Pas l’ombre d’une pénurie d’électricité cet été

Alors que le ministre de l’Industrie, Eric Besson, réunissait hier les acteurs de la filière électrique, concernant la sécurité énergétique du pays face aux aléas climatiques, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) a assuré de son côté, que le risque d’une pénurie d’offre par rapport à une demande élevée était relativement "faible".

"Une aggravation notable et durable de la situation hydrologique actuelle pourrait certes conduire à des baisses de production significatives. Mais, dans un tel scénario, et pour des températures proches des températures normales, RTE n’identifie pas de contrainte importante. Le recours à un approvisionnement sur les marchés européens pourrait en effet constituer, tout au long de l’été, un appoint nécessaire pour les fournisseurs d’énergie électrique."

Cependant, RTE tient à nuancer et indique qu’un épisode durable de canicule, dont la température serait supérieure à 7°C aux températures normales, induirait à la fois des baisses de production et un surcroît de consommation.

« En moyenne, les baisses de production dans le scénario ‘Canicule’ sont estimées à 11.300 mégawatts (MW) » explique RTE.

Dans ce scénario, "le recours à un approvisionnement sur les marchés européens pourrait aussi être nécessaire pour les fournisseurs d’énergie électrique, en particulier à partir de mi-août."

« Il pourrait être nécessaire d’importer jusqu’à environ 6.000 MW, fin septembre », précise-t-il, soit 50% de plus que durant l’été 2010.

Généralement, la consommation enregistrée en France en période estivale est de moindre niveau comparée à celle enregistrée en hiver, période de pointe de la consommation électrique. Cependant, des épisodes de forte chaleur peuvent induire des baisses de production afin de respecter les exigences environnementales en vigueur sur les sites de production.

D’autre part, le développement des usages de ventilation et de climatisation conduit à un surcroît de consommation électrique. En été, la consommation augmente de 500 MW par degré supplémentaire à la pointe journalière, soit l’équivalent de la consommation d’une ville comme Nantes et son agglomération d’environ 500 000 habitants.

Une période de canicule conjuguée à une situation hydrologique défavorable exigerait toujours d’après RTE, "un suivi attentif des paramètres météorologiques et des conséquences induites sur la disponibilité du parc de production français."

Dans un tel scénario, les situations seraient certes contraignantes mais "compatibles avec les capacités d’échanges transfrontalières pour la première moitié de l’été", conclut RTE.

Vous pouvez accéder au rapport complet sur l’analyse de l’équilibre entre l’offre et la demande pour l’été 2011 (.PDF) : >>>> ICI

 

MAJ : 10/06/2011

Hier, il a été décidé par le Ministre chargé de l’Industrie (Eric Besson), d’installer la cellule de veille sur la sécurité d’approvisionnement en électricité de la France. Cette cellule a pour objectif de se réunira tout au long de l’été.

Ainsi, la vigilance sera apportée à plusieurs paramètres, notamment sur l’intensité de la sécheresse déjà installée : elle a fait baisser de 30 % la production hydroélectrique, et pourrait aussi conduire, si elle se poursuit, à des restrictions au niveau des centrales thermiques et nucléaires qui utilisent les cours d’eau pour leur refroidissement ;

Ensuite, l’Allemagne a retiré du réseau 7 GW de puissance, ce qui a inversé les échanges d’électricité entre la France et l’Allemagne. Concrètement, sur les 5 premiers mois de l’année, nos exportations vers l’Allemagne ont augmenté de 54 % et nos importations ont baissé de 45 %. La France a été au mois de mai exportatrice d’électricité vis-à-vis de l’Allemagne.

La cellule de veille fera un point hebdomadaire sur l’évolution de la situation ; ces points pourraient devenir journaliers en cas de besoin.

En conclusion, Eric Besson a déclaré que « les premières études montrent que la France a les moyens de maintenir son approvisionnement électrique durant tout l’été. Mais nous devons rester vigilants, notamment dans le cas où une canicule viendrait s’ajouter à la sécheresse. »

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Confluence

J’aime beaucoup ces communiqués rassurants du genre “si nous on peut pas les voisins vont nous aider”. Sauf que, à la manière des nuages radioactifs… la météo qui nous pénalise ne s’arrête pas aux frontières. Donc, si l’Europe souffre de conflits météorologiques (on a vu ces dernières années des innondations terribles plus à l’est), personne ne sera réellement à l’abri. On parle régulièrement de cogénération. GE lance un projet de centrale électrique à turbine alimenté “multisources”. Il est en effet temps (c’est le cas de le dire) d’avoir des infrastructures réactives s’adaptant aux conditions climatiques tant au niveau de son alimentation que des besoins en temps réels des consommateurs. Encore un pavé dans la mare du nucléaire? Ce serait me préter un mauvais esprit…

