées et de s’engager sur des résultats globaux.

Dans le bâtiment, les Contrats de Performance Energétique ne pourront se développer qu’avec des acteurs capables de piloter l’isolation, la Gestion Technique du Bâtiment, la production d’énergie décentralisée, la communication avec le réseau mais aussi l’utilisation optimisée du bâtiment tout au long de son cycle de vie. D’où à nouveau la nécessité de créer une fonction EE capable aussi d’appréhender toutes les dimensions des offres actuelles et futures.

« Certaines entreprises ont déjà commencé à intégrer la problématique d’Efficacité Energétique dans leurs réflexions, Roche, Toyota ou Telco, par exemple, mais à ma connaissance, il n’existe peu ou pas encore de fonction EE à un niveau corporate, » précise Jean-Philippe Tridant Bel, directeur de l’activité Energie et Environnement chez Alcimed.

[ Credit photo : Schneider Electric ]

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Guydegif(91)

En route vers une vision global ! Efficacité Energétique, EnR, DD et Biodiversité : des notions bientôt indissociables et incontournables ! A+ Salutations Guydegif(91)

jl06

Pas de doute qu’il faut prendre en compte l’EE dans l’industrie, qui s’y attache déjà avec des résultats significatifs d’ailleurs. On s’accordera aussi sur l’importance d’une approche globale pour obtenir un optimum énergétique. Mais est-ce qu’il faut pour autant créer une fonction EE qui “pilote” projets et décisions transversalement? Pas forcément. Si l’EE n’est pas au cœur du métier d’une entreprise, une fonction EE pourra apporter des informations, des connaissances, un conseil, une regard critique qui permettront de faire évoluer la culture d’entreprise, les critères de décision, les choix stratégiques et technologiques de façon à atteindre des objectifs d’EE plus exigeants. Progressivement, l’entreprise deviendra capable d’intégrer la dimension EE dans ses activités, tout comme les facteurs de sécurité, de performance économique ou de valeur à long-terme. Mais l’EE n’est bien entendu pas la seule dimension, pas même en ce qui concerne l’énergie. Donc attention à ne pas créer d’entreprise dans l’entreprise et s’il faut déveloper une compétence forte, il faut aussi bien définir le périmètre. L’efficacite énergétqiue me semble être un sous-ensemble de ce que les industriels doivent intégrer. Une fonction “énergie” dans l’entreprise dont ce n’est pas le métier devrait avoir pour but d’intégrer cette dimension dans le tissu culturel de l’entreprise: formation, études critiques, définition d’objectifs, développement d’outils etc., avec pour objectif ultime de disparaître (en partie) quand l’énergie fera partie intégrante des compétences, des indicateurs de valeur et des critères de décision. Ainsi pourra-t-on intégrer l’EE, les émissions de GES, les choix d’approvisionnement énergétiques, les analyses de cycle de vie dans une approche cohérente et durable. Si l’EE est le moyen de démarer dans ce sens pour certaines entreprises, attention donc à bien cadrer la démarche pour les années à venir.

rouget

Merci pour la pub au passage. Prenons l’exemple de l’éclairage public : au lieu de vendre le maximum de puissance à une collectivité, on vend une solution. On minimise les coûts et les dépenses de fonctionnement et de maintenance en cherchant à optimiser les temps d’utilisation et d’intensité. Les sources d’énergie sont au plus possibles autonomes, un réseau de communication sans fil et des capteurs permettent de prévoir l’utilisation suivant la période de temps, etc. On vend une solution sur le long terme, un service avec pour objectif d’optimiser la consommation. La prestation devenant plus importante que l’achat… Il n’y a pas que de l’éclairage mais aussi de l’énergie, de l’informatique, de l’automation, etc. Rappelons qu’en France depuis le Grenelle les énergéticiens sont des vendeurs de solutions énergétiques : leur objectif n’est pas le volume mais bien l’efficacité. En théorie… mais les contraintes sont de plus en plus grandes. La RT 2012 en est un bon exemple. Plus largement le modèle japonais est intéressant à cet égard : par entreprise une direction EE est en place et par filière on compare les résultats en prenant le meilleur pour l’objectif suivant fixé par le gouvernement. Les retardataires sont pénalisés, à l’image des CEE en France. Et c’est toute l’industrie qui en profite. Par les normes, l’Etat oriente l’indutrie et les pratiques vertueuses.