Brésil : Shell et Cosan s’associent dans l’éthanol

Lancé par Shell et Cosan, Raizen est une coentreprise qui a pour objectif de devenir un producteur mondial de biocarburants à faible teneur en carbone, en commercialisant plus de 2 milliards de litres par an, d’éthanol produit à partir de la canne à sucre brésilienne.

Raizen distribuera des biocarburants et plus de 20 milliards de litres d’autres carburants industriels et destinés aux transports annuellement, par l’intermédiaire d’un réseau combiné de près de 4 500 stations-service de la marque Shell. Il devient la troisième société de carburants la plus importante au Brésil. La société prévoit d’étendre sa portée dans les années à venir pour exporter plus d’éthanol vers d’autres marchés clés.

"Les biocarburants à faible teneur en carbone seront la façon la plus pratique et la plus réaliste sur le plan commercial d’éliminer dans les années à venir le dioxyde de carbone (CO2) des carburants destinés aux transports, et joueront un rôle essentiel au sein du futur bouquet énergétique" explique Shell.

Cette association pourrait potentiellement accélérer la production commerciale des biocarburants issus de résidus de récolte et de plantes non comestibles.

Les 24 usines de traitement de Raizen sont capables de transformer jusqu’à 62 millions de tonnes de canne en sucre en éthanol chaque année, tout en étant suffisamment flexibles pour s’adapter à la demande du marché.

"Nous établissons une position de premier plan dans le pays producteur d’éthanol le plus efficace au monde", a déclaré Peter Voser, PDG de Shell. "Les biocarburants durables et à faible teneur en carbone seront de plus en plus importants dans le bouquet mondial de carburants destinés aux transports."

"Il s’agit d’un tournant décisif dans la recherche de sources d’énergie alternatives", a soutenu Rubens Ometto Silveira Mello, Président du Conseil d’administration de Cosan. " Raizen est l’une des sociétés les plus importantes au Brésil et est prête à proposer aux marchés internationaux une solution propre, renouvelable et économiquement viable. "

Répondre à la demande mondiale

En Europe et aux États-Unis, les nouvelles politiques en matière d’énergie exigent des carburants plus propres et à moindre teneur en carbone pour les transports. Les biocarburants représentent environ 4 % des carburants destinés aux transports en Europe, et 3 % aux États-Unis. À l’échelle mondiale, les biocarburants répondent actuellement à environ 3 % de la demande en carburants destinés aux transports routiers. Selon Shell, ce pourcentage devrait augmenter et atteindre 9 % d’ici à 2030.

Le Brésil est le numéro un mondial en termes d’utilisation des biocarburants de transports. Il est fort probable que ces derniers représentent plus de 40 % du bouquet de carburants destinés aux transports du pays d’ici à 2030, soit le double de la proportion d’aujourd’hui. L’actuelle capacité de production annuelle de Raizen suffira à répondre à près de 9 % de la demande actuelle en éthanol du Brésil.

À la pompe, les automobilistes brésiliens ont le choix entre de l’éthanol pur ou un mélange de pétrole (essence) et d’éthanol. Environ 90 % des automobiles du pays sont capables de fonctionner avec l’un ou l’autre de ces types de carburant.

"Le modèle opérationnel de Raizen, qui combine les actifs de Shell et Cosan et dispose d’un accès direct aux consommateurs, constitue une véritable percée dans le secteur des biocarburants", a expliqué Marcos Marinho Lutz, Président-directeur général de Cosan.

Le processus de transformation de canne à sucre en éthanol utilisé par Raizen est la méthode la plus efficace de transformation de biomasse en carburant. Selon l’UNICA, l’union de l’industrie cannière brésilienne, la canne à sucre brésilienne permet de produire 7 000 litres d’éthanol par hectare de canne, en comparaison avec, par exemple, 3 800 litres par hectare de maïs aux États-Unis et 2 500 litres par hectare de blé en Europe.

"La canne à sucre est, à notre connaissance, la plante la plus efficace en termes de conversion de la lumière du soleil en énergie", a déclaré le Professeur Edgar de Beauclair, du Département des cultures agricoles de l’Université d’État de Sao Paulo.