Thermique

Quel est le rapport entre le nucléaire et la sécheresse ? Toutes les centrales a cycle de carnot sont touchées par le manque de source froide (nuc, charbon, gaz etc) et l’hydaulique (qui va manquer d’eau a turbiner). Donc, a moins d’avoir toutes nos centrales en bord de mer ou 100% d’éolien/solaire, le prblème n’est pas lié au nucléaire…

Confluence

En effet, votre annotation est précieuse, je ne doit pas juger sur une simple brève. Ce que je comprends pas, mais je suis candide dans ce domaine, c’est pourquoi les centrales nucléaires ne sont aptes à développer via une annexe, une centrale “tampon” travaillant sur un cycle de Rankine ou assimilé. Prévu pour produire à plus basse température pour faire face aux aléas de la consommation électrique, ajoutant un peu de souplesse à leur process, cette cogénération pouvant même générer un cycle de condensation industrielle limitant les besoins en eau pour le refroidissement. Un cycle complémentaire, quasiment fermé, limiterait les risques de rejets concentrés dans un cours d’eau à bas débit et de surchauffe du milieu naturel. Je crois que cela est possible, l’excédent de chaleur étant exploité à la saison froide pour alimenter des serres voisines. En faire de même à la saison chaude ne serait pas tout à la fois idiot, nuisible à sa sécurité, et d’autre part, source de revenus complémentaires…

fredo

Zut, été pas chaud et pluvieux? C’est ce que veut dire une telle assurance du Ministre. La météo fait beaucoup de progrès avec ce nouveau modèle de prévision Besson. C’est quand le Négawatt?

renewable

de l’importation de centrales thermiques en perspective alors qu’un gros apport solaire thermique/PV et de biomasse ferait largement l’affaire pour répondre à un été exeptionnellement chaud (donc plus ensoleillé). Le comble c’est qu’à cause du nucléaire il faut limiter volontairement l’hydraulique et donc réduire notre production propre!! Une vraie plaie que ce mix avec sur-représentation du nucléaire, vivement qu’on le ramène à des proportions plus raisonnables.

renewable

de l’importation de centrales thermiques en perspective alors qu’un gros apport solaire thermique/PV et de biomasse ferait largement l’affaire pour répondre à un été exeptionnellement chaud (donc plus ensoleillé). Le comble c’est qu’à cause du nucléaire il faut limiter volontairement l’hydraulique et donc réduire notre production propre!! Une vraie plaie que ce mix avec sur-représentation du nucléaire, vivement qu’on le ramène à des proportions plus raisonnables.

Sand

Personne pour se dire que c’est pas normal de vivre dans une société climatisée a outrance ? Ok pour les maisons de retraites et les hopitaux. Mais pas d’accord pour le reste. Pantalon en lin, eau fraiche, ombrelle et arretont de sur-utiliser des climatiseurs. C’est tout a fait faisable, meme a Toulouse par 38 degré dehors – je le sais d’expérience pour avoir travailler dans des bureaux sans clim.

luxeole

🙂 moi aussi !  Mais alors, un panneau solaire qui restera réellement efficient au-delà de 2-3 ans, avec un boîtier de connexion de sécurité en aluminium et non en plastique…

Mamouth

Le PV et l’éolien n’ont effectivement pas besoin d’eau pour produire. Mais la canicule, c’est rarment là que l’éolien donne sa pleine puissance. Le solaire concentré thermodynamique a lui aussi besoin d’eau pour produire, puisqu’il se base sur les mêmes cycles de production de vapeur que les centrales nucléaires ou à charbon. De mémoire, un réacteur nucléaire (une tranche) a besoin de au moins 2 m3 d’eau par seconde.

renewable

EDF a déjà réduit de 30% sa production hydro en mai (les échos d’hier) pour garder sufisament d’eau pour les centrales nucléaires qui ne peuvent pas produire en dessous d’un certain seuil des fleuves qui leur servent de refroidisseur. Mais comme d’hab on va autoriser les rejets hors température limité et les rejets radioactifs sous la limite de dilution préconisée pour éviter le black out du à notre parc sur dimensionné. Renseignez-vous cher Pamina, votre saint nucléaire peut parfois poser problème!

Thermique

On ne voit toujours par le rapport avec le nucléaire puisque d’une part le propre de l’hydraulique est de pouvoir stocker de l’énergie donc ce qui n’a pas été produit en mai, le sera plus tard. C’es seulement une gestion normale et logique du réseau. D’autre part, si vous lisez correctement les réponses au dessus de votre post : toutes les formes de prodution d’électricité (sauf le PV) sont touchées par la sécheresse/canicule. Des messages sur la réduction de notre consommation seraient plus appropriés non ?

fredo

d’où l’intérêt de limiter le PV, mais bien sûr, je crois que j’ai compris ! En fait le renouvelable ne doit pas dépasser 30% de la production sur le réseau, c’est EDF qui le dit, c’est gravé dans le marbre. Donc si la production nucléaire est réduite, du coup on est sûr que le PV ne va pas créer d’instabilité sur le réseau, on garde l’eau dans les barrages, c’est limpide, merci Thermique et…merci EDF !

renewable

vous ne voyez pas le rapport avec le nucléaire ou vous ne comprenez rien? Quand on réduit de 30% la production hydro on compense avec quoi? Un indice : votre pseudo…

Thermique

@renewable On compense avec du nucléaire… (en juin les reacteurs ne sont pas vraiment a plein charge) @fredo Je n’ai pas demandé de limiter le PV 😉 L’aspect important est bien que la production a été réduite en PREVISION d’une periode difficile. L’anticipation est plutot une bonne chose non ? Vous vous méprennez sur le role du thermique chez EDF qui est limité aux périodes de pointes et à la régulation de tension.

