Un objet venu d’ailleurs intrigue les astronomes. Les dernières images de 3I/ATLAS, publiées le 5 novembre 2025, montrent un visiteur interstellaire au comportement déconcertant. En effet, malgré une perte de masse importante lors de son passage près du Soleil, il ne présente aucune queue lumineuse comme en arborent normalement les comètes. Pour Avi Loeb, astrophysicien à l’Université Harvard, cette absence de traînée s’ajoute à une liste d’anomalies qui en font l’un des objets les plus énigmatiques jamais observés.
Une comète pas comme les autres
Quand une comète s’approche du Soleil, la chaleur fait évaporer sa glace et libère des gaz et de la poussière. Le vent solaire pousse ces matériaux, créant la fameuse queue lumineuse. Avec 3I/ATLAS, les calculs d’Avi Loeb montrent que l’objet a perdu plus de 13% de sa masse durant son passage au plus près du Soleil. Une perte aussi massive aurait dû créer une queue spectaculaire.
« Pour une comète typique, cela aurait dû générer une coma massive composée de poussière et de gaz qui aurait été poussée par la pression de radiation solaire et le vent solaire pour former une queue cométaire typique pointant à l’opposé du Soleil », explique le chercheur. Pourtant, rien de tel n’apparaît sur les clichés. La comète Lemmon, photographiée au même moment par les mêmes télescopes, affiche bien sa queue caractéristique. Le contraste est saisissant.

Dix anomalies inexpliquées
Au-delà de sa queue manquante, 3I/ATLAS accumule les bizarreries. Sa composition chimique étonne avec beaucoup plus de nickel que de fer (un ratio qu’on trouve plutôt dans les alliages industriels), ainsi que très peu d’eau (4% seulement, alors que les comètes en sont gorgées), et enfin une polarisation de la lumière jamais observée auparavant. Entre juillet et août, l’objet a même expulsé un jet de matière dirigé vers le Soleil, comportement inhabituel pour une comète.
Sa trajectoire pose aussi question. Elle est alignée avec une précision étonnante sur le plan des planètes du système solaire, une configuration dont la probabilité naturelle n’est que de 0,2%. Plus massif et plus rapide que les précédents visiteurs interstellaires ‘Oumuamua et Borisov, 3I/ATLAS semble avoir choisi le moment idéal pour passer près de Mars, Vénus et Jupiter tout en restant invisible depuis la Terre lors de son passage le plus proche du Soleil.
Une science qui inspire
Les travaux d’Avi Loeb sur 3I/ATLAS touchent bien au-delà des cercles scientifiques.
Dario Villalón, ingénieur au Chili, lui a écrit le 5 novembre pour partager l’effet de ses publications sur sa famille. « Votre approche des questions motive de nombreuses personnes ordinaires à s’intéresser et à comprendre des sujets auxquels elles pensaient ne jamais prêter attention », témoigne-t-il. Sa fille de 18 ans, qui hésitait sur son orientation, a découvert les mystères de 3I/ATLAS et envisage maintenant sérieusement une carrière en astrophysique.
Les prochaines observations révéleront si une queue finira par apparaître ou si 3I/ATLAS conservera son allure compacte. Quoi qu’il en soit, cet objet bouscule déjà nos certitudes sur les visiteurs venus d’autres systèmes stellaires et continue d’éveiller des vocations scientifiques.
Source : Avi Loeb











