Exploitation des gaz de schistes : la gestion de l’eau en question

Selon un nouveau rapport** publié par Accenture, la question de l’eau représenterait la principale difficulté à résoudre dans l’extraction des gaz de schistes, qui se différencie en cela de l’exploitation des gaz conventionnels.

L’étude a examiné comment les pays possédant des réserves identifiées, tels que l’Argentine, la Chine, la Pologne et l’Afrique du Sud, peuvent tirer parti du retour d’expérience des Etats-Unis en matière de réglementation, d’utilisation et de gestion de l’eau pour exploiter les ressources en gaz de schistes de façon économique et durable.

Le rapport recense aussi les conséquences d’une exploitation des gaz de schistes pour les compagnies pétrolières et gazières et souligne les domaines sur lesquels elles devraient se concentrer pour se doter des moyens de réussir dans les conditions actuelles.

« Les compagnies pétrolières et gazières qui réussiront seront celles qui sauront gérer la question de l’eau – utilisation et recyclage, traitement, approvisionnement et élimination », a expliqué Jean-Marc Ollagnier, directeur général monde d’Accenture en charge des secteurs de l’énergie et des ressources naturelles. « Sur les sites pour lesquels les infrastructures posent problème, l’une des possibilités consiste à lancer l’exploration en partageant le développement des infrastructures, les installations de traitement de l’eau et les demandes d’approvisionnement du marché local. »

Selon le rapport, les pays pourront traiter et résoudre différemment les problèmes liés à l’eau en fonction de la géologie des terrains et des caractéristiques régionales.

Il compare par exemple les difficultés d’approvisionnement en eau du bassin du Karoo, en Afrique du Sud, à celles rencontrées par la Pologne, et montre à quel point les volumes d’eau refluée et de matières dissoutes totales (MDT) sont différents sur les sites américains. L’eau refluée désigne le fluide à base d’eau contenant du sable et des additifs qui est injecté pour fracturer la roche et qui remonte à la surface après la fracturation. Il contient des sédiments, des additifs chimiques, des ions métalliques dissous et des MDT.

L’analyse précise également que, dans un contexte en évolution constante, les options de gestion de l’eau peuvent changer. De ce fait, un engagement proactif aux côtés des opérateurs afin d’élaborer la réglementation favorisera l’adoption de solutions efficaces et diminuera les coûts de mise en conformité.

De plus, la logistique peut fournir des opportunités immédiates à certains opérateurs. La définition d’un modèle d’exploitation logistique qui réponde aux enjeux de l’eau améliorera l’écoulement, l’efficience et la traçabilité. Sur certains nouveaux marchés, il est possible de concevoir des éléments propres à un bassin et de partager les capacités et les infrastructures excédentaires, telles que les installations de traitement de l’eau.

[DVID]

Le rapport souligne que l’on s’attachera de plus en plus à diminuer l’intensité de l’injection de l’eau utilisée pour la production, ce qui peut être réalisé en augmentant l’efficience des opérations et en maximisant les opportunités de recyclage de bout en bout des eaux usées et de traitement de l’eau. Il existe par exemple des possibilités de travailler avec des prestataires de traitement de l’eau afin d’exploiter les nouvelles technologies en la matière.

Les opérateurs devront également veiller à évaluer précisément les obligations plus strictes relatives aux données concernant les flux de matériaux utilisés pendant tout le cycle d’exploitation des gaz de schistes. La collecte et l’enregistrement de ces données, ainsi que l’établissement de rapports, conduiront les entreprises, et les autorités chargées de la réglementation, à appliquer un niveau supplémentaire de gestion des données, afin qu’elles servent effectivement à évaluer l’impact sur l’environnement.

** Water and shale gas development: leveraging the US experience in new shale developments (.PDF téléchargeable ICI )

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fredo

l’approvisionnement en eau est un vrai sujet, notamment pour les conflits d’usage, idem pour le recyclage de l’eau. Mais le risque d’exploitation n’est pas évoqué, tel la pollution de nappes phréatiques par capillarité ou par accident en intrusion directe, AVANT le recyclage éventuel de l’eau, ce qui implique par exemple qu’il faudra supporter une hausse du prix de l’eau au particulier. Dernier point, faire miroiter l’indépendance est une farce, le prix du gaz au client final, particulier ou entreprise, ne sera pas moins cher car il restera indexé sur le marché mondial. Uner conclusion: non merci !

Nicias

On ne peut pas la remettre au fond et boucher le trou ? A priori, ce serait quand même moins cher. @Fredo l’approvisionnement en eau est un vrai sujet, notamment pour les conflits d’usage, Rassurez vous, on ne va pas manquer d’eau. Il suffit de pomper dans un fleuve l’eau qui va inutilement se déverser dans l’océan, après tout parait que la mer monte ! On a pas besoin d’eau potable pour faire de la fracturation hydrolique.

Eloi

Vous êtes génial ! 🙂 Vous avez inventé le “certificat de non-montée des eaux” ! Avec un peu de com’, une bonne imprimante et quelques appuis genre Connie Hedegaard, + une installation de fracturation hydraulique (gaz de schiste ou géothermique profond, je vous laisse le choix des armes) il y a moyen de se monter une superbe fortune goresque payée par les îles Kiribati (elles-mêmes financées par les fonds carbones) ! La boucle est bouclée ! (cela dit, mieux vaut ne pas en rire… puisque c’est suffisamment absurde pour que ca puisse arriver !! :-S)

Pas naif

une solution de fraking sans eau mais avec CO² liquide (72bars 31°C) qui ne dissout pas les ions métalliques. Comme il faut de toutes façons des pipe-lines pour évacuer le futur gaz de schistes vers le réseau général, ces mêmes tuyaux locaux (avant raccord au réseau général) serviraient à fournir le CO² liquide puis à l’évacuer après coup, retour vers la station régionale de compression et stockage. Bien sûr c’est plus cher, mais ce gaz est tellement pas cher qu’il peut se payer ce luxe là, qu’une Loi devrait imposer. Pas avoir peur du mélange CO²/gaz de schiste car ce dernier en a d’origine et demande de toutes façons d’en être épuré avant d’accéder au réseau général. Reste un autre problème sans solution en vue: Installer un site de 6 hectares pour chaque puits tous les 600m comme aux US conduirait à occupper un sixième du territoire ! Mitage et décomposition du terroir! Même si le risque phréatique serait résolu, c’tui-là ne l’est toujours pas.