Les vagues de chaleur extrême deviennent de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique, ce qui soulève des questions cruciales sur les moyens les plus efficaces pour se rafraîchir. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université d’Ottawa remet en question l’idée selon laquelle les ventilateurs peuvent efficacement refroidir le corps pendant ces épisodes de chaleur intense.
L’étude, dirigée par Robert Meade, chercheur postdoctoral à l’Unité de recherche sur la physiologie humaine et environnementale de l’Université d’Ottawa, suggère que les ventilateurs pourraient ne pas être aussi efficaces qu’on le pensait pour lutter contre la chaleur extrême. Selon les résultats de cette recherche, les ventilateurs améliorent certes l’évaporation de la sueur, mais cet effet n’est pas suffisamment puissant pour abaisser significativement la température interne du corps lorsqu’il fait déjà très chaud (au-dessus de 33-35°C).
Les personnes âgées, qui peuvent avoir une capacité réduite à transpirer, bénéficient encore moins des avantages rafraîchissants des ventilateurs. « Même chez les adultes plus jeunes, les ventilateurs ne fournissent qu’une petite fraction de la puissance de refroidissement de la climatisation », explique Robert Meade.
Des recommandations pour les organisations de santé
L’étude recommande aux organisations de santé de continuer à déconseiller de compter sur les ventilateurs pendant les épisodes de chaleur extrême, en particulier pour les personnes âgées et les autres groupes à risque plus élevé de coup de chaleur et d’autres problèmes de santé liés à la chaleur. L’accent devrait plutôt être mis sur l’accès à des solutions de refroidissement alternatives, comme la climatisation, et sur l’exploration de moyens pour rendre ces options plus accessibles et respectueuses de l’environnement.
Les autorités de santé publique ont un rôle à jouer dans ce domaine. « Maintenir une température intérieure fraîche est important pour les personnes vulnérables, mais les stratégies de refroidissement comme la climatisation peuvent être coûteuses et néfastes pour l’environnement. Il est crucial d’améliorer l’accessibilité et la durabilité de la climatisation et d’autres formes de refroidissement ambiant pour protéger ceux qui en ont besoin », souligne Robert Meade.
Méthode basée sur la modélisation de l’équilibre thermique humain
La recherche a été menée en utilisant des techniques de modélisation de « l’équilibre thermique humain » développées en 2015. En étendant ces modèles pour estimer la température centrale dans diverses conditions et hypothèses de modélisation, les auteurs ont pu comparer les effets attendus de l’utilisation d’un ventilateur dans un large éventail de scénarios.
« Les résultats des 116 640 modèles alternatifs que nous avons produits dans les analyses de sensibilité indiquent que les ventilateurs ne réduisent probablement pas de manière significative la température centrale en cas de forte chaleur, et n’égalent pas le refroidissement par climatisation. Les comparaisons avec des techniques de modélisation plus avancées et des simulations de vagues de chaleur en laboratoire ont confirmé cette conclusion », ajoute Robert Meade.
Ainsi, si les ventilateurs peuvent encore jouer un rôle important dans le refroidissement à des températures modérées, ils ne suffisent pas à eux seuls lorsque la chaleur devient extrême. Cette étude souligne l’importance de développer des solutions de refroidissement plus durables et accessibles pour protéger les populations vulnérables face aux vagues de chaleur qui se multiplient.
L’étude intitulée : A critical review of the effectiveness of electric fans as a personal cooling intervention in hot weather and heatwavesnorth_eastexternal link, a été publié dans le Lancet Planetary Healthnorth_eastexternal link.