Depuis la catastrophe de Fukushima les politiques énergétiques sont revisitées dans de très nombreux pays, en particulier dans ceux qui ont recours à l’énergie nucléaire.
Le débat énergétique est complexe car il doit articuler plusieurs niveaux de réflexion : un niveau international marqué par l’équation énergie/climat, par l’économie et la géopolitique des ressources énergétiques ; un niveau européen puisque nous avons pris l’engagement de construire un marché commun de l’énergie, électricité et gaz naturel ; un niveau national où certaines priorités stratégiques peuvent être affichées, par les gouvernements et les populations ; un niveau local où des expérimentations énergétiques se font de plus en plus fréquemment. Ainsi les choix énergétiques ne peuvent plus se faire aujourd’hui dans une seule perspective nationale et étatique.
La question énergétique internationale est fondamentalement marquée par l’équation énergie/climat.
Afin de limiter les effets dramatiques que pourrait avoir un réchauffement excessif de la planète, il est indispensable d’accélérer l’émergence de systèmes énergétiques moins intenses en carbone. Dans cette perspective inéluctable de toute politique énergétique responsable, les auteurs examinent les principales qualités que devraient avoir les filières énergétiques à développer : une énergie sûre, une énergie à son vrai prix, une énergie respectueuse de l’environnement. Autant d’orientations qui doivent s’inscrire dans un cadre européen apte à faire jouer les complémentarités dans une perspective de compétitivité, de responsabilité environnementale et de sécurité des approvisionnements à court, moyen et long terme. C’est dans ce cadre également que se déploieront toutes les opportunités nouvelles pour les entreprises, en France et à l’étranger, puisque l’énergie nouvelle peut être source de croissance.
Depuis dix ans les politiques énergétiques ont été placées sous les projecteurs, avant de se voir, tout récemment, mettre «en examen» : parce que le prix du pétrole s’est envolé, parce que la menace du réchauffement climatique s’amplifie et, dernier coup de boutoir, parce que la catastrophe de Fukushima a ébranlé ce qui restait de certitudes.
Nous savons maintenant qu’une révolution sera nécessaire, dans les décennies qui viennent, pour faire naître des systèmes énergétiques sobres en carbone. Mais rebattre les cartes énergétiques sera une entreprise ardue, car il faudra trouver des réponses audacieuses à des contraintes mondiales (l’équation climatique, les tensions géopolitiques sur les ressources énergétiques), européennes (la construction d’un marché commun de l’énergie), nationales (la sécurité des approvisionnements et des dispositifs industriels) et même locales (l’ancrage dans le territoire d’innovations énergétiques).
La France ne sera pas exonérée de cet impitoyable cahier des charges et, rompant avec notre tradition politique, il faudra demain admettre que nous ne vivons plus sur un îlot de paix énergétique, protégés des fracas du monde.
Toutefois, notre ouvrage se veut porteur d’un autre message : la révolution énergétique qui s’annonce créera un vaste champ d’opportunités pour les entreprises françaises, au coeur d’une Europe qui concentre les plus formidables savoir-faire dans ce domaine.
L’objectif de notre travail est de fournir des clés pour la compréhension des grands bouleversements à venir afin, en particulier, que le citoyen-consommateur appréhende lucidement les choix qui se présentent à lui. Lever une partie du voile sur la future révolution énergétique est un exercice nécessaire, mais dont l’exigence est à la mesure des enjeux : la complexité et l’incertitude en sont les traits dominants.
Complexité car la sphère énergétique met en présence des filières multiples (fossiles, nucléaire, renouvelables), à la fois complémentaires et concurrentes, qui verront leurs trajectoires accélérées ou perturbées par de nombreuses innovations. Complexité également dans la nécessaire transformation de nos villes (et de nos vies…), au-delà des considérations purement liées à la production d’énergie, puisque nos modes de transport et notre habitat seront des noeuds de tensions dans ces grands changements.
Incertitude car l’indétermination est de règle dans toute révolution technologique et industrielle. Le monde énergétique restera géopolitique et, comme hier, des conflits seront à craindre.
Un accord mondial sur le climat, après les déceptions de Copenhague en 2009 et de Cancún en 2010, sera difficile à mettre en place. De nouveaux marchés et de nouveaux acteurs industriels apparaîtront, proposant des solutions plus intelligentes pour la production, le transport, la consommation (ou l’économie) d’énergie, modifiant ainsi les perspectives. Le consommateur, enfin, sera un protagoniste essentiel de la révolution énergétique, en adoptant (ou non) les innovations qui lui seront proposées tout comme il a participé activement, ces vingt dernières années, au développement d’Internet…
Notre ouvrage s’inspire des travaux de recherche et des débats conduits dans le cadre du Centre de Géopolitique de l’Énergie et des Matières Premières (CGEMP) de l’université Paris-Dauphine. Nous remercions pour ces échanges fructueux nos collègues chercheurs, ainsi que les industriels de l’énergie, les responsables politiques, administratifs, associatifs, français et étrangers, qui y ont pris part.
