L’interconnexion électrique France-Espagne en bonne voie

La Banque européenne d’investissement (BEI) s’est engagée à participer au financement de la liaison d’interconnexion France-Espagne, première liaison transeuropéenne en courant continu dotée d’une technologie innovante de conversion.

Cette participation s’effectue sous la forme d’un prêt de 350 millions d’euros accordé aux deux gestionnaires de réseau de transport d’électricité français et espagnol, RTE et REE. Un accord quadripartite a été signé à l’Hôtel de la Préfecture de Perpignan (France), jeudi 6 octobre 2011, entre la BEI, Inelfe, RTE et REE.

La nouvelle interconnexion électrique entre la France et l’Espagne revêt un caractère unique : c’est la première fois en Europe qu’une liaison électrique de cette puissance utilise la technologie innovante VSC (voltage source converter) avec la capacité de convertir très rapidement le courant alternatif en courant continu. L’atout majeur du courant continu est la possibilité, contrairement au courant alternatif, de réaliser une liaison souterraine de grande longueur.

Il s’agit d’un projet d’envergure et innovant
: la nouvelle ligne reliera les communes de Santa Llogaia (près de Figueras) et Baixas (près de Perpignan) via un tracé entièrement souterrain de 64,5 km (31 km en Espagne et 33,5 km en France). La traversée du massif des Albères (Pyrénées) se fera au moyen d’une galerie technique longue de 8,5 km, parallèle aux tunnels de la Ligne ferroviaire à Grande Vitesse (LGV) Perpignan-Figueras.

L'interconnexion électrique France-Espagne trouve finance

L’objectif premier de cette nouvelle interconnexion est de doubler la capacité d’échange d’électricité entre l’Espagne et le reste de l’Europe, passant ainsi de 1 400 à 2 800 MW. De façon très concrète, elle permettra :

  • d’améliorer la sûreté de fonctionnement du système électrique européen ;
  • d’améliorer la sécurité d’approvisionnement des systèmes électriques français et espagnol ;
  • d’améliorer, au niveau local, la qualité de l’approvisionnement en électricité pour les habitants du Roussillon et de l’Ampurdan ;
  • de favoriser l’écoulement et de mieux valoriser la production d’électricité issue des sources d’énergies renouvelables ;
  • de mieux intégrer le marché ibérique au marché électrique européen pour une meilleure compétitivité, avec une répercussion positive sur les prix de l’électricité en Europe ;
  • d’alimenter la partie espagnole de la future Ligne ferroviaire à Grande Vitesse Perpignan-Barcelone ;
  • de stimuler le développement économique et social des communes de chaque côté de la frontière avec des retombées significatives sur les entreprises locales et l’emploi durant la construction de l’interconnexion.

 

L'interconnexion électrique France-Espagne trouve finance

Le choix de la technologie de conversion, ainsi que les niveaux de puissance et de tension, conditionnent les caractéristiques du câble. La technologie choisie permet l’utilisation de câbles à isolation sèche (XLPE, polyéthylène réticulé), qui ne contiennent pas d’huile et évitent tout risque d’incident comme des fuites, des incendies, etc.

L’interconnexion se compose de deux lignes, chacune formée d’une paire de câbles, soit un total de quatre câbles parallèles. Le transport des câbles se fera par la route, par bobines de 85 tonnes. 144 jonctions devront être réalisées le long du tracé, dont 12 dans la galerie technique.


La mise en service commerciale de l’interconnexion est prévue dès 2014.

Le budget total de l’interconnexion est de 700 millions d’euros. L’interconnexion électrique est subventionnée par ailleurs par l’Union européenne à hauteur de 225 millions d’euros dans le cadre du programme EEPR (European Energy Program for Recovery).

