La course à l’innovation dans le domaine des technologies quantiques s’intensifie, avec des acteurs majeurs cherchant à repousser les limites de ce qui est technologiquement possible. Parmi eux, Quantinuum, une entreprise spécialisée dans le développement d’ordinateurs quantiques basés sur des ions piégés, a récemment annoncé la création d’un nouveau centre de recherche dédié à la photonique. Cette décision s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer les collaborations locales et à accélérer le développement de solutions quantiques performantes.
Quantinuum, dont le siège est situé au Colorado, a révélé son intention d’établir une installation de recherche photonique au Nouveau-Mexique. Bien que l’emplacement exact n’ait pas encore été dévoilé, l’entreprise a indiqué que le site devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année. Ce projet bénéficiera de l’expertise locale des laboratoires nationaux de Sandia et de Los Alamos, ainsi que de l’Université du Nouveau-Mexique.
Selon un communiqué de l’entreprise, ce futur site soutiendra les efforts collaboratifs en cours pour faire progresser les technologies photoniques, essentielles au développement des produits de Quantinuum. La photonique, définie comme la science et la technologie de la lumière, joue un rôle central dans les systèmes quantiques à ions piégés, où la lumière est utilisée pour contrôler et manipuler les qubits.
Quantinuum : un acteur clé dans l’écosystème quantique
Fondée en 2021 à la suite de la fusion entre Cambridge Quantum Computing, spécialiste britannique des logiciels quantiques, et la division matérielle de Honeywell dédiée aux solutions quantiques, Quantinuum a levé plus de 600 millions de dollars en financement. Il y a un peu plus d’un an, l’entreprise a clôturé une levée de fonds de 300 millions de dollars, destinée à accélérer la réalisation des premiers ordinateurs quantiques universels tolérants aux fautes.
Parmi les partenaires clés de cette levée figurent JPMorgan Chase, qui dispose de sa propre équipe dédiée aux technologies quantiques, ainsi que le conglomérat industriel japonais Mitsui, la firme biotechnologique Amgen et Honeywell. Quantinuum compte également parmi ses clients des géants tels qu’Airbus, BMW Group, HSBC, Infineon et Thales, qui explorent les applications quantiques pour des défis industriels, comme la conception de batteries à hydrogène ou la sécurisation des transactions financières.
Le système H2 : une puissance quantique inégalée
Quantinuum propose actuellement le «System Model H2», présenté comme l’ordinateur quantique le plus puissant au monde. Ce système à 56 qubits utilise des lasers et des composants photoniques avancés pour ioniser, refroidir et manipuler les ions, permettant ainsi des fonctions de calcul complexes. L’entreprise prévoit de réduire la taille de ces systèmes optiques grâce à l’intégration photonique, une étape clé pour rendre la technologie plus accessible.
La manipulation des qubits via des signaux micro-ondes et des lasers offre, selon Quantinuum, des avantages distincts par rapport à d’autres architectures quantiques, notamment une fidélité accrue et des temps de cohérence plus longs. Ces caractéristiques positionnent l’entreprise comme un leader dans le domaine des systèmes quantiques à ions piégés.
Un écosystème quantique en plein essor
Le Colorado et le Nouveau-Mexique abritent également le hub technologique «Elevate Quantum», qui a reçu 41 millions de dollars de financement fédéral dans le cadre du CHIPS and Science Act de l’administration Biden. Ce consortium réunit des acteurs majeurs du secteur technologique, dont Amazon, Google, Microsoft et Nvidia, ainsi que Quantinuum. L’un des objectifs annoncés est la création de laboratoires et d’usines quantiques à accès ouvert, permettant un prototypage rapide et une production à petite échelle de technologies quantiques.
La gouverneure du Nouveau-Mexique, Michelle Lujan Grisham, a salué l’annonce de Quantinuum, déclarant : «Aucun État n’est mieux positionné pour transformer l’élan de l’industrie du calcul quantique en une croissance économique et entrepreneuriale majeure. Quantinuum sera un partenaire clé dans cette démarche.» Elle a également souligné l’importance de capitaliser sur les ressources locales, notamment les laboratoires nationaux et les universités, pour stimuler l’industrie des technologies quantiques et créer des opportunités professionnelles.
Les avancées en communications quantiques
En parallèle de ses développements matériels, Quantinuum a également progressé dans le domaine des communications quantiques. En collaboration avec HSBC et Mitsui, l’entreprise a testé avec succès des technologies de sécurité quantique pour des transactions financières. En septembre dernier, HSBC a annoncé avoir réalisé la première application de technologie quantique sécurisée pour l’achat et la vente d’or «tokenisé».
En novembre, Quantinuum a démontré la transmission de tokens quantiques sur un réseau fibré de 10 km à Tokyo, utilisant du matériel de distribution de clés quantiques (QKD) fourni par NEC. Ilyas Khan, fondateur et directeur des produits de Quantinuum, a commenté : «La motivation originelle des communications quantiques était l’échange d’argent, comme l’avait envisagé Stephen Wiesner. Aujourd’hui, nous démontrons des améliorations concrètes de la sécurité pour les systèmes financiers, ouvrant la voie à une nouvelle ère de sécurité quantique.»
Légende illustration : Les ordinateurs quantiques de Quantinuum, qui s’étendent désormais à un système de 56 qubits, s’appuient sur des lasers et des technologies optiques pour manipuler les ions piégés sur lesquels reposent les qubits. L’entreprise du Colorado a l’intention d’ouvrir au Nouveau-Mexique, dans le courant de l’année, un nouveau site de développement de technologies photoniques axées sur les quanta. Image : Quantinuum.
Article : « Future-proofing gold tokens with post-quantum security. » – Accès