Thermique

Sur le site de RTE pour jeudi : Aujourd’hui : 50 000 MW de nuc DISPONIBLE, 4 000MW de charbon DISPONIBLE, 3200 MW de fioul DISPONIBLE Production de jeudi: 49 000 MW de nuc, 1 000 MW de charbon et 0 de fioul. On a donc de la marge (je ne compte pas le gaz puisque les turbine a gaz sur le site de RTE ne sont pas a EDF mais a POWEO et EON, celles d’EDF sont encore en construction).

Pastilleverte

Pas l’ombre ? Et le PV, alors ?

Francois3

Le titre de l’article ne correspond pas à l’inquiétude qu’a suscité les besoins croissants en électro-nucléaire de la part des allemands. Sachant que l’été est une période de maintenance des tranches. Et que la consommation en été ne cesse de croître avec les installations de climatisation électrique. Mais l’inquiétude du gouvernement est encore plus forte pour l’hiver. La France est suréquipée en nucléaire, donc en base et semi base, mais sous équipée en pointe. Avec une consommation de pointe qui a augmenté 2 fois plus que la consommation de base en 10 ans. Or, c’est Allemagne qui nous exportait de la pointe avec sa production au charbon en Hiver. Et la crainte, c’est que l’Allemagne en autoconsomme une partie… Sans parler du fait que l’on part avec ses réserves hydrau en baisse, or, l’hydrau est un super moyen de pointe. Dormez braves gens, lisez énerzine. Comment un site spécialisé sur l’énergie avec plein de gens compétent peut il écrire des news dignes de la Pravda ?

Francois3

Suite de mon intervention de tout à l’heure : Bilan RTE 2010 avec l’ALLEMAGNE Nos Exportations 9,4 TWh Nos Importations 16,1 TWh Regardez la page 18, et régalez vous : Depuis 2 ans, nos soldes d’exportations (2009 et 2010) étaient au plus bas. Nous exportons de la base (baseload), et importons de la pointe ( peak), car nous sommes structurellement sous dimensionné en pointe. C’est pour cela que nous investissons dans l’EPR, qui est fait pour la base…

Alix_29

Vous savez lire ! Avant de critiquer enerzine, regardez bien les derniers paragraphes. Tout est dans la nuance. Pour ma part, je pense que le titre est ironique et reste plutôt bien trouvé !!

Dan1

Pour ceux qui savent lire… un petit aperçu de l’effet Fukushima : Et dans le détail heure par heure avec les historiques : Historique 2011 : Historique 2010 :

Francois3

Je vois que personne ne commente notre dépendance structurelle en électricité de pointe pendant l’hiver vis à vis de l’Allemagne. Qui est de source fort riche en CO2 comme tous les experts qui interviennent sur le site le save. Et qui augmente de plus de 25% la gramme en CO2 de l’électricité consommée en France. Il faut absolument nier cet état de fait ?

Sicetaitsimple

C’est quoi le problème, là? Qu’une importation De MWh fossile ( d’Allemagne ou d’ailleurs, de pointe ou pas de pointe) provoque plus d’émissions de CO2 dans le pays en question est certainement un fait, mais il me semble que les exportations francaises non emettrices compensent plus que largement, non? On ne peut pas dire qu’un MWh importé importe son CO2 et en même temps dire qu’un MWh exporté (s’il est nucléaire, ce qui est le cas pour la France) n’économise pas du CO2 dans le pays importateur. La rêgle comptable, c’est que chacun se débrouille de ses émissions et que le MWh passe la frontière sans CO2 attaché.

Dan1

D’une part, la comptabilité de l’énergie observe des règles dans le monde et en Europe et je confirme ce qu’écrit Sicetaitsimple. D’autre part, si les importations d’Allemagne sont si néfastes à la France, c’est d’abord et avant tout à cause d’un problème en Allemagne qui produit un kWh, MWh, GWh, TWh trop carboné. Il faudrait donc fermer les frontières. En plus, cela empécherait les vilains électrons nucléaires de polluer nos verts voisins ! Rappelons d’ailleurs que la moyenne européenne des électrons qui se promènent dans le réseau est aux alentours de 350 g de CO2/kWh. La France est nettement en dessous et l’Allemagne nettement au-dessus !