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Julie de rte
trimtab

Interresant que ‘Julie de rte’ semble suivre en ‘temps réel’ (vu la rapidité de son commentaire) les nouvelles sur enerzine. Et pourtant ‘elle’ n’a jamais fait de commentaires lorsque j’ai évoqué, au combien de fois !: http://www.geni.org Et pourtant ça évoque ‘en grand’ ce que ça veut dire “audela des lignes” Any comments ‘julie’ trimtab

gaga42

VSC est une version “1.1” de la techno dite HDVC, utilisée depuis pas mal d’années (exemple: liaison transmanche France-UK, 2GW aussi… 1986)

Teredral

Ce que la brève, par ailleurs concise et claire, ne dit pas, c’est que cette liaison en continu coûtera 7 à 10 fois plus cher que ligne équivalente construite en courant alternatif. Mais vu l’état actuel des économies française et espagnole, c’est sûrement justifié…

Blu

Le coût d’investissement est surement plus grand en DC qu’en AC, mais (corrigez moi si je me trompe) il me semble que les pertes seront aussi plus réduites, donc il peut y avoir un avantage sur le long terme. Et puis en termes environnementaux c’est quand même une très bonne chose de faire une ligne enterrée qui ne défigurera pas le paysage. Enfin certes les travaux coûtent cher, mais c’est aussi un moyen de faire travailler des entreprises nationales sur ces technologies et de se positionner sur le marché des lignes HVDC longue distance qui a un bel avenir partout dans le monde (projet destertec, éolien offshore, supergrid un peu partout…). Pas forcément un mauvais calcul pour les économies française et espagnole. A propos l’article ne dit pas qui fabrique le matériel (les convertisseurs etc…), quelqu’un a des infos là-dessus?

Del

Vos commentaires sont accessibles à tout le monde. Félicitations!!!

Nicias

“Le coût total du projet est d’environ 700 millions d’euros. Soit environ 8 fois le coût d’un projet réalisé en technologie aérienne” Source RTE via Julie. Je n’ai pas compris l’argument écolo de RTE, la ligne est enterrée le long d’une voix ferrée, elle même électrifiée… Certes la hauteur des poteaux n’est sans doute pas pas la même, mais de là à enterrer toute la ligne… J’aurais tendance à considérer que c’est 700 millions de subventions à l’éolien Espagnol.

rouget

A priori c’est Siemens qui s’occupe de la fourniture…

Teredral

Les pertes en DC sont supérieures à celles en AC, notamment pour les raisons suivantes : – la tension AC habituelle en longue distance est à 400 kV (voire 750 kV au Canada par exemple) contre 320 kV DC dans le cas de la liaison France-Espagne, avec des pertes inversement proportionnelles aux carrés des tensions (soit un facteur 1,56), – le raccordement au réseau alternatif impose un double système redresseur-onduleur aux extrémités induisant des pertes spécifiques (et aussi des investissements et de la maintenance spécifiques).

ecoenergie

Il y a effectivement un peu plus de pertes en puissance active. L’interconnexion HVDC qui se fait de puis une quarantaine d’année n’est pas une nouveauté c’est de la mauvaise information marketing, Les seules nouveauté réelles sont l’utilisation de composants plus moderne valves a mercure jusqu’il y a une trentaine d’années, Thyristors maintenant, composants blocables IGCT et IGBT dans le futur. Mais il y a deux avantages a coupler une partie de deux reseau en continu. 1) La possibilité d’utiliser une ligne enterrée, ce qui est tres difficile en alternatif a des distances pareilles avec des pertes supplémentaires et impossible pour des distances plus grandes 2) Relier une partie de deux reseau en continu offre un avantage essentiel : Il n’y a pas de liaison de puissance reactive, les specialistes savent tout ce que cela apporte. On ameliore la stabilité du reseau et comme nous savons que nous risquons dans le futur des pannes en chateau de carte c’est un point a prendre en consideration. Enfin on diminue la puissance de court circuit L’article qui mentionne cette ligne est evidement destiné au grand public qui ne peut pas verifier les differentes assertions. Independament des lobbies (fourniture de Siemens ?) il y a un choix a faire entre une transmission classique avec ligne aerienne et une transmission a courant continu avec l’ avantages esssentiel d’augmenter la stabilité du reseau, point non negligeable pour les interconnexions europeennes du futur