Gaz de schiste : le Sénat adopte le texte controversé

Le Sénat a adopté hier la proposition de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des gisements d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique.

Le vote de la proposition de loi a été approuvé par 167 voix contre 152 à l’issue d’un débat assez houleux entre l’opposition accusant une majorité de "vouloir gagner du temps".

Initialement, le texte proposé par le Président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, Christian Jacob, prévoyait l’interdiction totale de l’exploration de ces hydrocarbures non conventionnels. Depuis, il a été amendé en première lecture à l’Assemblée Nationale et propose d’interdire uniquement les techniques de la fracturation hydraulique jugée très polluante. La majorité sénatoriale (UMP) a de son côté amendé le texte en rendant cette technique possible mais "à des fins scientifiques".

Les titulaires des permis auront deux mois pour déclarer aux autorités compétentes, la technique utilisée et ainsi, s’ils recourent à la technique prohibée (fracturation hydraulique) ou s’il y a absence de réponse, les permis seront abrogés.

Le Sénateur de Paris, Jean Desessard, rattaché au groupe Socialiste a dénoncé la désinvolture du Gouvernement et de la majorité à l’égard des Français.

"L’interdiction d’une seule technique laisse toute latitude aux industriels pour en trouver une autre, peut-être tout autant dévastatrice, qui pourrait n’être que très légèrement différente de la fracturation hydraulique ; celle-ci n’est d’ailleurs pas précisément définie -à dessein, dit le rapport. C’est clair."

"Il eût pourtant été simple de distinguer entre gisements conventionnels, où les hydrocarbures s’accumulent dans une roche poreuse qu’il suffit de siphonner, et gisements non conventionnels, où les hydrocarbures sont dispersés dans une roche non poreuse qu’il faut fissurer pour les extraire. Cette définition posée, il eût suffi d’interdire l’exploitation des gisements non conventionnels…"

"Les techniques propres sont encore largement hypothétiques, alors que la technique sale est au point. Les industriels vont s’engouffrer dans la porte que vous laissez ouverte. Interdisons aux pétroliers de fracturer les roches ! Si par miracle une technique propre apparaissait un jour, on modifiera la loi."

Etait également présent au Sénat un représentant du gouvernement, le Secrétaire d’Etat chargé du Logement, Benoist Apparu.

"Le Gouvernement est défavorable aux trois amendements. Il souhaite clairement écarter la fracturation hydraulique, selon une procédure juridique sécurisée, afin de limiter la facture pour les contribuables" a t’il déclaré. Et d’ajouter "Tels qu’ils existent, les permis ne distinguent pas les gisements conventionnels et les autres. On peut le regretter, mais c’est un fait juridique. D’où la nécessité de la procédure inscrite à l’article 2."

Concernant l’amendement n°12 (NDLR : les permis exclusifs de recherches de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux sont abrogés avec effet rétroactif.), il affirme que cela mettrait fin à l’exploitation du pétrole en Seine-et-Marne. "Vous le voulez ? Dites-le aux Français qu’ils paieront leur essence encore plus cher !" a affirmé le Secrétaire d’Etat.

Enfin, sur la déclaration par les industriels de la technique utilisée, il s’est exprimé de la façon suivante : "Si la fracturation est envisagée, le permis sera abrogé. Le risque de fraude existe-t-il ? L’amende de 75 000 euros serait multipliée par cinq, s’agissant de personnes morales. J’ajoute que l’utilisation d’énormes masses d’eau ne passera pas inaperçue. Inutile d’inquiéter nos compatriotes pour des motifs purement politiciens."

Le rapporteur Michel Houel (UMP), a donné une vision "optimiste" de l’exploitation du gaz de schiste : "Le film Gasland décrit une pollution de la nappe phréatique dont la cause est en fait une mauvaise mise en place du tubage. À Blackpool, la secousse sismique était de faible intensité. Des séismes de cette ampleur, il y en a des milliers tous les ans."

Et de conclure : "Je crois en la recherche, nous en avons besoin ! Je refuse la fracturation hydraulique, mais d’autres techniques sont possibles ; la piste électrique parait prometteuse. Il en va de même avec le propane, qui est récupéré à la fin du processus."

Articles connexes

6 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
fredo

fi du Sénat scélérat, vive le Conseil d’Etat! Comment la DGEC a-t-elle pu instruire puis accorder les permis en Total catimini, en violation de la constitution? Qui s’y colle?

