Japon : impact de l’incident nucléaire sur les marchés

« De tous les événements qui ont suivi le séisme et le tsunami au Japon, l’incident à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi près de Sendai, notamment, la perte du système d’énergie d’appoint nécessaire au refroidissement des barres de combustible nucléaire irradié, aura sans doute le plus gros impact sur les marchés des produits de base en général à l’avenir », estime Patricia Mohr, vice-présidente d’Études économiques et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia.

À court terme, le Japon se tourne vers le GNL et le brut importés pour compenser la perte de 9,7 GWe capacité nucléaire. Vu le peu de dommages subis par les terminaux de GNL importé, à l’exception d’un terminal à Sendai, et la capacité sous-utilisée dans des usines alimentées au gaz naturel, le Japon a d’ores et déjà pris des mesures pour accroître ses importations de GNL en avril, principalement pour fournir de l’énergie à la région métropolitaine de Tokyo de même qu’au nord-est à partir de diverses sources (le Qatar et le Brunei, entre autres).

« L’impact le plus durable résultant de l’incident à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, une installation construite il y a 40 ans et reposant sur des technologies désuètes, sera peut-être de provoquer un réexamen des procédures de sûreté nucléaire et des technologies de réacteurs utilisées autour du monde et de freiner le développement de l’énergie nucléaire », a ajouté Mme Mohr.

À moyen terme, l’énergie nucléaire sera probablement remplacée, dans une certaine mesure, par du GNL importé au Japon et par des centrales alimentées au gaz naturel aux États-Unis et dans certains pays d’Europe, ce qui stimulera certains projets tels que le terminal de GNL de Kitimat pour le marché de l’Asie-Pacifique.

« Cependant, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et la Russie – les principaux marchés de croissance pour l’énergie nucléaire, lesquels avaient prévu ajouter 105,2 GWe de capacité nucléaire ou 66 % du total mondial avant l’incident – iront presque certainement de l’avant avec leurs importants projets d’expansion nucléaire », a indiqué Mme Mohr. « Le fait de renoncer à ces projets aurait pour effet d’imposer aux consommateurs du monde entier une forte hausse du coût des combustibles fossiles (pétrole, GNL et charbon à vapeur) durant la prochaine décennie et de restreindre le confinement des émissions de gaz à effet de serre. Dans l’ensemble, l’événement à la centrale de Fukushima-Daiichi aura pour effet de retarder, et non faire avorter, la renaissance du nucléaire. »

Les prix de l’uranium se contractent, puis regagnent un peu de terrain

Après avoir monté en flèche pour atteindre un sommet à moyen terme de 73 $ US la livre à la fin janvier (80 % de plus que le creux cyclique établi au début de mars 2010), le prix au comptant de l’uranium a reculé à 69,75 $ US à la fin février, par suite d’une modeste vente de UF6 par une entité chinoise, qui a subséquemment racheté des volumes de U3O8 aux fins de traitement en Chine.

Puis les prix ont dégringolé par suite de la nouvelle de l’incident survenu à la centrale de Fukushima-Daiichi (-6,50 $ US à 60 $ US à la mi-mars) et ont reculé davantage durant les jours suivants (chutant sous les 50 $ US), alors que la Chine annonçait qu’elle allait suspendre temporairement l’approbation de nouveaux projets nucléaires en attendant la conclusion de contrôles de sécurité dans des centrales en voie de construction et qu’elle allait mettre à jour ses règlements de sécurité.

Toutefois, les conditions du marché se sont depuis stabilisées, les prix regrimpant à 60 $ US à la fin mars.

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dede29

d’observer le comportement des marchés de l’uranium et l’analyse sous-jacente de l’évolution des conséquences de l’accident .