Les fournisseurs d’électricité auront une obligation de capacité

Le gouvernement a précisé lundi les modalités de la réforme en cours dans le but de garantir sur le long terme la sécurité d’appro- visionnement électrique de la France aux pics de consommation et a activé la cellule de veille sur le passage de l’hiver en électricité.

A cet effet, le Ministre de l’énergie (Eric Besson) a réuni hier la cellule de veille sur le passage de l’hiver réunissant les producteurs, fournisseurs, gestionnaires de réseau et grands consommateurs d’électricité en France.

Ils ont confirmé les prévisions a priori "plutôt rassurantes" rendues publiques par RTE le 9 novembre dernier, à l’occasion de la remise au Ministre de son rapport relatif au passage de l’hiver. Mais 2 points de vigilance importants ont été identifiés : le premier porte sur la disponibilité des capacités d’importation d’électricité suite à la fermeture de 8 réacteurs nucléaires en Allemagne. Le second porte sur les 2 régions les plus vulnérables de France que sont la Bretagne et PACA en ce qui concerne l’approvisionnement électrique.

L’une des raisons avancées pour lesquelles la France ne devrait pas souffrir de pénurie de capacités électriques, demeure que "des surcapacités existent ailleurs en Europe". C’est pourquoi, la réduction de la production nucléaire en Allemagne devrait le conduire à mobiliser davantage les centrales à charbon de l’est de l’Europe. En définitive, l’Europe paiera globalement son électricité plus chère cet hiver et émettra davantage de gaz à effet de serre.

Par ailleurs, Eric Besson a présenté les contours de la réforme en cours pour garantir sur le long terme la sécurité de l’approvisionnement électrique de la France aux pics de consommation.

Cette sécurité d’approvisionnement passe avant tout par "la préservation du socle de production nucléaire de la France", confirmée par le Président de la République. "A très court terme, des mesures comme la fermeture de la centrale de Fessenheim seraient extrêmement préjudiciables pour la sécurité électrique de notre pays."

Afin de garantir dans la durée le passage des pics de consommation, les autorités veulent également agir sur la demande d’électricité comme en développant des moyens de production de pointe. En application de la loi NOME du 7 décembre 2010, le Ministre a fixé comme objectif que soit pris au premier semestre 2012 un décret créant "une obligation de capacité électrique pour tous les fournisseurs d’électricité en France."

Cette obligation de capacité ne pourra cependant produire pleinement ses effets qu’à l’horizon de l’hiver 2016-2017 au plus tôt. Or, la France doit investir dans l’intervalle dans la production et l’effacement compte tenu des besoins identifiés à l’hiver 2015-2016.

En conséquence, Eric Besson a annoncé lundi le lancement dès mi-2012 d’un appel à projets permettant d’assurer que les investissements nécessaires à la sécurité électrique de la France ces prochaines années seront réalisés. Cet appel à projets sera ouvert à toutes les nouvelles capacités électriques, y compris capacités d’effacement et capacités de production rénovées, qui ne font pas l’objet de contrats par ailleurs. Il permettra de donner dès 2012 de la visibilité à toutes les filières pour assurer la pérennité et le développement des capacités nécessaires.

« Alors que certains prennent en otage la sécurité électrique des Français dans leurs marchandages électoraux, le Gouvernement poursuit son action pour sécuriser notre approvisionnement électrique. Cette sécurité est mise en question cet hiver par les décisions allemandes de fermeture de 8 centrales nucléaires, qui nous conduit à la plus extrême vigilance. C’est aussi un enjeu de plus long terme, avec des besoins d’investissement importants identifiés à horizon 2015-2016. Le maintien du socle nucléaire est la première réponse à cet enjeu. Au-delà, nous allons mettre en place en 2012 une obligation de capacité pour tous les fournisseurs d’énergie et lancer un appel à projets pour que les investissements nécessaires d’ici 2015 soient réalisés », a déclaré Eric Besson.

