Phasecraft, la pépite britannique des algorithmes quantiques, vient de lever 34 millions de dollars auprès d’un trio d’investisseurs emmené par Plural, Playground Global et Novo Holdings. De quoi renforcer son pari : rendre les ordinateurs quantiques actuels assez performants pour résoudre dès aujourd’hui certains problèmes industriels. Le tour de table porte son financement total à plus de 50 millions de dollars et confirme l’appétit des fonds pour les briques logicielles capables de rapprocher la théorie quantique de la pratique.
Fondée en 2019 à partir des travaux de l’Université de Bristol et de l’University College London, Phasecraft se spécialise dans la conception d’algorithmes « ultra-efficients », indépendants du matériel, destinés aux appareils NISQ (Noisy Intermediate-Scale Quantum – Quantum bruyant à échelle intermédiaire). Contrairement à la majorité des concurrents qui attendent l’arrivée de machines idéales, la start-up entend exploiter les qubits imparfaits d’aujourd’hui pour fournir un avantage quantique mesurable.
Les 34 millions $ obtenus devraient permettre de doubler les efforts de R&D et d’étoffer l’équipe scientifique, indique la société.
« Nous créons activement des avantages quantiques chez Phasecraft. Nos algorithmes donnent déjà des résultats significatifs, qu’il s’agisse de simuler la physique de matériaux complexes ou d’optimiser la structure d’un grand réseau énergétique, tandis que nos partenariats avec les meilleurs fournisseurs de matériel quantique au monde augmentent l’impact de nos algorithmes sur les applications commerciales. Nous sommes ravis d’avoir le soutien de nos investisseurs visionnaires tels que Plural, Playground Global et Novo Holdings, qui nous soutiennent dans notre mission d’apporter plus rapidement des avantages quantiques au monde entier » a déclaré Ashley Montanaro, cofondateur et PDG de Phasecraft.
Des partenaires industriels pilotes
La valeur de Phasecraft ne repose pas uniquement sur la science; elle se mesure aussi à la pertinence de ses cas d’usage.
L’entreprise collabore déjà avec Johnson Matthey pour la découverte de matériaux, Oxford PV pour l’optimisation de cellules solaires et le National Energy System Operator britannique pour la gestion des réseaux d’énergie.
Sur le terrain matériel, elle travaille en parallèle avec Google Quantum AI, IBM, Quantinuum et QuEra afin d’affiner ses codes en fonction des architectures disponibles.
Un modèle hybride classique–quantique
Le cœur technologique de Phasecraft consiste à utiliser l’ordinateur quantique comme accélérateur ciblé plutôt que comme remplaçant du calcul classique.
Concrètement, une partie de la problématique est pré-traitée sur CPU/GPU conventionnels, puis les étapes les plus complexes comme la simulation de matériaux, l’ optimisation combinatoire ou la chimie quantique sont expédiées sur les qubits au moment opportun. Selon la start-up, leur approche divise par des facteurs « de plusieurs millions » le nombre d’opérations nécessaires. Et cela ouvre le chemin à des gains dès que quelques centaines de qubits fiables seront disponibles.
Un signal fort pour l’écosystème européen
La participation de Novo Holdings, bras armé d’investissement du groupe danois Novo Nordisk, constitue sa première incursion directe dans le logiciel quantique.
Pour Plural, fonds codirigé par Ian Hogarth, également président de Phasecraft, la série B confirme la thèse selon laquelle l’Europe peut héberger des champions du deep tech capable d’influer sur la cartographie mondiale du quantique.
De son côté, Playground Global, habitué des paris hardware, voit dans l’optimisation logicielle un levier immédiat pour créer de la valeur sans attendre la maturité physique des machines.
Avec cette enveloppe, Phasecraft vise l’obtention d’une « avantage quantique industriel » dans les trois prochaines années, notamment dans les secteurs de la chimie des matériaux et de la gestion énergétique. Si l’objectif est atteint, la start-up pourrait devenir le chaînon manquant entre les fournisseurs de qubits et les industriels à la recherche d’applications concrètes.
Source : Phasecraft.io