PRÉAMBULE. L’énergie de retour à l’agenda politique
CHAPITRE I. Réconcilier énergie et climat
UN VIRUS DANS LE SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE : LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
L’indispensable réduction des émissions…
… et la fatale adaptation aux effet
TOUR D’HORIZON DE L’ÉCONOMIE ET DE LA GÉOPOLITIQUE DES ÉNERGIES
Le pétrole : en attendant le «peakoil»
Le gaz naturel : au coeur de la transition énergétique
Le charbon : une menace à capturer et séquestrer
Le nucléaire: ni renaissance, ni extinction
Les énergies renouvelables : adapter les systèmes à l’intermittence
ESQUISSE D’UN CAHIER DES CHARGES DE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE
Préambule : les systèmes énergétiques doivent satisfaire les besoins humains… sous contraintes de soutenabilité à long terme
Les contraintes : définir un cap… en pleine incertitude
Les objectifs : allier sobriété et sécurité
CHAPITRE II. Garantir l’énergie la plus sûre, avec lucidité
PANORAMA DES RISQUES ÉNERGÉTIQUES
ADMETTRE QUE LA SÛRETÉ A UN COÛT
QUELLE GOUVERNANCE DE LA SÛRETÉ?
LA PERCEPTION DU RISQUE ET LE PARADOXE DE L’INFORMATION
CHAPITRE III. Promouvoir l’énergie la moins chère, à son vrai prix
LES COÛTS DE L’ÉNERGIE ET LEUR ÉVOLUTION ANTICIPÉE
Les coûts : de la production à la mise à disposition
Le pétrole : prix directeur de la sphère énergétique
Le gaz naturel : entre contrats de très long terme et prix spot
Le charbon : un prix inférieur à ses coûts cachés…
L’électricité : derrière le prix, l’ordre de «mérite» des centrales
Les prix énergétiques: entre rentes, profits et fiscalité
Des coûts mécaniquement orientés à la hausse
DES PRIX «POLITIQUES» : JUSTIFICATIONS ET LIMITES
L’État protecteur et la tentation du «blocage» des prix
Des prix qui doivent aussi contribuer au service public de l’énergie
ANIMER LES PRIX VIA UNE FISCALITÉ EUROPÉENNE VERTUEUSE
FAIRE DU PRIX UN AIGUILLON DE LA SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE
CHAPITRE IV. Inventer des systèmes énergétiques sobres et renouvelables
REJOINDRE LA «NOUVELLE FRONTIÈRE » ÉNERGÉTIQUE
UNE FORMIDABLE AVENTURE… PARSEMÉE D’OBSTACLES
VISION PANORAMIQUE SUR LES GRANDS CHANTIERS DE L’AVENIR ÉNERGÉTIQUE
Quelle trajectoire mondiale pour atteindre la «nouvelle frontière»?
Les Européens: prêts à investir 300 milliards d’euros par ans pendant quatre décennies?
DANS LA BOÎTE À OUTILS DE L’ÉNERGIE BAS CARBONE
Insérer des sources d’énergie renouvelables…
… dans des systèmes énergétiques décentralisés et communicants
Et par-delà les énergies renouvelables?
SAVOIR GARDER LE CAP DANS LES TURBULENCES ÉCONOMIQUES
CHAPITRE V. Une Europe de l’énergie… en devenir
L’EUROPE ÉNERGÉTIQUE : UNE MOSAÏQUE
LES GRANDS CHANTIERS COMMUNS
Finaliser le marché intérieur de l’énergie
Mieux et moins consommer : plus d’efficacité énergétique
Conforter l’engagement européen pour un monde durable
Faire reculer la pauvreté énergétique, un enjeu de solidarité majeur
LE RÔLE STRUCTURANT DES RÉSEAUX ET DES ÉCHANGES INTRA-EUROPÉENS
ENCOURAGER LES INITIATIVES DES VILLES ET DES TERRITOIRES
CHAPITRE VI. Promouvoir les nouveaux héros de la révolution énergétique
UNE REDISTRIBUTION DES RÔLES À L’AVANT-SCÈNE ÉNERGÉTIQUE
LA LIBERTÉ NOUVELLE DE L’INNOVATEUR ÉNERGÉTIQUE
LE CONSOMMATEUR ENFIN CONVIÉ À VISITER LE POSTE DE PILOTAGE
COUP D’OEIL SUR LA CALIFORNIE, DE LA SILICON À LA SOLAR VALLEY
CONCLUSION. Mettre les citoyens face à leurs responsabilités
L’EUROPE A UNE VISION (SINON UNE POLITIQUE)
EFFICACITÉ, DIVERSITÉ ET FLEXIBILITÉ
INFORMATION, TRANSPARENCE ET PROCESSUS DÉMOCRATIQUES
CENTRALISATION VERSUS DÉCENTRALISATION PARTICIPATIVE
LA FRANCE INVITÉE À DÉBATTRE DE SON AVENIR ÉNERGÉTIQUE
» afin de limiter les effets dramatiques que pourrait avoir un refroidissement excessif de la planète » mais ça c’était dans les années 70, préché par les mêmes gourous (ceux qui ont survécu au moins) qui nous alarment sur les « effets dramatiques que pourrait avoir un réchauffement excessif de la planète » Ente les deux les plus « dramatique » n’est peut être pas celui qu’on croit !
A l’heure ou la France subie une anomalie de température entre -10 et -15° C, publier un livre qui démarre sur des élucubrations de +3°C en 2100 est grotesque. Prévoir, anticiper, oui mais à un horizon raisonnable.
Nicias, Le climat est un système très complexe. Observer le thermomètre pendant 10 jours, au niveau local ne peut pas en donner un quelconque aperçu. Les déséquilibres s’observent sur le long terme, au niveau global. On peut d’ailleurs se demander si les températures que l’on observe ces jours ci ne sont pas l’un des nombreux petits symptomes d’un dérèglement global… Et puis, faut-il publier des livres sur le réchauffement seulement pendant les 10 jours de canicule annuelle?