Des biocarburants de meilleure qualité

La transformation de la canne à sucre en éthanol offre un certain nombre d’avantages environnementaux, par rapport à d’autres processus de production de biocarburants explique Cosan. Pendant sa croissance, la canne à sucre absorbe généralement du CO2 en proportion supérieure par rapport aux autres plantes cultivées pour produire des biocarburants comme le soja.

Brésil : Shell et Cosan s'associent dans l'éthanol

L’éthanol obtenu à partir de la canne à sucre brésilienne produit environ 70 % de CO2 de moins que le pétrole, lorsque les processus de culture et de production sont pris en compte. Selon l’UNICA, depuis 2003, l’utilisation de l’éthanol au Brésil a évité l’émission de plus de 103 millions de tonnes du CO2 que le pétrole qu’il a remplacé aurait produite.

Les produits de récupération issus de la transformation de la canne à sucre en éthanol sont recyclés en engrais organique. Le résidu de la canne à sucre, appelé bagasse, est brûlé pour alimenter les usines de traitement et l’énergie excédentaire est fournie au réseau national.

Afin d’améliorer davantage sa productivité, Raizen utilisera son propre système avancé d’informations géographiques pour gérer de ses terres. Cela permet aux scientifiques de prédire avec précision le rendement des cultures et d’ajuster la quantité d’engrais appliquée ou l’intervention phytosanitaire – par exemple pour améliorer la production.

"L’éthanol produit à partir de la canne à sucre brésilienne est l’un des biocarburants les plus durables et à la teneur en CO2 la plus faible actuellement disponible", a expliqué Mark Gainsborough, Vice-président exécutif des énergies alternatives chez Shell. "Le développement des carburants modernes devrait bénéficier des matières premières de Cosan et de son expertise dans le domaine de la production de biocarburants à grande échelle. Cela peut potentiellement accélérer la future viabilité commerciale de l’éthanol cellulosique."

L’accord inclut une partie de l’intérêt de Shell dans la société Iogen, qui utilise des enzymes pour transformer les déchets végétaux en éthanol, ainsi que l’intérêt de Shell dans Codexis, qui développe des "super-enzymes" pour accélérer la conversion des déchets végétaux en carburants destinés aux transports.

Une production durable

Raizen s’efforcera d’améliorer la durabilité de ses opérations. La canne à sucre utilisée pour produire de l’éthanol requiert l’ajout de peu d’eau, car les pluies tropicales brésiliennes fournissent une irrigation naturelle. Dans le processus industriel, Raizen a introduit un système qui recycle jusqu’à 90 % de l’eau utilisée.

Raizen soutient le développement de différentes variétés de canne à sucre adaptées au climat régional et capables de résister aux maladies. S’agissant de la protection phytosanitaire, la société élève et libère des prédateurs naturels, ce qui réduit davantage l’utilisation de pesticides chimiques.

Raizen est parvenue à un stade avancé dans le déploiement de la récolte mécanisée, répondant déjà aux exigences qui entreront en vigueur d’ici à 2014 dans le principal état brésilien producteur de canne à sucre de Sao Paulo. La société utilise déjà des machines sur environ 64 % de ses terres où cela est possible (celles présentant une inclinaison inférieure à 12 %). Les émissions de CO2 peuvent être réduites grâce à la récolte mécanisée, car cette dernière supprime le besoin de brûler la paille dure, une étape nécessaire dans la coupe manuelle.

L’actuelle production de canne à sucre au Brésil occupe jusqu’à 8,1 millions d’hectares, soit environ 0,9 % du territoire total du pays. La législation gouvernementale interdit aux industries d’entrer dans des zones sensibles comme les forêts tropicales humides ou les terrains requis pour d’autres cultures vivrières. Elle interdit également de déplacer des cultures vivrières dans d’autres zones sensibles. En outre, les lois nationales reconnaissent les droits des communautés autochtones, ainsi que leurs revendications de la propriété des terres. Les principales zones de culture de canne à sucre se trouvent à des centaines de kilomètres de la forêt amazonienne.

            

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