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Steph

Je propose alors que le gouvernement donne l’ordre formel a ErDF et aux gestionnaires de reseau de cesser de saboter les connexions nouvelles au reseau en rallongeant les duree d’instruction et ergotant sur des virgules mal placees. Car ErDF est bel est bien en train de mettre en place une politique de sabotage des installateurs PV survivants en multipliant les tracasseries administratives jusqu’au degout. Je propose aussi que le gouvernement donne l’ordre de formel aux DDT de favoriser et simplifier la remise en route de microcentrales hydro sur les barrages existants, ce qui a encore plus de sens si les barrages ont une capacite de reservoir. Ca signifie cesser d’avoir la vue courte en effacant des barrage qu’on va reconstruire dans quelques annees …. tout on l’a fait pour les lignes de tram.

dede29

Je m’interroge sur la signification concrete de ces termes ; présenter des projets ,c’est facile ,mais s’engager financièrement (donc avec des provisions ) pour la décennie future sans connaitre les couts de l’électricté à ces dates ,je n’y crois pas ! C’était possible avant avec une stabilité des prix , des prévisions stables et de gros producteurs . Je suis opposé aux micro centrales hydrauliques qui pour une faible production anéantissent les poissons (abscence des mesures échappatoires ) .

enr100pc

Je me permets de répondre à votre dernière affirmation qui me semble un peu rapide : “Je suis opposé aux micro centrales hydrauliques qui pour une faible production anéantissent les poissons (abscence des mesures échappatoires ) .” Je suis d’accord avec vous pour dire que certaines anciennes centrales hydro au fil de l’eau et qui ne possèdent pas de passe à poissons efficaces peuvent poser des problèmes vis-à-vis de (cetains) poissons. En revanche, vous ne pouvez pas énoncer une règle simpliste alors qu’il existe des solutions de turbines basse vitesse notamment parfaitement compatibles avec les poissons. Quelques liens pour vous en convaincre (peut-être ?):

Teredral

Si le raccordement de PV permettait de faire face aux pics de consommation, cela se saurait. Pour le passage du pic de 19 h en hiver, on ne peut guère compter sur le soleil… pas plus que sur l’éolien, car ces ENR sont avant tout des ENRI (I comme intermittentes).

Reivilo

@Teredral, autant pour le solaire je suis d’accord avec vous, mais pourquoi dites vous qu’on ne peut-on pas compter sur l’éolien à 19H en hiver ? Au contraire la production éolienne est plus forte en hiver qu’en été et en moyenne, le vent souffle un peu plus le soir qu’à midi ou au milieu de la nuit. Donc cette production est bien sûr prévue et prise en compte pour passer la pointe de consommation de 19H par les gestionnaires du RTE. Mais je suis d’accord avec vous pour dire que sa contribution pourrait être plus importante si l’éolien était plus développé en France.

Teredral

Pour passer les pointes de consommation, il vaut mieux pouvoir compter sur des moyens de production dont on maîtrise la puissance tels que l’hydraulique de retenue ou les turbines à combustion. Ce n’est pas parce que localement et lors d’une période précise de grand froid la puissance éolienne a été proche du nominal qu’il en sera ainsi chaque jour aux heures de pointe et sur une partie étendue du territoire. Ceci ne veut pas dire que l’éolien n’est pas pris en compte comme moyen de production lors de la pointe de consommation mais à un niveau de puissance dépendant des conditions météorologiques.

Dan1

Je vous laisse imaginer la rime dans le titre, je n’ai pas trouvé. Tout ceci pour dire que les nouvelles EnR vedettes ont des heures de gloires, les fameux records de production diffusés dans la presse, elles ont également des moments de faiblesse moins médiatisés. Prenons un exemple emblématique et très significatif compte tenu de la taille des installations : l’Allemagne. Aujourd’hui, ce grand pays industriel possède 19,7 GW de photovoltaïque et 27,5 GW d’éolien : A total, c’est 47,2 GW de puissance installée. Pourtant depuis la semaine dernière l’Allemagne fonctionne au charbon + lignite + gaz + nucléaire à hauteur d’environ 40 GW. Un focus sur la production éolienne en Allemagne : Mais vous me direz : nous ne sommes pas encore en hiver où cela produit plus. Donc attendons le 21 décembre;

Dan1

J’avais oublié nos amis Espagnols qui ont un très beau parc éolien : Vous pouvez voir qu’hier les Espagnols ne pouvait porter assistance à nos amis Allemands (même avec de grosses lignes à haute tension). Mais le gaz à bien gazé. Donc les FOSSILES + FISSILES ont bien jouer leur rôle en Europe.

