L’eau du robinet pourrait être contaminée par des additifs du caoutchouc

L'eau du robinet pourrait être contaminée par des additifs du caoutchouc

Les joints en caoutchouc des appareils de plomberie peuvent libérer des additifs potentiellement nocifs dans l’eau potable, selon une étude publiée dans Environmental Science & Technology Letters.

A noter que cette étude a été financée par le programme Merlion où collaborent, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, la Nanyang Technological University, le National Research Foundation de Singapour et le Public Utilities Board, l’agence nationale de l’eau de Singapour.

Des additifs du caoutchouc trouvés dans l’eau du robinet

Pour améliorer la résistance et la durabilité du caoutchouc, les fabricants y ajoutent généralement des additifs.

Des scientifiques ont montré que la poussière de pneu est en mesure de transporter ces substances, comme le 1,3-diphénylguanidine (DPG) et le N-(1,3-diméthylbutyl)-N’-phényl-1,4-benzènediamine (6PPD), dans les cours d’eau.

Le DPG et le 6PPD ont également été détectés dans des échantillons d’eau potable, bien que l’origine de ces composés reste incertaine.

Dans des recherches antérieures, Shane Snyder et Mauricius Marques dos Santos ont constaté que ces additifs du caoutchouc peuvent réagir avec les désinfectants dans l’eau potable simulée. Leurs tests en laboratoire ont généré divers composés chlorés, dont certains pourraient endommager l’ADN.

Crédit : https://pubs.acs.org/action/showCitFormats?doi=10.1021/acs.estlett.3c00446&href=/doi/10.1021/acs.estlett.3c00446

Dans cette étude pilote, l’équipe a prélevé de l’eau du robinet dans 20 bâtiments et a détecté des additifs polymères à des niveaux de l’ordre des parties par billion dans chaque échantillon. Les chercheurs expliquent que ces composés ne sont actuellement pas réglementés, mais que les niveaux mesurés sont potentiellement préoccupants, sur la base des résultats de leurs études antérieures sur des bioessais sur des cellules humaines.

Des sous-produits chlorés formés dans l’eau potable

Tous les échantillons contenaient du DPG et l’un de ses sous-produits chlorés, tandis que le 6PPD et deux autres composés contenant du chlore ont été trouvés dans moins de cinq échantillons. Il s’agit du premier rapport sur des sous-produits chlorés du DPG dans l’eau potable, selon les chercheurs.

Pour voir si ces composés pourraient provenir d’appareils de plomberie, l’équipe a testé des joints toriques et des joints d’étanchéité en caoutchouc de sept dispositifs commerciaux, dont des aérateurs de robinet et des joints de raccordement.

Dans l’expérience, les anneaux ont été placés dans de l’eau avec ou sans désinfectants chlorés pendant deux semaines maximum. La plupart des joints, à l’exception de ceux à base de silicone, ont libéré des additifs DPG et 6PPD. De plus, les pièces de plomberie placées dans l’eau traitée au désinfectant ont généré des formes chlorées de DPG en quantités cohérentes avec celles observées dans les échantillons d’eau potable.

L’exposition humaine via l’eau potable

Comme certains joints en caoutchouc des appareils de plomberie libèrent du DPG et du 6PPD, les chercheurs affirment que l’eau potable, ainsi que la pollution des pneus, pourraient être une voie d’exposition humaine à ces composés.

En synthèse

Cette étude pilote met en évidence la présence d’additifs du caoutchouc potentiellement nocifs dans l’eau du robinet. Les joints des appareils de plomberie en libèrent et génèrent des sous-produits chlorés. Bien que préliminaires, ces résultats soulèvent des inquiétudes sur l’exposition humaine via l’eau potable. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour évaluer l’ampleur du problème et les risques sanitaires.

Pour une meilleure compréhension

Quels additifs du caoutchouc ont été détectés dans l’eau potable ?

Le 1,3-diphénylguanidine (DPG) et le N-(1,3-diméthylbutyl)-N’-phényl-1,4-benzènediamine (6PPD) ont été détectés à l’état de traces dans tous les échantillons d’eau potable.

D’où proviennent ces additifs dans l’eau du robinet ?

L’étude montre que les joints en caoutchouc de certains appareils de plomberie libèrent ces additifs dans l’eau potable.

Quels sont les risques de ces substances ?

Certains sous-produits chlorés formés peuvent endommager l’ADN. Mais leur présence à l’état de traces pose question sur l’exposition humaine.

Cette pollution est-elle réglementée ?

Non, ces composés ne sont pas encore réglementés dans l’eau potable.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Des recherches plus poussées sont nécessaires pour évaluer l’ampleur du problème et les risques sanitaires.

Cette étude est-elle définitive ?

Non, il s’agit d’une étude pilote préliminaire sur un petit échantillon. Ses conclusions devront être confirmées.

Occurrence of Polymer Additives 1,3-Diphenylguanidine (DPG), N‑(1,3-Dimethylbutyl)‑N’‑phenyl-1,4-benzenediamine (6PPD), and Chlorinated Byproducts in Drinking Water: Contribution from Plumbing Polymer Materials, Environmental Science & Technology Letters (2023). DOI: 10.1021/acs.estlett.3c00446.

[ Rédaction ]

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