Une image spectaculaire prise par le rover Perseverance sur Mars a provoqué le buzz sur les réseaux sociaux le week-end dernier. Le 4 octobre 2025, la caméra de navigation du robot a capturé l’objet interstellaire 3I/ATLAS traversant le ciel martien. Elle révèle une traînée allongée quatre fois plus longue que large. La silhouette plutôt énigmatique a immédiatement nourri les spéculations : l’humanité aurait-elle enfin détecté un objet cylindrique géant d’origine extraterrestre ? L’astrophysicien Avi Loeb, sollicité par la représentante Anna Paulina Luna pour éclaircir cette énigme, apporte une explication rationnelle qui dissipe les fantasmes.
Une question d’échelle et de résolution
L’analyse technique développée par Avi Loeb repose sur la compréhension précise des capacités instrumentales du rover Perseverance. À la distance de 38 millions de kilomètres qui séparait alors 3I/ATLAS de Mars, la résolution de la caméra de navigation droite correspond à une échelle spatiale d’environ 12 500 kilomètres par pixel. La largeur de la bande visible sur l’image reflète donc une limitation technique, tandis que sa longueur atteint approximativement 50 000 kilomètres.
Cette dimension colossale entre en contradiction avec les observations antérieures de l’objet. La traînée photographiée par Perseverance se révèle donc mille fois plus longue que cette limite supérieure. Or, l’objet apparaît au moins dix fois plus petit sur les clichés réels de Hubble.
L’illusion du mouvement figé
L’explication réside dans le processus de création de l’image composite. Avi Loeb démontre que la bande résulte de l’empilement de centaines de clichés individuels, pris sur une période totale d’environ dix minutes. Durant ce laps de temps, 3I/ATLAS s’est déplacé sur le ciel martien en raison de sa vitesse relative considérable.
Mars orbite autour du Soleil à une vitesse de 24 kilomètres par seconde. 3I/ATLAS se déplace sur une orbite rétrograde dans la direction opposée à celle de Mars à une vitesse d’environ 67 kilomètres par seconde par rapport au Soleil. La vitesse de 3I/ATLAS par rapport à Mars se traduit par une longueur de trajet d’environ 50 000 kilomètres pour un temps d’intégration de l’ordre de 10 minutes. – Avi Loeb
Ainsi, selon l’astrophysicien, sur une image instantanée, dont le temps d’exposition maximal atteint 3,28 secondes pour la caméra de navigation, 3I/ATLAS apparaîtrait comme une tache circulaire légèrement floutée sur seulement 300 kilomètres. L’empilement d’images successives a permis d’accroître la luminosité apparente de l’objet dans le cliché final, mais a également créé cette traînée trompeuse.
L’attente des données à haute résolution
L’espoir d’obtenir des informations plus précises repose désormais sur la caméra HiRISE embarquée à bord du Mars Reconnaissance Orbiter. L’instrument offre une résolution angulaire nettement supérieure, équivalente à 30 kilomètres par pixel le 3 octobre 2025. Avi Loeb explique que le pixel le plus brillant de l’image HiRISE fournira la meilleure contrainte obtenue à ce jour sur la surface réelle de 3I/ATLAS.
La communauté scientifique attend avec impatience que l’équipe HiRISE diffuse ces données, qui devraient définitivement clarifier les caractéristiques physiques de ce visiteur venu d’au-delà du système solaire.

Le rover Persévérance de la NASA a acquis cette image à l’aide de sa caméra de navigation droite (Navcam). La caméra est située en haut du mât du rover et aide à la conduite. L’image a été acquise le 4 octobre 2025 (Sol 1643) à l’heure solaire moyenne locale de 21:33:39.
Crédit photo : NASA/JPL-Caltech
Source : Avi Loeb