Lionel_fr

Un des nombreux articles sur l’echec du rachat de Repower : Je ne suis pas satisfait par les demandes d’EELV mais je ne vois pas d’autre moyen de contrarier le management énergétique français que de le faire reculer. Selon moi , il faut rediriger l’investissement de Penly vers le développement industriel des filières EnR et la production EnR + stockage. Puis fermer les centrales au fur et à mesure des avancées dans les EnR (et non pas avant..) En 2025 , la comparaison des technologies sera alors LOYALE, on peut alors statuer sur les meilleures technologies calmement. Le problème de ce débat est qu’il arrive un peu tôt : les EnR sont trop jeunes : l’éolien est véritablement crédible depuis 6 ans et l’offshore n’existe pas encore en France. Il faut remettre cette question à 2020 ! Là les deux camps prétendent faire des choix sur 39 ans et ils ont tort tous les deux. En tout état de cause , le marché industriel de l’éolien a un CA bien plus important que le marché du nucléaire et même avec une croissance réduite par la crise , le spread s’accroit d’année en année M’enfin pourquoi est-ce en France que cette question se pose avec autant de brutalité ? Parce que l’industrie nuke y est ultra hégémonique comme elle ne l’est nulle part ailleurs. Admettons qu le nucléaire détruise completement la filière éolienne , celle-ci se développerait massivement à l’étranger (R.Uni++++) et dés 2030, elle ferait “tomber la citadelle” française sans ménagement. En effet , en 2030 les capacités de production seront bien plus importantes qu’aujourd’hui et la majorité des pays seront équipés. L’industrie éolienne n’aurait plus qu’à brader ses services complètement amortis et ratatiner notre fleuron national ! Pourtant , on ne peut qu’accepter que personne ne sait faire 100% EnR actuellement et à part pour l’angleterre, la production nucléaire restera une necessité. Il est temps de cesser cet affrontement fratricide et laisser la filière nucléaire prendre des parts de marché dans l’éolien. Il me semble que la stratégie d’EDF n’est pas mauvaise en matière d’offshore ou de rachats de parcs étrangers. Mais je nourris de grandes inquiétudes sur l’indépendance d’EN par rapport à EDF. Si cette indépendance n’est pas respectée, tôt ou tard , le conflit va ronger l’entreprise ce qui coutera des fortunes et provoquera des fautes de management monumentales.

sprol

Dans la gestion des pointes d’énergie électrique, outre la réponse du côté de la production (Product Side Management), il y a aussi la gestion de la demande (DSM, Demand Side Management), notamment par les mécanismes de délestage et d’effacement (EJP, effacement jour de pointe). Ces derniers sont limités au temps des dites pointes et, tout particulièrement en France, mais pas seulement, elles sont situées principalement en semestre d’hiver, exacerbé par le chauffage électrique (par effet Joule) ; au passage, en France l’abaissement de1°C de la température entraine un accroissement de la puissance électrique appelée de l’ordre de 2 GW (source INSEE). Une façon durable de faire du « DSM » est d’éviter (interdire), une fois pour toute, l’installation de nouveaux chauffages électriques, voir de remplacer les existants par des systèmes de chauffage plus efficaces (après avoir réduit les besoins par l’isolation thermique, ventilation double flux, etc.). Ça c’est du « b.a.-ba » de la maitrise énergétique dans l’habitat. Dans le « DSM » de l’électricité des immeubles d’habitation, il y a aussi celle de la production de chaleur pour l’Eau Chaude Sanitaire, les lave-linges et lave-vaisselles. Et, celle-ci est largement influencée par la température de l’eau potable du réseau ! Cette dernière peut, par rapport à l’été, en hiver chuter de 10°C et entrainer un doublement correspondant de la consommation d’électricité de l’ECS et + 20% pour les lave-linges et lave-vaisselles. Enfin, tout ceci pour dire (écrire) qu’on pourrait également abaisser les pointes de la demande d’électricité par la « CORrection SAIsonnière (hivernale) de la température du Réseau l’Eau potable des grandes agglomérations urbaines (procédé CORSAIRE) ! C’est précisément le sujet de mon article du 29 octobre dernier sur Enerzine que je vous invite à (re)lire : Réduire de 5 à 10% l’énergie des immeubles d’une Ville (entière !)… Bonne lecture (découverte) William van Sprolant

Reivilo

Comme le signale Emile pour un commentaire identique sur une autre file, les chiffres annoncés par Dan sont erronés. @Dan1 Le site http://www.transparency.eex.com est la principale place de marché de gros pour l’Allemagne et Autriche. Elle ne reflète pas la totalité des puissances en production. La majeure partie des productions d’électricité éolienne sont sous obligation d’achat et n’apparaissent donc pas sur cette platte forme. Votre remarque du 22/11 à 19h33 n’est donc pas valide.

Dan1

“La majeure partie des productions d’électricité éolienne sont sous obligation d’achat et n’apparaissent donc pas sur cette platte forme.” S’il manque tant de capacité éolienne, pourriez-vous alors m’indiquer pourquoi on visualise un record de production à 22 000 MW en février 2011 et que site indique une capacité totale de 27 747 MW : Est-ce que la puissance prise en compte est à géométrie variable ?

