Comment la lumière peut-elle refroidir les semi-conducteurs? Une question qui intrigue de nombreux chercheurs et ingénieurs dans le domaine de l’électronique. La réponse réside dans l’électroluminescence, un phénomène qui non seulement éclaire nos appareils mais pourrait aussi les refroidir. Découvrez comment des études récentes proposent d’utiliser des configurations multicouches pour optimiser ce processus.
L’électroluminescence est le phénomène à l’origine du fonctionnement des LED. Elle consiste à ajouter des porteurs de charge, soit des électrons, soit des trous, à un semi-conducteur. Cette addition modifie les propriétés du semi-conducteur, notamment sa capacité à conduire ou isoler les charges électriques. Dans une LED, les porteurs de charge provoquent l’émission de photons de lumière par le semi-conducteur. Ces émissions peuvent nécessiter plus d’énergie que celle disponible initialement dans le semi-conducteur. Dans ce cas, l’énergie en excès pour produire de la lumière est puisée dans la chaleur ambiante autour du semi-conducteur, ce qui permet au semi-conducteur de se refroidir en émettant de la lumière.
Amélioration du refroidissement électroluminescent
Dans une étude récente, des chercheurs ont proposé d’améliorer la performance du refroidissement électroluminescent en utilisant des semi-conducteurs à couches multiples. Cette approche, connue sous le nom de configuration multijonction, trouve déjà son application dans certaines cellules solaires photovoltaïques spéciales.
Les chercheurs ont analysé théoriquement la puissance de refroidissement dans les systèmes de refroidissement électroluminescent. Ils ont découvert que l’augmentation du nombre de couches de semi-conducteur peut améliorer les performances de refroidissement. Le système de refroidissement proposé met en lumière le potentiel des dispositifs de refroidissement à l’état solide. Cette recherche améliore également la compréhension scientifique des principes physiques sous-jacents à ces systèmes.
L’Impact des configurations multijonction
Le refroidissement électroluminescent est l’inverse du processus photovoltaïque. L’énergie des photons émis égale la somme de l’énergie électrique fournie au semi-conducteur et de la chaleur retirée de son environnement. Alors que dans le domaine photovoltaïque, on sait que les configurations multijonctions peuvent augmenter l’efficacité des semi-conducteurs, cette approche n’avait pas été explorée pour le refroidissement électroluminescent jusqu’à maintenant.
Les chercheurs ont mené une analyse théorique sur la densité de puissance de refroidissement et le coefficient de performance. Ils ont utilisé une étude de cas avec une structure à double jonction composée de matériaux semi-conducteurs comme l’arséniure de gallium et le phosphure d’indium. Le système comprenait plusieurs couches de semi-conducteurs avec des bandes interdites différentes et des filtres d’énergie passe-bas entre les couches. Chaque couche de semi-conducteur était connectée à un réservoir froid et émettait des photons vers un corps noir agissant comme réservoir chaud. Une tension était appliquée à chaque couche pour fournir l’énergie électrique externe. Les recherches ont montré que la combinaison de ces couches permet d’atteindre des niveaux de performance inaccessibles avec une seule couche.
Une découverte clé est que pour une densité de puissance de refroidissement donnée, l’augmentation du nombre de couches de semi-conducteur peut réduire la tension de fonctionnement de chaque couche, améliorant ainsi le coefficient de performance.

Légende illustration : Système de refroidissement électroluminescent multijonction proposé, composé de plusieurs couches de semi-conducteurs présentant des bandes interdites différentes (l’énergie nécessaire pour déplacer un électron afin qu’il puisse conduire l’électricité). Avec l’aimable autorisation de Yubin Park
Article : Park, Y. and Fan, S., Multijunction Electroluminescent Cooling. PRX Energy 3, 033002 (2024). [DOI: 10.1103/PRXEnergy.3.033002]