Le groupe Hydrocop, acteur de premier plan de la production hydroélectrique en France, vient de sécuriser un financement de 182 millions d’euros pour accélérer son développement. Au-delà de l’opération financière, cette levée de fonds signe l’ambition de moderniser un parc historique et de le transformer en un outil de flexibilité indispensable au réseau électrique de demain.
Dans un paysage énergétique en pleine mutation, où la volatilité des productions solaire et éolienne pose des défis constants à l’équilibre du réseau, la plus ancienne des énergies renouvelables fait valoir ses atouts. Le groupe Hydrocop, quatrième producteur hydroélectrique français et leader sur le segment de la « petite hydroélectricité », vient de boucler un refinancement de 182 millions d’euros en dette senior.
L’opération, menée auprès d’un consortium bancaire solide composé du Groupe BPCE, de La Banque Postale et de BpiFrance, dote l’entreprise des moyens nécessaires pour déployer une stratégie offensive, quelques mois après avoir consolidé sa structure en rachetant les parts de la Banque des Territoires dans sa filiale alpine.
Un héritage à moderniser, un potentiel à libérer
L’hydroélectricité française ne se résume pas aux grands barrages alpins ou pyrénéens opérés par EDF. Elle s’appuie également sur un maillage dense de plus de 2 000 petites centrales, souvent centenaires, qui turbinent au fil de l’eau les rivières et les cours d’eau du territoire. C’est sur ce segment, dont la puissance installée est généralement inférieure à 10 MW par site, qu’Hydrocop a bâti sa position. Un patrimoine industriel précieux mais vieillissant, qui nécessite des investissements conséquents pour répondre aux exigences de performance et aux normes environnementales actuelles.
Pour ce faire, le groupe engage un plan de travaux de plus de 35 millions d’euros sur les trois prochaines années. L’objectif affiché est d’augmenter de 8 % la production annuelle de son parc d’ici 2028. Le programme est un cas d’école de la modernisation énergétique, alliant gain de productivité et mise en conformité écologique.
- Augmentation de puissance : Des interventions sont prévues sur les barrages situés sur le Lot et le Tarn pour optimiser leur rendement.
- Continuité écologique : Des ouvrages de montaison (passes à poissons) et de dévalaison seront installés pour restaurer les couloirs de migration de la faune aquatique, un enjeu réglementaire et environnemental majeur.
- Sécurité et reconstruction : La stabilité du barrage de Fumel sera renforcée, tandis qu’à Lourdes, deux aménagements seront entièrement reconstruits, intégrant des turbines dites « ichtyocompatibles », conçues pour permettre le passage des poissons sans les blesser.
En parallèle, Hydrocop finalise la construction d’une nouvelle centrale dans les Alpes, la Valloirette. Cet investissement de 9 millions d’euros pour une puissance de 3 MW permettra d’injecter 11,6 GWh d’électricité verte par an sur le réseau, soit l’équivalent de la consommation de plusieurs milliers de foyers.
“Notre feuille de route est claire et ambitieuse : augmenter le productible, améliorer la performance environnementale de nos aménagements et apporter davantage de pilotabilité au réseau. Les travaux et projets engagés posent les bases d’un parc plus efficace, plus flexible et plus utile au quotidien des territoires”, détaille Jean-Éric Carré, Directeur général du groupe Hydrocop.
La flexibilité, nouveau Graal de l’hydroélectricité
L’un des axes les plus stratégiques du plan d’Hydrocop réside dans la recherche de flexibilité. La capacité de l’hydroélectricité à démarrer en quelques minutes et à ajuster sa production en temps réel en fait un complément naturel aux énergies intermittentes. Le groupe entend pousser cette logique plus loin pour valoriser ses actifs et renforcer sa contribution à la sécurité d’approvisionnement.
Des projets d’hybridation sont ainsi à l’étude, visant à coupler des centrales au fil de l’eau avec des systèmes de batteries stationnaires. Cette association permettrait de lisser ainsi la production et optimisant son intégration au réseau. Plus ambitieux encore, le groupe explore le développement de petites stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Ce système, qui consiste à utiliser les surplus d’électricité pour pomper l’eau vers un réservoir en amont avant de la turbiner à nouveau en cas de besoin, constitue une forme de batterie hydraulique à grande échelle. Un premier projet est déjà envisagé, adossé à un ouvrage existant.
Un modèle économique au service des territoires
La structure actionnariale d’Hydrocop confère à sa stratégie une dimension particulière. Le groupe est en effet détenu par des entreprises locales d’énergie, ces distributeurs historiques qui maillent encore une partie du territoire français. Pour ces acteurs, sécuriser un approvisionnement en énergie renouvelable, locale et à un prix stable est un enjeu vital. Un contrat d’achat d’électricité d’une durée de quinze ans a d’ailleurs été conclu entre Hydrocop et ses actionnaires, leur garantissant une visibilité à long terme pour couvrir les besoins de leurs propres clients.
“Ce refinancement renforce le positionnement d’Hydrocop comme acteur majeur de l’hydroélectricité en France. En accord avec la raison d’être du groupe, nous faisons bénéficier nos entreprises locales actionnaires d’une production d’énergie locale et responsable pour qu’elles approvisionnent leurs clients, tout en apportant davantage de pilotabilité au système électrique”, souligne Frédéric Bouvier, Président du Groupe Hydrocop.
L’opération financière se double ainsi d’une vision industrielle qui ancre la production au cœur des territoires, loin des logiques purement spéculatives, pour faire de la « houille blanche » un pilier renouvelé et agile de la souveraineté énergétique française.
Source : Hydrocop