Eloi

>>”créant “une obligation de capacité électrique pour tous les fournisseurs d’électricité en France.” Est-ce que cela pourrait signifier qu’un producteur de 1 MW d’électricité intermittente (éolien, solaire) doit aussi être propriétaire de 1MW d’une centrale pilotable (gaz, charbon, fioul) ?

Nicias

le 21 octobre, ou malheureusement, il y avait très peu de vent 🙁

Eloi

>>”et m’est d’avis que les producteurs d’électricité verte qui ont des capacités variables iraient plutot vers la biomasse, l’hydro et les batteries pour optimiser leur centrale virtuelle…” On sait bien que tout cela est à l’échéance où le coût des ENR+stockage couplé sera plus compétitif que ENR+CCG. Et ca c’est clairement pas pour demain. >>”..on parle des fournisseurs d’électricité, pas des producteurs.” OK, je voulais confirmer. Donc cela signifie que l’on fait toujours reposer aux propriétaires de centrales pilotables les variations de la production éoliennes, en supportant le coût financier de la baisse de la disponibilité de ces dernières. Maintenant que l’éolien devient “mature” et industrielle, combien de temps faudra-t-il pour qu’elles indemnisent les propriétaires de centrales pilotables ? >>”Une centrale gaz, charbon ou fioul (ou même nucléaire) produit également de l’électricité de manière intermittente” Heu… alors si ce n’est pas intermittent, le mot, qu’est-ce que c’est que le mot pour aléatoire et non pilotable ? Faut dire fatal, comme Janco ? Chelya, déjà que vous nous avez inventé les heures creuses la nuit pour le solaire O_O faudrait peut-être arrêté de continuer à inventer des trucs

Dan1

Pour Reivilo : L’âne commence à avoir chaud sous son grand bonnet et il voudrait avoir une réponse claire pour savoir s’il peut l’enlever. Vous avez affirmé : “Bonnet dan Comme le signale Emile pour un commentaire identique sur une autre file, les chiffres annoncés par Dan sont erronés.” Alors erronés mes chiffres ? Pour l’instant l’âne garde son célèbre coup de pied.

Sicetaitsimple

A reivilo (et Emile?) Et le jaune qu’on voit ( un peu moins en ce moment qu’en été) sur les courbes de “transparency”, c’est quoi? Ils marquent “solar”, or le solaire est totalement sous obligation d’achat, non? Vraiment des gens pas sérieux, ces allemands…..

Dan1

Bon, ben je vais vous proposer un nouveau record éolien allemand de 24,086 GW le mardi 03 janvier 2011 à 16h45 : Ce qui est vraiment très dommage c’est que les chiffres du site EEX ne veulent rien dire comme l’ont fait remarqué Reivoli, Emile (voir ci-dessus) et Wilfried là : Donc si ça se trouve il n’y a pas de record !

Sicetaitsimple

Mes meilleurs voeux. Si vous reprenez juste le fil, vous constaterez que “transparency” a maintenant son homologue en France, j’ai nommé RTE.. Ces scélérats prétendent que le nucléaire francais aurait été capable de passer de moins de 40000MW ( vers 3h00 du matin) à presque 60000MW à 9h00!!! Et même plus de 60000 à 19h00 le même jour! Vraiment n’importe quoi….On ne sait vraiment plus à qui se fier.

Dan1

Meilleurs voeux également. L’âne regarde attentivement RTE et constate que le nucléaire fait à peu près ce qu’on lui dit de faire, ce que l’on appelle un moyen de production commandable, à la baisse (ça, le PV et l’éolien savent faire) et à la hausse (là c’est plus dur). Je constate également que la production thermique à flamme est presque à l’arrêt…. ce qui est très mauvais pour les grammes de CO2 du chauffage électrique (vous savez la fameuse note ADEME et les 600 grammes). A ce train là, plus il y a de chauffage électrique et moins il y a de CO2 émis ! Je constate que l’éolien fonctionne pas mal et que pour l’instant, il peut encore se substituer au thermique (mais pas que le thermique comme le prévoyait déjà RTE : 1/3 de thermique en moins, 1/3 de nucléaire en moins et 1/3 d’exportation en plus). Et on sait déjà que l’éolien pourra encore se développer un peu en grignotant le thermique à flamme, après ce sera beaucoup plus dur.

Dan1

Sachant qu’une allégation non fondée peut s’avérer être un simple mensonge si la personne qui allègue sait pertinement que son affirmation est fausse.