Pastilleverte

Visionnage CRITIQUE recommandé ! La fameuse scène de l’eau dans le gaz (enfin, le contraire), n’est certes pas truquée, MAIS, ces phénomènes existaient déjà dans cette région depuis bien avant les premières explorations de shales gas…. ce que le réalisateur du film, interpellé par un spectateur lors d’une conférence de presse reconnaît, mais déclare qu’il aurait été “irrelevant” de la signaler dans le documentaire. La Peur, vous dis-je, la Peur (et la Propagande), rien de tel pour mener au fascisme ou au totalitarisme.

Guydegif(91)

“Le film Gasland décrit une pollution de la nappe phréatique dont la cause est en fait une mauvaise mise en place du tubage” Ce problème de tubage mal cimenté donc permettant communication entre couches de différentes profondeurs est CRITIQUE également dans tout contexte où des puits sont creusés, par exemple dans les zones d’irrigation ou ailleurs, oùon veut injecter des liquides pour s’en débarasser. –> Une telle communication fait qu’on retrouve des fluides inattendus là où on ne les attend pas ! Ceci est particulièrement vrai pour les gas de schistes qu’on peut donc retrouver avec l’eau potable émanent des nappes phréatiques. Mais ce n’est pas limité aux gaz de schistes, c’est vrai également pour du gaz contenu dans des roches réservoirs à faible profondeur, où une communication avec les nappes phréatiques conduit au même résultat de”gaz dans l’eau au robinet” ! Il ne faut donc pas se restreindre au contexte ”gaz de schistes”, il faut interdire le procédé de fracture hydraulique dans toute zone habitée !! Le procédé de fracture hydraulique est également utilisé dans le domaine pétrolier pour certaines roches réservoirs carbonatées (CaCo3 – limestone) de basse porosité, en association avec des acides et des grains de ”soutien” pour ouvrir les pores et obtenir une meilleure perméabilité connectant les pores….et permettant donc d’extraire les HC contenues dans les pores de la roche. ===> Pour éviter toute perturbation avec des zones de vie, il faut donc INTERDIRE la fracture hydraulique dans les zones habitées !! OK de le faire au milieu de la Mer du Nord, tout en garantissant au préalable une cimentation et isolation parfaites du tubage ! A+ Salutations Guydegif(91)

Hautescevennes

Le préfet Hugues Bousiges et le sous-préfet Philippe Portal ont eu droit à une fête de la musique qui a priori n’avait rien de festif, si l’on en juge par le déploiement de forces de gendarmerie installé devant les portes de la mairie. Les manifestants anti-gaz de schiste pacifiques mais sonores se montraient très remontés hier midi contre les représentants de l’Etat à en lire le communiqué qu’ils ont lus au préfet : “Soit vous êtes incompétents et n’avez pas vu ce qui crevait les yeux, soit vous êtes des assassins et êtes prêts à vendre notre terre à des sociétés pétrolières sans scrupule… vous êtes juges et partis, vous avez pris position dès le début pour les gaziers !”. C’était du jamais vu à Génolhac où les rues étaient barrées par les véhicules des gendarmes venus d’ailleurs renforcer la brigade locale. Les manifestants masqués contre le gaz, jouant de l’accordéon ou de percussions, chantant, dansant, n’ont eu de cesse de se faire entendre sous les fenêtres de la maison commune où se trouvaient les élus de Génolhac, accompagnés du Président de la Communauté de communes et du conseiller général. Du bruit pour réclamer un référendum populaire local.

Simonelarouge

Le processus de fracturation hydraulique est une vraie catastrophe écologique : injecter de l’eau, du stable et des produits chimiques ( cf ) à très haute pression pour fracturer la roche et libérer les poches de gaz revient à polluer longuement et durablement nos sous-sols et l’eau qui en provient, sans aucune considérations des équilibres naturels et humains en présence. Il faut résister encore et toujours aux lobbies des grands gaziers qui veulent se faire du fric, peu importe l’état de la planète. Il faut rejoindre les indignés du Larzac de la Lozère, de l’Hérault et de l’Aveyron pour que le gouvernement ne passe pas en force!

Simonelarouge

Le processus de fracturation hydraulique est une vraie catastrophe écologique : injecter de l’eau, du stable et des produits chimiques ( cf ) à très haute pression pour fracturer la roche et libérer les poches de gaz revient à polluer longuement et durablement nos sous-sols et l’eau qui en provient, sans aucune considérations des équilibres naturels et humains en présence. Il faut résister encore et toujours aux lobbies des grands gaziers qui veulent se faire du fric, peu importe l’état de la planète. Il faut rejoindre les indignés du Larzac de la Lozère, de l’Hérault et de l’Aveyron pour que le gouvernement ne passe pas en force!